Adoption de la loi organique portant statut de la magistrature    Visite de travail et d'inspection du ministre de l'Hydraulique    Le téléviseur LCD le plus avancé    Le Conseil de la concurrence a traité plus de 14 affaires depuis sa réinstallation    La Belgique se joint à la procédure de l'Afrique du Sud contre l'entité sioniste pour génocide à Ghaza    Les colons profanent la mosquée Al-Aqsa    Un ministre sioniste ordonne la construction de 126 unités de colonisation dans le nord    La Ligue des Nations africaine sera organisée chaque année    Belle entame des Verts    Supercoupe d'Algérie de basket : Les finales reportées à une date ultérieure    Neuf narcotrafiquants arrêtés et un demi-million de psychotropes saisi    Saisie de 300 g de kif, plus de 40 g de cocaïne et deux réseaux criminels neutralisés    Plusieurs routes coupées au centre du pays en raison de l'accumulation de neige    Clôture de la 22e édition    Mme Bendouda dévoile des décisions pour réformer le système de gestion    Elle est à Shenzhen, en Chine    Ouverture officielle du camp «Arts des jeunes» à Taghit    Hidaoui préside l'ouverture de la 17e édition    Programme TV du 4 novembre 2025 : Coupes et Championnats – Heures et chaînes    Programme TV du samedi 25 octobre 2025 : Ligue 1, Bundesliga, CAF et championnats étrangers – Heures et chaînes    Programme TV du 24 octobre 2025 : Ligue 2, Ligue 1, Serie A, Pro League – Heures et chaînes    Festival international du Malouf: fusion musicale syrienne et russe à la 4e soirée    Adhésion de l'Algérie à l'AIPA en tant que membre observateur unique: le Parlement arabe félicite l'APN    Industrie pharmaceutique : nécessité de redoubler d'efforts pour intégrer l'innovation et la numérisation dans les systèmes de santé nationaux    Conseil de sécurité : début de la réunion de haut niveau sur la question palestinienne et la situation au Moyen-Orient    Examen de validation de niveau pour les diplômés des écoles coraniques et des Zaouïas mercredi et jeudi    APN : la Commission de la santé à l'écoute des préoccupations des associations et parents des "Enfants de la lune"    Réunion de haut niveau du Conseil de sécurité sur la question palestinienne et la situation au Moyen-Orient    Boudjemaa reçoit le SG de la HCCH et le président de l'UIHJ    Athlétisme / Mondial 2025 : "Je suis heureux de ma médaille d'argent et mon objectif demeure l'or aux JO 2028"    Ligne minière Est : Djellaoui souligne l'importance de la coordination entre les entreprises de réalisation    Mme Bendouda appelle les conteurs à contribuer à la transmission du patrimoine oral algérien aux générations montantes    CREA : clôture de l'initiative de distribution de fournitures scolaires aux familles nécessiteuses    Poursuite du suivi et de l'évaluation des programmes d'investissement public dans le secteur de la Jeunesse    Agression sioniste contre Ghaza : le bilan s'alourdit à 65.382 martyrs et 166.985 blessés    La ministre de la Culture préside deux réunions consacrées à l'examen de l'état du cinéma algérien    Le Général d'Armée Chanegriha reçoit le Directeur du Service fédéral pour la coopération militaire et technique de la Fédération de Russie    Foot/ Coupe arabe Fifa 2025 (préparation) : Algérie- Palestine en amical les 9 et 13 octobre à Annaba    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Aït Bouhouni, Ben Aknoun et retour
Lettre de l'îlot de Boudjemaâ Karèche
Publié dans Liberté le 25 - 08 - 2005

Tôt ce vendredi matin, avec quelques amis nous prîmes la route de Kabylie pour nous rendre à Aït Bouhouni, le village de nos parents, de nos ancêtres, afin de participer à l'hommage rendu par les siens, ses descendants et ses enfants, à Arezki El Bachir, en réalité Bachène Arezki, notre héros, cruellement guillotiné en 1895 par l'administration coloniale. Durant tout le trajet, malgré des tentatives répétées pour entamer quelques discussions ou écouter le dernier CD de Fellag, nos pensées étaient ailleurs. Nous pensions à ce village vers lequel nous nous dirigions et que nos parents avaient quitté il y a plus d'un siècle, poussés vers l'exode par la dépossession de leurs terres, la misère, la faim. Il nous faut reconnaître que la laideur de Tizi Ouzou, que nous étions obligés de traverser, et la chaleur lourde qui montait de plus en plus accentuaient nos préoccupations et notre angoisse. Heureusement que la traversée de la magnifique forêt de chênes-lièges de Yakouren et surtout l'arrivée à Aït Bouhouni nous aidèrent à reprendre notre souffle et notre sérénité. L'accueil de la population de cet illustre village, mêlée à de nombreux amis et parents de Ben Aknoun (cet Aït Bouhouni numéro deux), nous libéra complètement et nous permit de rentrer de plain-pied dans une communion généreuse et confiante. Le climat était au recueillement, à la fierté, à la dignité. Au-delà de la stèle édifiée à sa mémoire, l'esprit et l'humanisme d'Arezki planaient en ces lieux austères et majestueux. Il nous faut dire que toute notre enfance fut bercée par les histoires contées par nos parents sur le courage, la bravoure, le sens de la justice et aussi la modernité d'Arezki, ce digne enfant du Djurdjura et du peuple amazigh. La lecture de quelques livres édités ou réédités ces dernières années, dont ceux d'Emile Violard et de Younès Adli, confirma et donna plus de crédit à cette héroïque légende. Nous comprenons mieux aujourd'hui la dignité et la fierté que dégagent les personnages joués par Djamila, en réalité Bachène Djohra, petite cousine d'Arezki, dans Le vent des Aurès de Mohamed Lakhdar Hamina, Les hors la loi, de Toufik Farès et Bab El Oued City, de Merzak Allouache. Dans ces trois films, elle interprète le rôle de la mère algérienne, notre mère, généreuse, affectueuse, lucide. Nous comprenons aussi l'ampleur et la force de sa voix lorsqu'elle chante, rendant avec authenticité toute la beauté de notre Djurdjura. Nous comprenons aussi pourquoi M'hena, cet autre parent d'Arezki El Bachir, tenait absolument à nous faire visiter les lieux où, en été 1962, en compagnie de son ami Djilali, tous deux 18 ans à peine, crapahutait pour résister, lutter, défendre notre unité et notre indépendance sous la conduite d'un autre de nos héros de 1954, Arib Lounès. Il nous racontait avec force détails et émotion, comment la mitrailleuse, la 24 comme il l'appelle, devenait de plus en plus lourde, au fur et à mesure de leurs déplacements, combien elle ressemblait à un bouledogue planté sur ses pattes avant, prêt à bondir, lorsqu'elle crachait son feu interminable. Nous comprenons aussi pourquoi les jeunes générations de Ben Aknoun, celles dont les arrière-grands-parents fondèrent ce village, tiennent tant à retourner à Aït Bouhouni pour rénover et restaurer leurs maisons, et pourquoi les prénoms d'Arezki et Bachir sont si fréquents dans nos familles.
Nos amis d'Aït Bouhouni nous permirent de vivre une journée mémorable. Leur sens de l'organisation et de l'hospitalité nous impressionna. Combien ils avaient raison de nous dire qu'ils ne comptaient que sur eux-mêmes, sur leur volonté et leur engagement pour organiser cette belle fête ! À plusieurs reprises, ils nous répétèrent qu'ils ne comptaient ni sur l'aide ni sur le soutien d'une quelconque autorité politique ou administrative. Nous, par contre, nous ne comprenons toujours pas pourquoi le ciné-bus qui devait nous aider à projeter le dernier film sur Si M'hand ou M'hand, cet immense autre personnage de nos montagnes, qui rendait souvent hommage dans ses poèmes à la lutte d'Arezki, ne nous a jamais rejoint. Des raisons obscures et bureaucratiques tuèrent notre projet et nous firent échouer lamentablement dans notre mission, alors que le réalisateur Yazid Khodja et la copie du film étaient présents sur les lieux. Décidément, notre cinéma, déjà moribond, ne cesse d'être enterré par les gens nommés et payés pour le servir. Notre espoir aujourd'hui est que tous nos amis d'Aït Bouhouni nous pardonnent.
Notre autre espoir est que notre ami réalisateur Djamel Bendedouche, fier et heureux de son nouveau scénario, Arezki l'Indigène, qu'il vient de boucler en collaboration avec le cinéaste poète Brahim Tsaki, arrive à mettre tout en œuvre, sur les plans artistique, matériel et financier, pour réaliser un film digne d'Arezki et d'Aït Bouhouni. Comment pourrait-il en être autrement lorsque nous l'écoutons parler avec passion et détermination de son projet ? Comment oublier cette séquence qu'il décrit avec minutie, celle d'une jeune journaliste française envoyée par son journal en 1890 à Azazga pour un banal article sur le “pittoresque kabyle”, et qui décide, avec courage et détermination, de faire un reportage sur la réalité du moment : Arezki “le bandit d'honneur”, qui tient toute la région, du Sébaou à la Soummam, avec force, intelligence et un sens aigu de la politique. Elle découvre, outre la guérilla, les alliances et le sens de l'unité, combien Arezki fait preuve de réalisme et de lucidité en obligeant tous les enfants du village, en premier lieu les siens, à fréquenter l'école française.
Nous souhaitons vivement que Djamel, qui recevra certainement aide et soutien de tous ceux qui aiment Arezki, nous donne enfin notre Salvatore Giuliano, comme l'a fait Francesco Rosi pour l'Italie. Quant à nous, nous ne ménagerons aucun effort afin de respecter notre engagement à réaliser le projet de musée-bibliothèque au sein même du village, en hommage à notre grand Arezki El Bachir.
B. K.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.