Les atermoiements des instances du football dans cette affaire et la pression populaire ont fini par amener le MJS à recourir directement à la justice. Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Sid Ali Khaldi, joint vite le geste à la parole. Après avoir déclaré que le MJS fera tout pour faire la lumière sur l'affaire de l'enregistrement téléphonique, Khaldi a déposé mardi une plainte contre X auprès du procureur de la République à Alger. Le MJS s'est également constitué partie civile dans cette affaire. C'est la première fois depuis l'indépendance du pays qu'un première responsable du MJS a recours à la justice dans une affaire de corruption dans le milieu de football. Tous les ministres qui l'ont précédé pour des raisons politiques évidentes ont préféré laisser les instances du football, à savoir la FAF et la LFP, prendre en charge ce genre d'accusations et pratiques pourtant légion dans le football algérien depuis de longues années. Cependant, les deux instances en question n'ont jamais pu ou voulu aller au fond des choses, se limitant sciemment à des sanctions symboliques ou pis encore à des arrangements mesquins. L'exemple de l'affaire de l'enregistrement entre Mellal et Arama, l'été dernier, est, à ce titre, éloquent. Les deux présidents de club avaient été suspendus par la LFP pour deux ans avant que le bureau fédéral n'intervienne pour les gracier comme si de rien n'était. C'est justement ce genre d'arrangements en coulisses que Sid Ali Khaldi veut contrecarrer via une action en justice en règle qui dévoilera certainement tous les coupables dans cette histoire de marchandage de matches dans le championnat algérien. Le MJS met du coup la FAF et la LFP devant le fait établi . De là à dire que le MJS ne fait plus confiance aux investigations de la FAF et de la LFP, il n'y qu'un pas à franchir. La FAF et la LFP vont-elles attendre le verdict de la justice ? "Dans la nouvelle république que nous voulons mettre en place, il n'y a point de place pour la corruption", a-t-il martelé. Le MJS ne pouvait également pas rester indifférent face au tollé général suscité par ce scandale. Lassés par ce genre de pratiques malsaines qui portent un grand préjudice au football, fraîchement auréolé du titre de champion d'Afrique, les Algériens ont été unanimes, via les réseaux sociaux, à réclamer l'ouverture d'une enquête judiciaire, mettant surtout en exergue l'incapacité des instances du football à transcender les affinités clubardes. Reste maintenant la réaction de la FAF et de la LFP à la décision du MJS. Vont-elles continuer à traiter les dossiers au niveau de la commission discipline et de l'éthique ou vont-elles attendre le verdict de la justice pour prendre les sanctions qui s'imposent sur le plan sportif ? Convoqué pour audition à la commission de discipline aujourd'hui, après s'être absenté à la séance de lundi, le principal accusé dans cette affaire, le directeur général de l'ESS, Fahd Halfaïa, a saisi de nouveau la LFP pour reporter son audition jusqu'à la fin de l'action en justice. Il est vrai que la guerre des prérogatives à ce sujet que se livrent la FAF et la LFP (voir notre édition d'hier) , il serait préférable de laisser la plainte en justice suivre son cours normal avant de reprendre le dossier dans son volet purement sportif.