Le procès par contumace sur l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat d'Arabie Saoudite à Istanbul s'est ouvert vendredi en Turquie, avec le témoignage accablant d'un des employés turcs de cette représentation diplomatique, a rapporté l'agence de presse Reuters. Zaki Damir, un technicien local, a affirmé que les auteurs de cet ignoble crime, le 3 octobre 2018, lui ont demandé d'allumer le four dans la résidence du consul, décrivant une atmosphère glauque au siège du consulat, quelques minutes seulement après l'arrivée de l'ancien chroniqueur du Washington Post pour récupérer des papiers qu'il avait demandés pour le renouvellement de son passeport. "Il y avait cinq ou six personnes... Ils m'ont demandé d'allumer le four", a-t-il expliqué, précisant qu'"il y avait une atmosphère de panique", a rapporté Reuters. "Si ce processus réussit... ce que ce procès renforcera... c'est la possibilité d'une compétence universelle", a déclaré Agnès Callamard, le rapporteur de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires à la veille du procès auquel elle assiste. "La justice dans ces affaires complexes ne se fait pas du jour au lendemain... mais un bon processus ici peut rassembler (des preuves), ce qui peut arriver dans cinq ou dix ans... lorsque les conditions seront réunies", a ajouté Callamard. Khadija Junakir, la fiancée de Khashoggi, qui l'attendait devant le bâtiment du consulat pendant qu'il était tué, a déclaré qu'elle continuerait de rechercher la justice, "non seulement en Turquie mais partout où cela est possible", lit-on encore sur le site de Reuters. La justice turque a intenté ce procès contre 20 Saoudiens, accusés d'avoir commandité et exécuté ce meurtre, sur ordre du prince héritier Mohamed Ben Salmane, ce que nie totalement ce dernier, endossant toute la responsabilité à ses proches conseillers et responsables des services de renseignements du Royaume. Selon MBS et le palais royal, les auteurs du crime ont agi en solo, mais les rapports d'enquête des services de renseignements turcs et de la CIA (Etats-Unis) ont tous les deux conclu à la responsabilité directe de MBS. Agnès Callamard a demandé aux autorités saoudiennes de collaborer à son enquête en la laissant interroger les mis en cause, mais elle a butté sur un refus catégorique du Royaume, qui a jugé à huis clos les agents impliqués dans cette affaire.