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“Nous ne sommes ni des voleurs ni des tueurs !”
Le général Mohamed Lamari dans une interview au magazine français Le Point
Publié dans Liberté le 18 - 01 - 2003

Nous reproduisons, ci-dessous, l'intégralité de l'interview accordée par le général Mohamed Lamari au magazine Le Point :
Le Point : De nouveaux attentats attribués au GIA (Groupe islamiste armé) et au GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) ont fait 56 morts, le 4 janvier, dont 43 militaires. À ce jour, vous, leur chef, n'avez eu aucune réaction publique. Pourquoi ?
Mohamed Lamari : Parce que la seule réaction qui convient, c'est l'action. Dès que ces assassinats sont survenus, nous avons poursuivi ceux qui les ont commis. Les premiers assaillants ont été tués, d'autres ont été arrêtés.
Ces précisions sont un peu courtes...
Pourquoi en donnerais-je d'autres ? Pour satisfaire ces petits cercles d'opposants bien connus ? Non... Je n'entrerai pas dans des luttes partisanes visant l'institution militaire ou ses généraux, ceux qui ont sauvé le régime républicain. Lorsque cette lutte a commencé, nous avions 27 000 terroristes en armes. Il en reste un millier. Notre stratégie a consisté à sécuriser les localités en détruisant les terroristes ou en les repoussant vers les montagnes. Nous ne disons pas que nous avons gagné, mais nous avons brisé leur colonne vertébrale. Nous n'avons jamais dit qu'il n'y aurait plus d'assassinats. Il y en a eu, il y en a, il y en aura. Cette guerre a fait 52 000 morts...
Vos opposants évoquent une rupture de fait entre le président Bouteflika et l'armée que vous représentez. Est-ce exact ?
Les spéculations sur une prétendue rupture entre le président de la République et l'ANP sont fréquentes. On le dit aujourd'hui avec le président Bouteflika comme on le disait hier avec le président Zeroual. Un nouvel article dans Le Canard enchaîné a repris cette thèse, qui demeure fausse. Je vous le dis très nettement : il n'existe pas d'antagonisme entre le président Bouteflika et l'armée, institution de la République au fonctionnement régi par la Constitution. Dans ce cadre, nous faisons notre travail. Nous mettre en opposition avec le président, ça ne prend pas !
Cette proximité que vous affichez avec le président vous conduira-t-elle à le soutenir lors de la prochaine élection présidentielle, en 2004 ?
Ce n'est pas à l'ANP de faire les présidents. L'année prochaine, l'institution militaire reconnaîtra le président élu, même s'il est issu du courant islamiste. En 1992, nous étions face à un choix très simple : soit assister à l'instauration d'un régime théocratique totalitaire à l'image de celui qui s'est installé en Afghanistan quelques années plus tard, soit sauver les institutions républicaines, ce que nous avons fait.
Lorsque le général Liamine Zeroual a été élu, on a vu en lui l'officier, avant le Président. Lorsqu'il a décidé que sa mission était terminée, il a passé le relais à un homme politique élu, M. Bouteflika. Depuis, nous sommes revenus à notre mission constitutionnelle, ni plus ni moins.
Nombreux sont pourtant ceux qui prétendent que ce sont les généraux — et vous êtes le premier d'entre eux — qui dirigent l'Algérie — et en tirent les ficelles…
J'oppose un démenti formel. Ce sont les terroristes du FIS qui ont, les premiers, parlé de “cabinet noir”. C'était de bonne guerre. Mais aujourd'hui, ces accusations sont inacceptables. Je défie quelque Chef de gouvernement, quelque ministre que ce soit d'affirmer publiquement qu'il aurait été sommé de faire telle ou telle chose.
L'armée obéit aux élus du peuple ! Notre mission antiterroriste, dans le cadre de l'état d'urgence, se déroule sous la responsabilité du ministre de l'Intérieur.
On dit aussi que vous auriez manipulé certaines entités terroristes et seriez ainsi responsables de la mort de milliers d'Algériens. Que dites-vous de ces accusations ?
Vous évoquez là la fameuse question “Qui tue qui ?” Il s'agit d'attaques insupportables, visant à toucher notre honneur d'officiers en prétendant que nous aurions massacré nos propres concitoyens pour accroître les tensions.
On atteint le délire quand on dit qu'on m'aurait vu, avec mon adjoint, égorger des femmes et des enfants ! On prétend même engager des poursuites contre moi devant une juridiction internationale. Je m'en contrefous, l'essentiel étant que mon pays soit sauvé.
Et advienne que pourra… Revenons sur ce qui s'est réellement passé. Au début des années 90, une frange de notre population a marché quand on lui a proposé d'instaurer un régime théocratique. Mais, grâce à nous, elle a finalement compris qu'il ne s'agissait que d'un moyen de conquête du pouvoir et a cessé de soutenir les terroristes.
Quand on nous accuse d'avoir manipulé le GIA, je réponds que nous n'aurions pu le faire que pour conduire ses membres à se massacrer entre eux. Je vous rappelle que tous les chefs du GIA ont été abattus, sauf un. Comme les autres membres de ce groupe lorsqu'ils sont arrêtés, celui-ci a été jugé et se trouve en prison.
Un ancien cadre du DRS, Abdelkader Tigha, a affirmé dans Libération que les sept moines français de Tibehirine ont été tués dans le cadre d'une manipulation du pouvoir algérien. Qu'en dites-vous ?
Cela ne tient pas debout ! À quelle fin aurions-nous pu conduire les moines à la mort !
Pour obtenir un meilleur soutien de la France dans la lutte contre le terrorisme.
Bien au contraire, nous avions mis toutes nos forces sur cette affaire et étions sur le point de libérer les moines quand leurs ravisseurs, acculés, les ont exécutés. Vos diplomates alors en poste à Alger savent parfaitement comment les choses se sont passées. Quant à l'homme qui nous accuse, il n'est pas le premier. Déjà, le livre, La sale guerre, l'évoquait.
Ce qui n'est pas un gage de véracité... Je souligne que celui que vous présentez comme un “cadre” est un sergent-chef déserteur, condamné à deux reprises et sur le coup d'une troisième affaire, plus sérieuse, de vol de véhicule militaire, pour laquelle il risquait gros. Il est parti...
Approuvez-vous la torture ?
J'y suis opposé. Notre génération en a souffert. J'ai personnellement vécu la Bataille d'Alger et n'ai en aucun cas voulu que nous employions de telles méthodes. Je ne dis pas que la torture n'a pas été pratiquée, mais, chaque fois que cela s'est produit, nous avons ouvert une enquête... Pourquoi torturer quand, au bout de trente minutes d'interrogatoire, tous les terroristes se mettent à pleurer en disant : “J'ai été trompé” ?
Quelles sont vos relations avec les services de renseignements français ?
Avec la DST et la DGSE, nous partageons une même analyse sur les menaces terroristes. Ce n'est pas de ce côté que nous avons un problème. Mais bien avec nos amis politiques, les dirigeants français. Ils nous soumettent à un embargo de fait sur tous les moyens de lutte antiterroriste. Nous n'avons même pas pu acquérir en France quelques milliers de cartouches de chasse pour nos gardes communaux ! Mais la lutte antiterroriste, ce n'est pas que les moyens de nos services. Seuls, nous ne réglerons pas le problème.
Or, la mobilisation internationale ne vient pas. Pis, lorsque nous avons voulu faire une loi antiterroriste vingt fois moins contraignante que celle mise en œuvre aux Etats-Unis, nous avons eu le monde entier contre nous.
Avez-vous, avec d'autres généraux, accaparé les richesses de l'Algérie, notamment en prélevant des commissions occultes ?
Qu'on m'apporte seulement un semblant de preuves ! Nous ne sommes ni des voleurs, ni des tueurs ! Si des généraux en retraite ont du succès dans leurs affaires, c'est leur problème. Pour ce qui me concerne, je gagne à peine l'équivalent de 1 500 euros par mois, et cela me suffit...
L'opposition politique accuse les généraux d'accaparer 90 % de la rente pétrolière. Mais, dans ce cas, comment mon pays aurait-il accumulé 24 milliards de dollars de réserves en quelques années ? Si on veut enquêter sur nos biens, notre Cour des comptes est là pour ça, tout est contrôlable, et nous avons à répondre de chacun de nos actes.
Mais le problème est ailleurs, dans la marche de l'Algérie vers une organisation économique et sociale productrice de richesses, dans la transparence.
Que pensez-vous de la guerre en préparation contre l'Irak ?
Même si le régime de Saddam était haïssable, détruire l'Irak, quel que soit le résultat des inspections de l'ONU, serait injuste. C'est fabriquer les terroristes de l'avenir, en Irak comme en Palestine.
Accepteriez-vous que Saddam Hussein s'exile en Algérie ?
Si le président de la République le décide, on s'y résoudra.
J. G.


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