L'opposant togolais Agbéyomé Kodjo, candidat à la présidentielle de samedi au Togo face au président sortant Faure Gnassingbé en lice pour un 4e mandat, a dénoncé un scrutin "entaché d'irrégularités". "Vu les dénonciations de fraudes qui ont émaillé ce scrutin, il est impossible au candidat sortant – le président Faure Gnassingbé – d'être élu au 1er tour", a déclaré M. Kodjo à la presse dans la nuit de samedi à hier. "J'ai la conviction que dans la semaine à venir, je dirigerai ce pays", a-t-il ajouté, dénonçant un scrutin "émaillé de nombreuses irrégularités". Candidat du Mouvement patriotique pour le développement et la démocratie (MPDD), M. Kodjo, ancien Premier ministre devenu opposant, a créé la surprise en arrivant largement en tête dans de nombreux bureaux de vote de Lomé, dans les quartiers traditionnellement acquis à l'opposition, selon des résultats partiels. Il a affirmé avoir une large avance dans les régions Maritime (Sud) et Plateaux (centre-sud), être au coude à coude avec le parti au pouvoir Union pour la République (Unir) dans le Centre et avoir réalisé de très bons scores dans les Savanes (Nord). Considéré comme un outsider, Agbéyomé Kodjo a fait une bonne campagne et a enregistré de nombreux soutiens, dont celui l'ancien archevêque de Lomé, Mgr Kpodzro. Tous deux ont vu leur domicile encerclé par les forces de l'ordre pendant plusieurs heures après la fermeture des bureaux de vote, le gouvernement assurant agir "pour leur propre sécurité". La société civile a relevé quelques bourrages d'urnes et noté que certains représentants de l'opposition n'avaient pas eu accès à plusieurs bureaux de vote. Internet a en outre été coupé sporadiquement dans le pays, mais le scrutin s'est déroulé dans le calme. Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui avait lui-même dirigé le Togo pendant 38 ans.