De nombreux mercenaires étrangers continuent d'être envoyés vers le croissant pétrolier libyen dans l'objectif d'empêcher la National Oil Corporation de s'acquitter de ses fonctions de base. La compagnie pétrolière libyenne NOC a prévenu hier contre la militarisation des champs pétroliers libyens par des milices étrangères et des mercenaires employés par la société russe Wagner, roulant pour le général à la retraite Khalifa Haftar. Dans un communiqué publié sur son site, la NOC s'est dit "profondément préoccupée par la présence de mercenaires russes et étrangers dans les champs du croissant pétrolier libyen", dont l'arrêt de production depuis janvier — en plus de causer des pertes considérables s'élevant à plus de "6 milliards de dollars" — semble faire l'affaire des puissances étrangères qui profitent de l'absence de l'or noir libyen sur les marchés mondiaux, a affirmé, dimanche soir, le PDG de la compagnie libyenne de pétrole, Mustafa Sanallah. "Le pétrole libyen appartient au peuple libyen, et je rejette catégoriquement toute tentative de tout pays étranger d'empêcher la reprise de la production pétrolière", a-t-il rappelé, soulignant qu'"il convient également de noter que de nombreux pays bénéficient de l'absence du pétrole libyen sur les marchés mondiaux". Et d'ajouter : "Bien que ces pays aient regretté que la Libye n'ait pas pu reprendre ses opérations de production de pétrole, ils soutiennent, en secret, les forces responsables des fermetures des sites de production." "De nombreux mercenaires étrangers continuent d'être envoyés vers le croissant pétrolier libyen dans l'objectif d'empêcher la National Oil Corporation de s'acquitter de ses fonctions de base. Le peuple libyen souffre non seulement en raison de la perte de revenus pétroliers, mais également des énormes pertes dues aux dommages catastrophiques causés aux infrastructures du secteur pétrolier en raison de l'incapacité des employés de notre compagnie à effectuer des opérations de maintenance", lit-on encore dans son communiqué. Estimée à 1,25 million b/j en moyenne, la production pétrolière libyenne connaît depuis le conflit opposant le GNA, soutenu par l'ONU, aux forces de Khalifa Haftar une baisse drastique, affectant ainsi gravement les populations. Ces derniers mois, la chute de l'or noir a atteint un niveau historique, avec un pic de 80% le mois de février 2019, suite au blocage des champs pétroliers par l'armée de Khalifa Haftar, à la veille du sommet de Berlin sur la Libye, en janvier dernier. Une chute qui fera perdre à la Libye plus de 55 millions de dollars par jour, selon la compagnie nationale. Avec l'entrée en jeu des milices et autres mercenaires étrangers, rien n'indique aujourd'hui que la production retrouve son niveau habituel. Bien au contraire ! La semaine dernière, la représentante spéciale, par intérim, du Secrétaire général des Nations unies en Libye, Stéphanie Williams, a d'ailleurs exprimé sa "profonde inquiétude" sur la présence de "nombreux mercenaires de plusieurs nationalités" sur des champs pétroliers, en Libye, avec des conséquences graves sur les ménages libyens. Pour elle, la présence de ces mercenaires étrangers dans les installations stratégiques de l'économie libyenne fait "peser de sérieuses menaces sur le poumon économique du pays, qui risque de se transformer en une zone de conflit avec des conséquences dramatiques sur la vie des Libyens". Karim Benamar