Le Liban s'est doté, mardi soir, d'un nouveau gouvernement, après 3 mois de vacance sur fond d'une grave crise économique. Le Premier ministre a promis que son cabinet ferait tout son possible pour répondre aux revendications du mouvement de contestation qui agite le pays depuis plus de 3 mois et réclame une refonte du système politique. "C'est un gouvernement qui exprime les aspirations des manifestants dans tout le pays, mobilisés depuis plus de 3 mois, qui travaillera à répondre à leurs revendications : indépendance de la justice, recouvrement des fonds détournés, lutte contre l'enrichissement illégal", a-t-il déclaré peu après l'annonce, mardi soir, de la formation de son cabinet. Ce professeur d'ingénierie et ancien ministre de l'Education, âgé de 60 ans et peu connu du grand public, a été désigné le 19 décembre, mais le Hezbollah et ses alliés politiques n'avaient jusqu'à présent pas réussi à s'entendre sur l'attribution des ministères. Le nouveau gouvernement comprend 20 ministres, dont l'économiste Ghazi Wazni, nommé aux Finances, et Nassif Hitti, ex-ambassadeur auprès de la Ligue arabe, qui occupera le ministère des Affaires étrangères. Le Courant du futur, le mouvement de Saad Hariri, n'est pas représenté dans ce gouvernement, pas plus que les Forces libanaises (chrétiennes) ni le Parti socialiste progressiste, dirigé par le Druze Walid Joumblatt. L'annonce du cabinet se heurte toutefois au rejet de la rue puisque la composante du gouvernement est largement inspirée par des partis politiques dont le puissant mouvement chiite, le Hezbollah et le parti du Courant Libre, fondé par le président de la République, Michel Aoun. Le mouvement de protestation inédit qui secoue le pays du cèdre depuis le 1er octobre n'a de cesse réclamé la formation d'un gouvernement de spécialistes et de compétence, loin des interférences de la classe politique traditionnelle, accusée de corruption et d'échec. Hier déjà, plusieurs villes du pays dont la capitale ont vibré au rythme de nouvelles manifestations exprimant le rejet du nouveau gouvernement. Depuis une semaine, des affrontements violents ont opposé les forces de l'ordre à des manifestants qui radicalisent de plus en plus leur mouvement à cause de l'inertie des autorités qui ne montrent, selon eux, aucune volonté manifeste de répondre aux revendications de la rue. Plus de 550 blessés ont été dénombrés depuis le week-end dernier, la plupart parmi les manifestants.