Véritable caméléon, Medjahed passe de la pop au rock ou encore au raï. Preuve en est, son premier album "Sili ya mtar", qui se veut "une passerelle entre différents genres et époques". Dans le cadre de son programme artistique en cette période de confinement, l'Aarc (Agence algérienne pour le rayonnement culturel) a organisé un live du jeune artiste Ayoub Medjahed. Salama, titre composé par le chanteur, est repris d'une voix mélodieuse et apaisante de l'auteur-compositeur et interprète, accompagné de sa seule guitare qui apporte des accents folk à ce morceau se voulant un hommage à "Nelson Mandela", à la "paix" et "au peuple du continent noir". Un titre enjoué, qui est en fait un cri d'amour de l'artiste pour "cette terre qui voit ses enfants tomber et leur sang couler". Véritable caméléon, Medjahed passe de la pop au rock ou encore au raï. Preuve en est, son premier album Sili ya mtar, qui se veut "une passerelle entre différents genres et époques". Cet éclectisme se traduit par un autre hommage à Ahmed Driche Tidjani, alias Ahmed Wahbi. Medjahed, très influencé par les "cheikhs" de la musique algérienne, son "el asri" et le raï roots de Sidi Bel-Abbès, région natale de son père, feu Mohamed Medjahed (Momo), prend plaisir avec toujours cette voix paisible et apaisée, qui exprime à la fois mélancolie, nostalgie et fierté. Hkat lyam, titre de son premier opus dont le clip a été tourné avec une autre artiste, Yousra Boudah, raconte le parcours amoureux tumultueux de deux jeunes gens, campés par les deux artistes sous la direction du même Yazid Aït Hamadouche, mentor de la nouvelle scène musicale algérienne, orpheline depuis sa disparition en août 2018. Ce moment de partage, en live, depuis la salle de séjour du compositeur, a drainé également de nombreuses "vues" sur la page de l'organisateur du concert virtuel. L'échange entre Medjahed et les internautes n'a pas tari, et, même s'il se faisait via des écrans interposés, les fans et ceux qui découvraient pour la première fois l'artiste ont profité pleinement de ce retour et ces instants particuliers. Très attaché au patrimoine musical, il en fera sa matière principale pour l'écriture de la chanson Zahri, un hommage à son père, le journaliste et critique gastronomique disparu en 2012. Ayoub s'illustre par ailleurs par un minutieux travail sur sa maîtrise vocale et son écriture, qui emprunte à plusieurs genres comme nous l'avons évoqué plus haut. Et c'est ainsi que la "touche" Medjahed prend forme ; une musique moderne mais rattachée à une longue histoire musicale, qui n'a pas fini d'inspirer les jeunes artistes de sa trempe. À noter que l'Aarc a également organisé un autre concert de l'interprète de musique andalouse Lila Borsali, dimanche dernier. Yasmine Azzouz