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No abla espagnol mais...
Les algériens au festival de Caracas
Publié dans Liberté le 25 - 08 - 2005

Avec leur bagou, leur humour, leur esprit farceur et fonceur, les Algériens auront largement séduit au Festival mondial de la jeunesse de Caracas. Et pas que les filles. Partout où ils sont passés, ils ont laissé leur empreinte. Polyglottes de cœur, leur charme naturel et leur grand “corazon” auront amplement compensé leurs carences lexicales. À les voir, on est sacrément fier d'être des leurs. DZ…
wnou Chavez ya l'khawa hab yezzewadj !” scandent Réda et sa bande. Les Algériens sont incroyables ! Impossibles ! Des ovnis extragalactiques. Des extraterrestres ! Réda, 22 ans, est incontestablement le Monsieur “Houl”, le “Monieur Ambiance” de la délégation algérienne. Ce jeune des Scouts musulmans est un véritable homme-orchestre. Il chante comme un crooner, danse comme un diable latino, joue de la guitare, se révèle un percussionniste virtuose à la derbouka, en plus de ses hautes qualités sportives et surtout humaines. Qui plus est, Réda ne manque pas de verve. Un phénomène ! Infatigable, il fait la fête sans discontinuer. Nous avons fait le voyage avec lui et 140 autres compatriotes qui ont pris part au Festival mondial de la jeunesse et des étudiants qui vient de se tenir à Caracas, la capitale vénézuélienne, du 8 au 15 août dernier. Les membres de la délégation émanaient de quelque 27 associations, selon le président du comité national préparatoire du 16e FMJE et chef de la délégation algérienne, M. Ahmed Belkacemi. Pour ne citer que quelques-unes, il y a l'Unja, l'Unea, l'Ugea, RAJ, les Scouts musulmans, l'association Al Izza Wal Karama, l'Anelj, Afak-Développement, ou encore Info-Com. En outre, il y avait cinq députés (majoritairement FLN), un P/APW (Annaba) et trois P/APC (Sidi-M'hamed, Aïn Bessam et Mostaganem). On n'omettra pas de citer la présence de M. Mahrez Lamari, doyen des festivaliers et président du Comité national de soutien au peuple sahraoui (Cnasps).
La plupart des délégations étaient hébergées à Miranda. Miranda, c'est le nom d'un général mais surtout d'un département (le Venezuela en compte 23) dont le chef-lieu est à une cinquantaine de kilomètres de Caracas. Les festivaliers seront donc parqués dans un quartier populaire encore en chantier, dont les cités – des logements sociaux non encore livrés – ne sont pas sans rappeler celles de Aïn Allah, à Dely Brahim, mais avec un décor qui ressemble plutôt à Aïn Naâdja ou Diar-El-Kef.
Dans le “ghetto” de Miranda
Nous arrivons à Miranda au bout de quatre heures de route depuis l'aéroport. Oui. Quatre heures de trajet pour 50 ou 60 km ! C'est la faute aux embouteillages. Les deux premiers jours, tout le monde râlait, toutes délégations confondues. Les participants s'attendaient à se voir loger au bord de l'Atlantique ou des Caraïbes et voilà qu'ils se voient largués dans un véritable ghetto érigé en plein terrain accidenté qui se transforme en cloaque dès qu'il pleut, avec des herbes sauvages tout autour, des égouts éventrés, des moustiques vampiriques… Le comble : au bout de plus de vingt heures de galère, les festivaliers se retrouvent dans des piaules sans eau. Et pour couronner le tout, le site est sous l'étroite surveillance de militaires armés et harnachés tels des va-t-en-guerre, avec gilets pare-balles et tout le toutim. Donc, les premiers jours, personne ne comprend rien. Certains vont jusqu'à parler de “camp de concentration”, surtout à l'idée qu'ils ne peuvent franchir la grille du site sans une escorte de la Seguridad, au prétexte que la ville n'est pas sûre. L'éternelle excuse…
Ce qui renforce encore davantage ce sentiment, c'est l'alimentation. À intervalles réguliers, comme des prisonniers, des camions militaires arrivent avec le ravitaillement. La situation frise le burlesque. Et des chaînes de se former pour prendre sa barquette de sandwich improbable. Et gare au hallouf !
Non, les premiers jours, c'était un peu n'importe quoi. Pour prendre une douche, oublie ! Il faut aller à chaque fois déranger les voisins ukrainiens ou colombiens, mieux lotis que nous. Passé le service militaire ou, si vous préférez, les aventures de Kohl-Lanta, la vie dans le ghetto vire dans un deuxième temps à la colonie de vacances pour adultes avant de prendre carrément, et presque sans transition, des allures de Loft Story grâce aux “échanges culturels” que nos compatriotes ne tarderont pas à tisser avec tout ce qui bouge.
L'officiel et l'underground
Certains ne savaient même pas pourquoi ils étaient là et ce n'est pas leur faute. Cela renvoie de plein fouet au problème de la représentativité dans ce genre d'événements, au travail de base au niveau des associations, bref, à la relance du mouvement associatif, ce qui en fait un problème fondamental de démocratie. Les jeunes des autres délégations affichent un esprit nettement plus militant. Ils sont plus marqués idéologiquement, plus engagés. Comprendre surtout ceux des mouvements underground occidentaux (Italie, Espagne, Suède, USA, Allemagne, Grande-Bretagne). Jouissant d'un meilleur encadrement au sein de leurs associations respectives, ils étaient, à n'en pas douter, mieux structurés politiquement, y a pas photo. Une carence qui se voit déjà au défilé carnavalesque de la parade inaugurale. Une méga-fiesta qui se déroulera à la place Los Proceres, à Fuerte Tiuna, siège de l'Académie militaire de Caracas. Les nôtres seront accoutrés en costard-cravate, avec une chemise brodée de l'emblème national, et une étiquette au col sur laquelle on peut lire : “Hugo Bossis”, une manière de revendiquer la contrefaçon comme un sport national.
Les jeunes des délégations occidentales paradaient dans des tenues plus cool, plus jeunes, plus h'bal, avec des numéros amusants, des formes chorégraphiques, des banderoles mordantes, un design étudié, des trouvailles de tous poils, et surtout, en affichant une franche agressivité révolutionnaire conformément à l'esprit du festival. La délégation palestinienne arrive avec un drapeau géant. La délégation française avec des maillots bleus frappés de l'emblématique numéro 10 à la Zizou et cette mention : “Anti-impérialiste”. Les Américains, eux, s'écrient : “US out now from Iraq, Afghanistan, Djibouti, Guantanamo…” Dans le lot, une Américaine en foulard. Certains portent des t-shirts sur lesquels on peut voir un Bush barré d'une moustache à la Hitler.
Paradoxalement, alors qu'on est en plein fief des mouvements de gauche, ce sont les jeunes des pays communistes, à l'instar de la Corée du Nord, qui se montrent les plus coincés, les moins enthousiastes. Délégations institutionnelles, VS délégations indépendantes, Créativité VS Folklore.
C'est toute la différence entre pays ancrés dans la démocratie et pays croupissant sous la dictature. La Syrie, par exemple, ou la Libye n'ont que les portraits de leurs leaders archaïques comme manifeste. Sous-encadrement politique donc. Les coachs côté algérien ont pourtant tenté de préparer leurs troupes en organisant des conférences sur deux jours à l'Institut de technologie du sport de Aïn Benian où tous les participants étaient regroupés les 2 et 3 août.
En fin de compte, et pour ne pas se disperser, les responsables de la délégation algérienne ont fait du soutien à la cause sahraouie le mot d'ordre principal en direction des jeunes qui devaient être du voyage.
Et comme convenu, les Sahraouis seront soutenus avec force par la délégation algérienne tout au long de ce festival. Ils seront les Guest Stars des houleux débats qui secoueront les arcanes de Caracas.
Alger-Rabat-Layoun : le trio impossible !
La journée du mercredi 10 août était particulièrement mouvementée. Le matin, il y avait une conférence sur le droit des peuples à l'autodétermination et les délégations algérienne et marocaine en étaient venues aux mains. L'après-midi, le même scénario se répète lors d'un workshop animé par Hadj Ahmed, un responsable politique sahraoui établi au Venezuela. Le débat devait dégénérer inéluctablement en échauffourée générale, et les agents de sécurité avaient fort à faire ce jour-là pour départager les deux parties. En fait, dès le début, le chef de la délégation algérienne, M. Belkacemi, exhortait les participants à “ne pas répondre aux provocations des Marocains”. Consigne qu'observeront globalement les Algériens dans un esprit de discipline. Jusqu'au moment où un intervenant marocain, un ancien prisonnier du Front Polisario, évoque dans un témoignage les services algériens. “Ils veulent faire croire que le problème sahraoui n'existe pas et que le Polisario est une création des moukhabarate algériennes” s'indigne Mokhtar Bourouina, maire de Sidi-M'Hamed qui répond aux accusations de Ahmed Boucetta du parti l'Istiqlal. Hystérique, une Marocaine du même parti se chamaille en aparté avec des Algériens au fond de la salle : “Si les Sahraouis vous font tant de peine, pourquoi n'accordez-vous pas un territoire au peuple Touareg ?!” lance-t-elle avec aplomb. Une Algérienne lui rétorque : “N'touma amorkoum ma hazitou esslah !” Les Sahraouis finssent par expulser tous les Marocains de la salle aux cris de “Sahra Libertad !”. Le lendemain, rebelote, cette fois à l'occasion d'un atelier animé par la délégation marocaine sur les détenus du Makhzen à Tindouf. Le thème est ressenti une fois de plus comme de la provocation caractérisée de la part de l'Algérie.
Mais on ne laisse pas entrer les Algériens. Les seuls qui réussiront à se faufiler dans la salle, en l'occurrence M. Mahrez Lamari, le député Saâd (FLN) et notre consœur de l'APS, seront sévèrement malmenés. Faïza, notre consoeur, sort avec des égratignures au bras gauche et le président du Cnasps avec des lunettes cassées. Mais la cause sahraouie sort grandie de cette épreuve avec la signature d'un accord de jumelage entre Caracas et Layoun, et une mention spéciale à la déclaration finale. Bon point pour la délégation algérienne !
Des jeunes en or
Ils sont sous-politisés, ils sont anarchiques, ils sont chapardeurs, certains n'hésitant pas à commettre des larcins, voire de vraies razzias dans les supermarchés et les magasins de free-shop comme à l'aéroport Amilcar Cabral du Cap-Vert, mais ils sont adorables et remportent un franc succès partout. Nos jeunes étaient, à n'en pas douter, l'une des plus grosses attractions du festival. Où qu'ils passent, ils ne laissent pas indifférent. Très vite, ils tiennent en main le site de Miranda.
Ils ont du pep, du liant, de l'entregent, du charisme. Ils sont très forts au t'balît, et même s'ils ne parlent pas la langue de Cervantès, ils arrivent à draguer les plus belles filles. Scènes hilarantes que celles où vous verriez l'un d'eux en train de baratiner en arabe algérois une vénézuélienne ou une cubaine qui lui parle en espagnol. Polyglottes dans l'âme, ils arrivent toujours à se faire comprendre. Prestidigitateurs, leurs mains parlent toutes les langues et disent mieux que les meilleures gloses et les plus belles proses.
Les Algériens se découvrent latinos de cœur. Tels des chats alertes, ils retombent toujours sur leurs pattes. Parfaits caméléons, ils sont solubles dans n'importe quel milieu. Ils seraient même capables de parlementer avec les Martiens et de les rouler (comme ce jeune qui a fait ses emplettes avec des billets algériens en les faisant passer pour de l'euro !). En tout cas, avec ou sans panache, même si la manière en prenait parfois un coup, ils auront convaincu. Ils auront conquis le “corazon” de cette Amérique latine qui nous ressemble tant, les Réda, Islam, l'ex-harraga aux yeux de lynx, le DJ Sofiane, Billal alias Billy Rasta, Nesrine, la Miss Algérie 2005 qui ne prend guère sa beauté au sérieux et toutes les autres miss du voyage, pleines de charmes et de vitalité, Yahia Le Magnifique, Boudjemaâ le rebelle “enrajé”, Rezki alias Zizou, le m'tiqer de l'UNJA, Ameur, l'Italiano étudiant en économie, Khaled, le beau gosse de Batna, étudiant en droit, sans oublier bien sûr l'inénarrable Ahmed Harzallah l'enfant de Messaâd (Djelfa), un jeune de 52 ans fantasque et généreux qui passe son temps à écrire des poèmes aux grands de ce monde, de Mandela au chef de daïra de Bir-Ghebalou, et qui voulait à tout prix offrir un cadre et un burnous au “Comandante” Chavez. Ce sont tous de sacrés mômes qui enflammeront Caracas par leur joie de vivre, leur soif de liberté et leur incroyable sens de l'altérité, eux qui ont été coupés de tout, au point d'oublier qu'ils sont méditerranéens, poètes dans l'âme, voyageurs dans le sang.
Comme quoi, il suffit que l'Algérien goutte à un tout petit peu de liberté et il devient citoyen du monde, l'homme le plus cosmopolite sur Terre, le plus ouvert, le plus tolérant. Ces jeunes voulaient juste un lopin de “sosta” et ils ont montré que quand ils l'avaient, leur cœur devenait plus grand qu'un aéroport.
Il faut les voir négocier le change. Il faut les voir charrier les militaires vénézuéliens. Il faut les voir s'exploser le corps en dansant la salsa. Il ne fait aucun doute que le gène de ces jeunes est magnifique. Il suffit juste un peu de ces fleurs tropicales pour faire d'eux des éclats de rire plutôt que des bâtons de dynamite !
M. B.


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