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"C'est le début de la fin de Haftar"
Tarek Megerisi, analyste politique libyen
Publié dans Liberté le 17 - 05 - 2020

Tarek Megerisi, spécialiste de la Libye et de la région Mena, basé à Londres, analyse les derniers développements à Tripoli et apporte des éclairages sur les rapports de force en place et leur évolution récente et future.
Liberté : Comment expliquez-vous les récents développements en Libye, après le discours de Khalifa Haftar annonçant la fin de l'accord onusien de Skhirat ?
Tarek Megerisi : La situation s'est compliquée davantage. Les divisions déjà latentes en Libye s'exacerbent et se creusent dangereusement. En s'autoproclamant seul leader de la Libye, à la faveur d'un supposé appel du peuple, Khalifa Haftar s'inspire clairement d'Abdel Fattah al-Sissi, en Egypte, lors de sa prise de pouvoir en 2014. Il en a été encouragé dans ce sens.
Son acte s'apparente, cela dit, à une tentative d'occulter son échec à consolider sa base dans l'ouest du pays. Il est plus juste d'ailleurs de parler d'un double échec. Je m'explique : non seulement le peuple libyen ne l'a pas mandaté de quoi que ce soit ; mais en plus, par son attitude, il n'a fait qu'entraîner une désapprobation élargie à plusieurs tribus influentes.
Dans l'Ouest notamment. Il en est de même dans l'est — pourtant traditionnellement fief de Haftar — où un certain nombre de tribus se tournent désormais vers le président du Parlement de Tobrouk, Aguila Salah, voyant en ce dernier leur nouveau représentant. Dans le sud du pays, la population semble, quant à elle, revenir dans le giron du Gouvernement d'union nationale (GNA) basé à Tripoli.
C'est dire les divisions en place, mais aussi à quel point elles ont été exacerbées par les déclarations de Haftar, en s'autoproclamant seul "leader incontestable" de la Libye. Cette situation complexe mènera inévitablement à des affrontements de plus en plus violents entre les différents belligérants. Ils pousseront dans un premier temps l'armée nationale de Haftar (ANL) à se replier en dehors de la ville stratégique de Tarhouna, dans l'Ouest.
En réponse, il est fort à parier que Haftar lance des attaques sur la ville d'Abu Qurayn, dans l'Est, pour tenter de consolider ses forces armées qui font déjà face à une grosse pression. Dans tout ce désordre, les soutiens étrangers de Haftar —pour tenter de limiter les dégâts, tout en aggravant les divisions — ont déjà lancé une vaste campagne de propagande contre le GNA, reconnu par la communauté internationale, en le diabolisant et le présentant islamiste.
En parlant de "double échec", prédisez-vous la chute de Haftar ?
C'est le du début de la fin de Haftar. L'intervention de la Turquie a mis en échec le plan Haftar de s'emparer de la capitale Tripoli. La coalition fragile qu'il a mise en place est en train de tomber comme un château de cartes.Cela ne veut pas dire que la guerre est terminée.
Ni que les problèmes de la Libye se régleront dans un court terme. Le général de l'Est garde toujours la main sur le pétrole libyen. En même temps, l'approvisionnement en armes et mercenaires, dont il continue de bénéficier à travers ses soutiens étrangers, fait que Haftar maintient une certaine capacité de nuisance.
Il est assez puissant encore pour lancer par exemple une attaque sur Misrata à travers la ville d'Abu Qurayn. En ce moment, c'est justement sa capacité de nuisance, entre autres raisons, qui empêche la généralisation du soulèvement contre lui. Ce soulèvement aura lieu, mais pas avant que la situation n'atteigne malheureusement un autre degré de pourrissement.
Pensez-vous que l'engagement militaire turc en Libye a complètement changé les rapports de force en place ?
Absolument ! En nombre, les forces qui combattaient le maréchal Haftar gagnaient, certes, en supériorité au sol, mais sans pouvoir pour autant résister à aux forces aériennes de l'Armée de l'Est (ANL) régulièrement approvisionnée par les bailleurs étrangers. Avant, le GNA et les forces alliées contre Haftar se contentaient d'une stratégie défensive.
Avec l'intervention de la Turquie, elles sont passées à une stratégie offensive. Il est difficile aujourd'hui de parier, au vu des changements des rapports de force, sur une réactivité effective de l'ANL. Haftar, mais surtout ses soutiens sont obligés de chercher, désormais, une autre stratégie pour la prise de pouvoir, la voie militaire étant bloquée par Ankara.
D'après vous, le processus politique en panne pourra-t-il être relancé à la faveur de tous ces changements ?
Je ne crois pas à une relance du processus politique actuellement. Le dernier appel du président du Parlement de Tobrouk, Aguileh Salah, est déjà mort-né, enterré par Khalifa Haftar. Un processus de négociations entre les différentes forces de l'est du pays est déjà lancé pour trouver une nouvelle plateforme consensuelle dans l'objectif de se partager le pouvoir.
Laquelle "pseudo" plateforme se transformera, d'ailleurs, très vite en un terrain de confrontation interne, un de plus. Plus globalement, les rapports de force actuels en Libye : entre le Parlement de Tobrouk, présidé par Aghileh Salah, le maréchal Haftar, à la tête de l'ANL et, enfin, le Gouvernement d'union nationale, en plus d'autres institutions, issues de l'accord de Skhirat au Maroc, se soucient plus de la prise de pouvoir que de mettre en œuvre une vraie transition politique.
Les différents belligérants peuvent toujours continuer à se parler à l'extérieur, dans les capitales étrangères, mais sans parvenir à un véritable accord qui mette fin à la guerre. Seules des discussions et des négociations élargies à toutes les parties du peuple libyen peuvent permettre de sortir du bourbier actuel. La Conférence nationale de l'ONU aurait pu atteindre cet objectif avant d'avoir été mise en échec.
La chute de Haftar, comme vous le soutenez, affectera-t-elle selon-vous l'influence de ses soutiens étrangers ?
Pas du tout ! Certains pays, à l'exemple des Emirats arabes unis, semblent doubler l'envoi d'armes et de mercenaires dans l'est de la Libye. Cela servira très probablement à lancer des attaques sur Abu Qurayn. Les EAU ont joué un rôle prépondérant dans l'annonce de Haftar. C'est leur stratégie de maintenir Haftar assez fort en vue de peser dans toutes les négociations à venir quelle que soit l'entité politique sous laquelle il se présente.
Ces deux dernières semaines, la Russie a envoyé plusieurs avions de combattants syriens en Libye. Les soutiens étrangers de Haftar explorent en même temps d'autres voies pour ne pas perdre leur influence. Aguila Salah apparaît depuis ces deux dernières semaines comme potentiellement une carte à jouer pour les EAU, l'Egypte et la Russie. Dans l'absolu, que Haftar tombe ou pas, ces pays continueront en définitive de tenter de maintenir leur influence en Libye.

Entretien réalisé par : Karim BENAMAR


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