Dans les différents cortèges, la détermination à perpétuer le mouvement se lisait sur tous les visages et des appels à marcher les samedis étaient scandés. Le hirak ne s'essouffle pas. La mobilisation d'hier, à Alger, à l'occasion du 54e vendredi du mouvement du 22 février, confirme que la protestation est loin de connaître une quelconque lassitude. Pour ce premier vendredi du hirak, saison 2, et après une année de protestation dans les rues, les Algérois étaient nombreux à arpenter les principaux boulevards de la capitale, déterminés à maintenir la pression, alors que le dispositif policier était plutôt allégé, faut-il le constater. Les cortèges de manifestants ont commencé dès midi à arpenter la rue Didouche-Mourad, avant même que la prière hebdomadaire ne se termine. D'autres ont tenu à se rassembler autour de la mosquée Errahma, dans l'attente du début de la grande marche qui, habituellement, coïncide avec la fin de la prière du vendredi. Peu après 13h30, la rue Didouche-Mourad était déjà envahie par des manifestants, alors que les deux autres vagues habituelles, venant de Belcourt et de Bab El-Oued, avançaient vers la Grande-Poste, place emblématique du hirak. Vers 15h, les trois déferlantes se rencontrent à la Grande-Poste, donnant naissance à une véritable marée humaine qui s'est mise aussitôt à arpenter la rue Didouche-Mourad vers le Sacré Cœur, où un important dispositif policier était déployé pour empêcher la foule d'avancer. Même si elles étaient moins présentes qu'à l'accoutumée, les forces de l'ordre étaient fortement mobilisées dans les ruelles menant vers El-Mouradia. La colère des manifestants visait le gouvernement et, plus particulièrement la justice : l'annonce d'un cas de coronavirus en Algérie n'a pas dissuadé les manifestants, dont certains scandaient "Corona wella n'touma" (Mieux vaut le coronavirus que vous). Le maintien en prison de certains manifestants et de figures du hirak a été également dénoncé par la foule, tout comme le "déni" du régime qui, plutôt que de satisfaire les revendications du peuple, tente la normalisation et la fuite en avant. Dans les différents cortèges, la détermination à perpétuer le mouvement se lisait sur les visages et des appels à marcher les samedis étaient scandés par les manifestants. Ce 54e vendredi de mobilisation intervient alors que le régime ne fait montre d'aucune volonté de rompre avec les précédentes mœurs politiques, tant il est vrai que les accès à la capitale restent fermés les vendredis et que les restrictions aux libertés sont toujours de mise. Un face-à-face tendu a caractérisé la fin de la marche, sur les hauteurs du Sacré-Cœur, où, samedi dernier, des échauffourées avaient éclaté, mais la tension est retombée et les manifestants se sont dispersés dans le calme, vers 17h. En tout cas, pour ce premier vendredi de l'an II du hirak, la mobilisation était encore très forte, à Alger, où des milliers de manifestants ont défilé dans les principales artères de la capitale.