En notre qualité de professionnels de la santé, nous tenons à faire part, aux pouvoirs publics et à l'opinion nationale, de notre vive inquiétude concernant l'état de santé de l'homme politique Karim Tabbou incarcéré à la prison de Koléa depuis le 12 septembre 2019. Engagé, le 24 mars dernier, dans un procès en appel, pour le moins controversé aux plans juridique et procédural, le détenu a fait, si l'on s'en tient aux déclarations du parquet et des avocats de la défense, un fort pic de tension qui lui aurait déformé le visage et paralysé des muscles de ses membres. Les observateurs les plus sérieux de la scène judiciaire attribuent l'origine de cet accident aux conditions inéquitables du jugement. Parmi celles-ci sont cités notamment la programmation surprise de ce procès alors même que son jugement de première instance n'était même pas rédigé, ni motivé; le refus de lui reporter l'audience malgré sa demande expresse; la non-convocation des avocats de la défense et le refus du procureur général de les recevoir et son jugement, en son absence, après qu'il se soit effondré en pleine salle d'audience et qu'il ait été évacué vers l'infirmerie. À l'évidence, c'est bien le choc émotionnel des conditions suscitées qui a provoqué cet accident vasculaire, complication aiguë la plus redoutée de l'hypertension artérielle. Nous avons appris ensuite, avec encore plus d'inquiétude, que ce malade, fortement atteint, est suivi dans une simple infirmerie de maison d'arrêt quoiqu'on lui ait consenti des examens spécialisés à l'hôpital Mustapha. À ce propos, nous attirons vivement l'attention des pouvoirs publics sur la gravité, au plan médical, de la situation actuelle de M. Karim Tabbou. Nonobstant toute autre considération, nous informons solennellement que ce type de patient nécessite impérativement un suivi en milieu hospitalier spécialisé. Le ballet de déplacements nécessaires entre l'infirmerie du pénitencier et l'hôpital est un danger pour sa vie. Enfin, au regard de la crise sanitaire majeure que vit le monde actuellement, les professionnels de la santé ont le devoir d'attirer l'attention sur les risques particuliers de propagation de l'épidémie en milieu carcéral. L'organisation des Nations unies vient d'ailleurs d'adresser aux états la proposition de libérer des détenus, mineurs et prisonniers d'opinion notamment. Nul besoin de souligner que nous adhérons entièrement à cette suggestion. Nous exhortons donc les pouvoirs publics à mettre en œuvre en urgence cette recommandation. Fidèle à notre serment professionnel, nous tenons à clamer, en direction des pouvoirs publics et de l'opinion publique, qu'il s'agit là d'un vrai cas de nécessité de porter assistance à personne en danger. l Fadila Boumendjel Chitour l Manssour Brouri l Aziz Tadjedjine l Kamel Bouzid l Messaad Krim l Rachida Boukari l Rchida Guermaz l Nourreddine Zidouni l Mahmoud Benali l Rachid Benali l Loukmane Benbouab l Slimane Chitour l Rachid Menana l Mohamed Khelif l Said Klellil l Samia Taghit l Nassima Metahri l Dalila Benmessaoud l Laadja Illoul l Nacera Benhamed l Nora Attek. l Kafia Khiari l Yamina Nazef l Nadia Amedjout Ouarek l Aicha Abed l Rekia Nacer l Rachid Hanifi l Mina Berkat l Farid Kacha l Salah Belmeki l Lakhdar Grien l Madjid Bessasah