La crise sanitaire a durement affecté le tissu entrepreneurial national. Les dirigeants et les chefs d'entreprise se retrouvent impuissants face aux incidences de la pandémie de Covid-19 sur leurs outils de production. Cette situation exceptionnelle a mis en péril l'activité de plusieurs entreprises entraînant une baisse significative de leurs chiffres d'affaires, voire des pertes colossales dans presque tous les secteurs. "La situation actuelle est très complexe pour des entreprises comme la mienne, qui ont presque perdu leur clientèle du jour au lendemain. C'est une calamité pour toute l'économie nationale", explique, à Liberté, Mustapha Saïm, chef d'une petite entreprise activant dans la fabrication de couettes et de couvertures. Comme dans le cas de cette dernière, un grand nombre d'entreprises de la région de Bordj Bou-Arréridj ont soit cessé, soit réduit au minimum leur activité suite à la crise sanitaire. Selon nos informations, plusieurs entreprises ont suspendu leurs activités de manière temporaire ou permanente. Egalement représentant du patronat local, Mustapha Saïm lance un véritable appel de détresse aux autorités locales et nationales. "Il faut enclencher rapidement des mécanismes de soutien et d'accompagnement en faveur des entreprises, afin de ne pas laisser disparaître le tissu industriel", a déclaré notre interlocuteur. Il en veut pour preuve que depuis l'apparition de la Covid-19, et en raison des difficultés de trésorerie que rencontrent la plupart des entreprises locales, "la situation économique est devenue très délicate (...) Nous avons beaucoup de mal à couvrir nos dépenses. Toutes les mesures que le gouvernement a mises en place sont encore insuffisantes pour répondre à la demande croissante des entreprises, qui ont beaucoup de difficultés à cause de l'arrêt soudain de leurs activités". Et de déplorer : "Nous sommes dans une situation très difficile depuis plus de cinq mois et nous ne voyons toujours pas le bout du tunnel, alors qu'en plus de la perte de nos clients et de l'arrêt de la production, les banques nous demandent de payer les intérêts sur les crédits !" Abondant dans le même sens, un autre industriel de la région précise : "Nous espérons des mesures d'allègement pour permettre aux entreprises de souffler et aux banques de les accompagner en cette période difficile, afin de leur éviter au moins la faillite." Selon un responsable au sein d'un établissement bancaire local, pendant ces mois où l'Algérie fait face à la pandémie, les entreprises ne sont pourtant pas tenues au remboursement de leurs créances, c'est-à-dire qu'elles ne paieront que les intérêts, tandis que les paiements sur le capital sont reportés. Or, pour les chefs d'entreprise de la région, le paiement de ces intérêts est déjà une contrainte qui met les producteurs quasiment sur les genoux et rend très difficile la relance de leur outil de production. Chabane BOUARISSA