Le procureur de la République près le tribunal correctionnel de Cité Djamel a requis, hier matin, une amende de 100 000 DA contre Hamani Benyahia, 40 ans, accusé d'outrage et violence à fonctionnaires et institutions de l'Etat à travers des posts sur les réseaux sociaux qualifiant les dépassements policiers de hogra. "J'ai partagé ces images (représentant des policiers en train de violenter des manifestants lors d'une marche en novembre 2019, ndlr), mais ce ne sont pas les miennes", a tenté de se défendre l'accusé. "Vous connaissez les conditions de travail des policiers ? Ils travaillent sans arrêt (…) Vous avez humilié des policiers auxquels vous devrez vous adresser si vous avez des problèmes (…) Il y a des limites à la liberté (…)", s'est emporté le président d'audience. Après que le parquet eut requis l'amende contre l'accusé, deux avocats du Collectif de la défense du hirak ont rappelé que certains représentants de l'ordre se sont rendus coupables de graves dépassements sur les citoyens innocents, dont des femmes et des enfants, lors des marches du hirak et que l'attitude de leur client a été une réaction légitime que l'on ne peut lui reprocher. "Quand vous assistez à certaines scènes de violence gratuite où des personnes sont gazées et agressées, vous ne pouvez pas rester sans réaction", a affirmé un avocat, en soulignant, par ailleurs, que le dossier des poursuites n'a pas d'assise juridique, aucune plainte n'ayant été portée par l'institution prétendument offensée. "Il faut qu'il y ait plainte. Ce qui n'est pas le cas", a terminé l'avocat, en demandant que justice soit rendue à Hamani Benyahia, simple hirakiste révulsé par les atteintes aux libertés. Le verdict a été mis en délibéré pour la semaine prochaine.