Algérie Poste peine à satisfaire la forte demande de retraits de liquidités, tant au niveau de ses guichets que via ses distributeurs automatiques. Algérie Poste, avec ses 23 millions de comptes, a de grosses difficultés à satisfaire la demande de retraits en espèces. Un grand nombre de distributeurs d'Algérie Poste ne sont plus approvisionnés et la situation ne diffère pas non plus à l'intérieur des bureaux, notamment au moment des virements de salaires et retraites. Aussi, Algérie Poste a décidé de prendre le taureau par les cornes et de "suspendre exceptionnellement" les retraits en espèces pour les personnes morales, titulaires de comptes courants postaux (CCP), et ce, "pour faciliter aux citoyens les retraits en espèces de leurs salaires, allocations et pensions de retraite", comme indiqué lundi dernier par Algérie Poste via un communiqué. Une décision qui a surpris plus d'un, notamment dans le milieu des affaires, déjà très éprouvé par la crise sanitaire pour cause de coronavirus qui dure depuis des mois. Cela aura pour impact un étouffement dans la trésorerie des entreprises en grande partie auprès des privées qui ont adopté ce mode de paiement que ce soit pour leurs salariés ou pour leurs fournisseurs. Donc ce qui est voulu comme "remède" pour les uns peut s'avérer être "préjudiciable" pour les entreprises qui ne sont pas préparées aux nouveaux modes de paiement "recommandés" par Algérie Poste. Celle-ci a précisé dans son communiqué que "cette mesure, décidée sur instruction du président de la République" prévoit que "les personnes morales peuvent bénéficier des moyens de paiement scripturaux disponibles, moyennant l'utilisation de chèques certifiés, de virements de compte à compte ou de la présentation d'un chèque postal à l'encaissement via le système de télécompensation avec la place bancaire". Cela pourrait même être vu comme un mal nécessaire puisque l'idée du gouvernement serait d'encourager la réduction du recours au cash. "Cette période exceptionnelle constitue une réelle opportunité pour promouvoir davantage l'utilisation de la monnaie scripturale et des moyens de paiement électroniques par l'ensemble des citoyens, afin de rationaliser les retraits en espèces", indique, par ailleurs, le même communiqué. Dans ce cas de figure, certains économistes évoquent une volonté de l'Etat de lutter contre l'informel en réduisant l'accès au cash. C'est justement ce que soutient l'expert financier, Omar Berkouk. "Le but de cette raréfaction du cash voulu par le gouvernement est le début d'une lutte contre l'informel", selon lui. Il ajoute cependant : "Il apparaît clair que l'Etat a du mal à faire face aux besoins de l'économie, qu'il s'agisse de particuliers, de consommateurs ou d'entreprises. Lorsque le ministre dit que le niveau de liquidités est acceptable, il faut se poser la question de savoir pour qui ?" Surtout dans un pays où l'usage du chèque n'est pas courant.