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"Kamel-eddine était sincère, franc et courageux"
Mme Zahira Fekhar, veuve du défunt militant
Publié dans Liberté le 30 - 05 - 2020

Un an après le décès du Dr Kamel-Eddine Fekhar, sa veuve mène toujours son combat pour faire la lumière sur ce qu'elle qualifie de crime "programmé" et "exécuté" avec "précision". Dans cet entretien, elle revient sur les derniers jours de son défunt mari à la prison de Ghardaïa. Elle dénonce le silence qui entoure depuis le décès du Dr Fekhar. La veuve exige des autorités judiciaires l'ouverture d'une vraie enquête sur la mort de son mari. A rappeler que Dr Fekhar a rendu l'âme le 28 mai 2019 à l'hôpital de Blida où il avait été transféré quelques jours auparavant. Il a été enterré à Alger, au carré mozabite du cimetière d'El Allia, le 1er juin, en présence d'une foule nombreuse.
Liberté : Un an après le décès de votre mari, le Dr Fekhar, la vérité sur sa mort n'est toujours pas connue. Qu'en est-il de l'enquête promise par le ministère de la Justice.
Mme Zahira Fekhar : Jusqu'à présent, le ministère de la Justice n'a mené aucune enquête à ma connaissance. Et je pense que toute enquête concernant la mort du Dr Fekhar devrait être lancée en entendant d'abord et avant tout sa famille. Mais dans notre cas, non seulement nous n'avons pas été contactés pour nous entendre, en plus, la justice algérienne a refusé de recevoir notre plainte que nous avons déposée chez le juge d'instruction contre cinq fonctionnaires que nous considérons comme les responsables directs de sa mort. Et le pire est que lorsque le Dr Fekhar a été incarcéré sur ordre du juge d'instruction, ce juge n'avait même pas vu son dossier judiciaire, mais l'a incarcéré à la seule demande du procureur.
Dans vos différentes sorties publiques, vous avez accusé des responsables au niveau de Ghardaïa, d'avoir programmé la mort du Dr Fekhar. Sur quels arguments repose cette accusation ?
D'abord, il y a les déclarations du défunt lui-même, avant sa mort, et tout le monde a écouté les déclarations de son avocat, Me Salah Dabouz quand il avait déclaré que le défunt lui avait dit qu'ils avaient programmé sa mort et qu'ils sont en train de l'exécuter. Puis, il y a les déclarations de son compagnon de cellule, M. Hadj Brahim Aouf, qui est un témoin oculaire de tous les abus subis par le défunt, qui est également victime des mêmes abus, et au final, il y a un rapport d'autopsie qui a longtemps été retenu, et nous n'avons pu l'obtenir que difficilement, en raison de l'objection de l'ancien procureur général de la cour de Ghardaïa. Selon ce que le procureur de la République du tribunal de Ghardaïa m'avait dit personnellement, l'autopsie contient la preuve que le défunt n'est pas mort à cause de la grève de la faim, mais à cause d'un mauvais traitement notamment sur le plan médical.
Ajouter à cela, tous les discours de l'anciens wali de Ghardaïa qui n'arrêtait pas d'attaquer et sans interruption Dr Fekhar dans ses discours et de l'accuser de séparatisme, de la même manière que le journal et la chaîne TV Ennahar qui ont essayé de préparer l'opinion publique pour son arrestation et le présenter comme responsable des incidents violents qui se sont produits dans la région du M'zab. Alors que son travail de militant était de dénoncer les crimes commis par des personnes encagoulées. Et parfois assistées par des forces de sécurité, présentant les preuves avec les vidéos publiées que tout le monde avait vues.
Vous avez aussi évoqué les conditions difficiles de son incarcération, qu'en était-il au juste ?
Effectivement. A la prison, comme à l'hôpital, Dr Fekhar, comme Hadj-Brahim Aouf, avaient subi un traitement difficile. Ils étaient enfermés dans une cellule d'environ 2 mètres carrés, avec trois autres personnes, ils dormaient par terre, avec une seule couverture, une cellule avec des insectes et de la saleté insupportable. Quand je lui ai rendu visite, il m'a parlé de ces conditions, qui sont inhumaines, et il m'a demandé d'exhorter son avocat et ses collègues d'agir pour informer l'opinion publique de ce à quoi il était exposé. Puis après avoir souffert de fièvre et de frémissements, il a été négligé dans un premier temps par le médecin de la prison qui ne l'a évacué à l'hôpital qu'après l'avoir menacé de poursuites judiciaires.
Ensuite lui et Hadj Brahim Aouf ont dû être transférés à l'hôpital deux heures plus tard, et enfin, à l'hôpital, il n'a reçu aucun diagnostic ni aucun traitement approprié pour sa maladie. Il me disait à chaque fois que les médecins ne le traitaient pas de manière appropriée et certains d'entre eux ont même refusé de l'écouter. Il m'avait dit aussi qu'ils lui faisaient faire des analyses et des radios, et qu'ils lui disaient qu'il ne souffrait de rien, alors que son état s'aggravait. Quand il leur demandait d'effectuer d'autres analyses parce qu'il est médecin, ils lui répondaient qu'ils ne peuvent pas répondre à toutes ses demandes et qu'il exagère. Tout cela prouve que la mort du Dr Fekhar a été programmée et exécutée de manière très précise.
Le Dr Fekhar était un militant déterminé, en quoi son militantisme gênait-il au point de commanditer et de programmer sa mort ?
Kamel-Eddine Fekhar était sincère, franc et courageux. Il affrontait les décideurs avec leurs erreurs, et c'est peut-être la principale raison qui a poussé ses adversaires à se multiplier, et qui fait qu'ils essaient également de le faire taire ou même de le liquider.
Une semaine avant son décès, vous aviez alerté l'opinion sur son état de santé qui s'est dégradé. Qui l'avait empêché de bénéficier des soins ?
Le personnel médical qui était censé le soigner n'a pas fait son devoir. Kamel-Eddine Fekhar m'a dit lors de mes visites, que les médecins ne l'écoutaient pas, qu'ils refusaient ses demandes d'analyses. Il m'a également dit que l'un des médecins avait commandé un type de radio pour le cœur, mais que ceux qui s'occupaient de la radiologie lui ont effectué une autre radio que celle qui était prescrite, qui était inutile, et quand il en a parlé aux médecins, ils lui ont dit, "Allah Ghaleb". En tout état de cause, tous ces comportements auraient pu être révélés par le pouvoir judiciaire de sorte à situer les responsabilités de chacun dans sa mort.
Le témoignage de Hadj-Brahim Aouf, son codétenu, conforte votre accusation. Pensez-vous qu'un jour la lumière sera faite sur cette mort ?
Je suis sûre que la vérité sera connue et la lumière sera faite sur la mort de Fekhar. Car, je sais qu'il a été arrêté alors qu'il était en très bonne santé physique et mentale, à cause de ses opinions qui sont, par ailleurs, les mêmes que celles exprimées par la plupart des Algériens aujourd'hui. Mais, il y a ceux qui ont décidé de le tuer pour l'empêcher d'exprimer ses opinions, car il était très écouté et cela les dérangeait.
Donc ce qui est certain, c'est que les services de sécurité, le pouvoir judiciaire et les autorités pénitentiaires et hospitalières de Ghardaïa ont pris Kamel-Eddine Fekhar en très bonne santé, et nous l'ont remis dans un cercueil. Et tant qu'il y a un témoin oculaire, et tant qu'il y a des hommes et des femmes qui cherchent à connaître la vérité, elle sera certainement connue un jour. Car beaucoup de choses sont documentées, et il ne reste qu'à examiner ces documents pour situer les responsabilités.
Le pays vit un mouvement de contestation inédit depuis plus d'un an. Quelle lecture en faites-vous ?
Le hirak qui s'est déclenché dans le pays il y a plus d'un an, montre que le temps du changement est bel et bien arrivé. Je pense que le changement arrivera inévitablement. J'espère juste que les choses se passeront sans violence, parce que dans la région du M'zab, nous avons beaucoup souffert de la violence, des abus et de l'injustice. À la fin, je voudrais remercier toutes celles et tous ceux qui nous ont soutenus, mes enfants et moi. C'est grâce à leur solidarité que nous trouvons le courage pour avancer.



Entretien réalisé par : Mohamed Mouloudj


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