Intervenant lors d'une conférence sur la création et le développement de start-up organisée, hier, en marge du Salon national du recrutement et de la formation, qui se tient au Palais des expositions, Pins-Maritimes (Safex), à Alger, Abdelhak Lamiri, PH. D. en sciences de gestion, a plaidé pour la création d'une industrie de savoir. "Si on veut développer des start-up, il nous faut des centaines d'entreprises spécialisées en création de sociétés", a estimé le professeur Lamiri. Ce dernier souligne que "ce ne sont pas les structures ou les institutions qui vont par elles-mêmes, de par leur existence, changer les choses". Ces structures ou ces institutions doivent "être dotées d'un management top niveau", a indiqué M. Lamiri. "Nous avons un retard de plus de 50 ans sur le plan managérial. Ce n'est pas avec ce retard que nous allons créer un système de start-up efficace", a-t-il ajouté, insistant sur la nécessité "de moderniser le management". Des ressources humaines qualifiées, la modernisation managériale des entreprises et de toutes les institutions nationales, des entrepreneurs de qualité sont autant de prérequis pour l'émergence soutient le président du groupe Insim. La puissance d'une économie réside non pas dans le nombre de ses infrastructures, mais dans la qualité de son système éducatif et universitaire, la recherche scientifique et l'entrepreneuriat ship. "L'un des grands problèmes que nous avons en Algérie se situe dans la création d'entreprises", relève M. Lamiri. Les pays émergents, comme la Malaisie, enregistrent un taux de création d'entreprise 4 à 5 fois supérieur à celui de l'Algérie. Il explique qu'en Algérie, on crée environ 70 à 80 entreprises pour 100 000 habitants par an. Les pays émergents créent 350 à 400 entreprises pour 100 000 habitants par an. "Pour le moment, tous les repères que nous avons montrent que l'Algérie ne sera pas un pays émergent dans les 20 prochaines années", constate le spécialiste en management. "Si nous stabilisons l'économie pour ne pas connaître de récession, c'est déjà bien", affirme-t-il, évoquant l'urgence "de restructurer institutionnellement le système de création d'entreprise". Le professeur Lamiri soutient que l'Etat n'est pas organisé pour réussir, suggérant la création d'une "institution cerveau" qui inclut les meilleurs experts dans tous les domaines. Cette "institution cerveau", qui communique avec toutes les institutions du pays, aura à réfléchir sur le plan stratégique. "Jusqu'à aujourd'hui, nous n'avons pas de stratégie", regrette l'économiste. "La stratégie politique a été une stratégie de perpétuation du pouvoir et non de développement", a regretté M. Lamiri. "Tant que la logique de perpétuation de pouvoir l'emportera sur la logique de développement, nous n'avancerons pas", a-t-il relevé. M. Lamiri reste, toutefois, convaincu que le challenge de l'émergence économique est à la portée de l'Algérie, pour peu que la volonté politique de rupture avec les choix et politiques du passé soit fortement affirmée. L'économiste évoque la nécessité de réorganiser l'Etat et l'investissement dans les facteurs-clés de succès.