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"La deuxième vague de l'épidémie suit sans répit la première"
Pr Salah Lellou, pneumologue
Publié dans Liberté le 02 - 08 - 2020

Le Pr Salah Lellou, chef de service de pneumologie à l'Etablissement hospitalio-universitaire d'Oran et président de la Société oranaise des maladies respiratoires, explique, dans cet entretien, les facteurs à l'origine de la résurgence du virus en cette période de rebond épidémique exceptionnel. Le pneumologue n'exclut d'ailleurs pas que cette tendance haussière soit l'entrée brutale dans la deuxième vague de la pandémie.
Liberté : La situation épidémiologique actuelle est inquiétante et fait craindre le pire. Quels sont les facteurs déclencheurs de cette montée exponentielle de la pandémie ces dernières semaines ?
Pr Salah Lellou : Effectivement, nous assistons à une montée exponentielle de la pandémie. Cette hausse des chiffres de l'épidémie pourrait être le résultat de la conjugaison de plusieurs facteurs dont j'en retiendrai principalement trois. Premièrement, nous assistons malheureusement et bien sûr au non-respect par certaines personnes des gestes barrières de prévention contre le coronavirus. Il suffit alors qu'un seul soit défaillant dans le processus mis en place pour que la chaîne de propagation se consolide et s'accélère. Le deuxième facteur est concrètement lié au relâchement et à la baisse de vigilance des citoyens qui pensent que la situation est wdéfinitivement maîtrisée.
Le troisième élément à citer est incontestablement les regroupements familiaux à l'occasion des fêtes et autres événements. Ces familles ont repris les habitudes d'avant l'irruption du coronavirus. Il ne faut pas perdre de vue d'ailleurs que le taux d'attaque viral est beaucoup plus élevé en milieu familial.

Ces nouveaux pics de contamination sont-ils, en partie, le corollaire direct d'un processus de déconfinement mal encadré ?
En partie oui, c'est vrai. L'on avait bien remarqué un ralentissement de la propagation du virus Sars-CoV-2 pendant tout le confinement bien que non respecté à 100%. Mais avec l'amorce du processus de déconfinement, les citoyens pensaient à tort que l'épidémie était vaincue. Ils ont crié victoire avant l'heure. Peut-être fallait-il mieux encadrer ce déconfinement, tout en allant au confinement ciblé avec l'aide des épidémiologistes.
Pouvons-nous parler, à présent, de résurgence d'une deuxième vague, alors que la première n'a pas encore connu de répit ?
Vous savez, dans l'histoire des pandémies, nous retrouvons et nous aurons, généralement, à affronter trois vagues. La première vague débute généralement du mois de décembre jusqu'au mois de juin. Quant à la deuxième, elle débutera normalement à partir du mois d'août jusqu'à la fin de l'année. La troisième vague, en revanche, interviendra dans la période allant du mois de février jusqu'au mois de mai.
Mais ce n'est pas une règle. Cependant, si nous prenons l'exemple de la grippe espagnole qui s'est étalée sur toute une année 1918-1919, elle a presque fait 100 millions de morts. La deuxième vague, en définitive, a été la plus meurtrière et la troisième la moins funeste. Cette épidémie a, au final, disparu aussi brusquement qu'elle s'était déclarée. Tout près de chez nous, il y a eu deux pandémies dues au virus corona en 2003 où on avait alors eu le Sars-CoV avec 8 000 cas déclarés faisant 774 décès, et en 2012, avec le Mers-CoV qui avait fait 341 cas déclarés et 107 décès. Pour ce qui concerne notre épidémie qui sévit encore chez nous, il n'est pas impossible que la deuxième vague se dilue dans la première. Et nous avons, peut-être, eu un répit épidémique que nous n'avons pas très bien ressenti avant le rebond.
Quels sont les signes épidémiologiques précurseurs d'une deuxième vague ?
À ce titre, nous dirons que durant la première vague, nous n'avons pas vraiment enregistré un pic suivi d'un répit qui a duré dans le temps.
Les situations épidémiologiques communiquées montrent bien que les chiffres des contaminations évoluaient en dents de scie. Mais il faut retenir que cette forte tendance haussière des contaminations pourrait être l'entrée brutale en pleine deuxième vague.
Pouvons-nous dire que le coronavirus qui circule ces derniers jours est plus virulent que celui qui s'est propagé durant les trois premiers mois ?
En effet, nous constatons actuellement l'accroissement de patients jeunes infectés au Covid-19. Ces jeunes contaminés développent des symptômes sévères, en atteignant même le stade de détresse respiratoire. Cet état de fait suppose que nous avons à faire à un virus peut être plus virulent, mais il reste à le confirmer scientifiquement.
Peut-on parler de modification de la carte génétique du Sars-Cov-2 ou alors d'un coronavirus d'un autre genre ?
En fait, rien ne permet de parvenir à cette conclusion. Néanmoins, nous pouvons le supposer quand nous voyons maintenant des patients sans comorbidités se présentant avec des symptômes bien plus graves qu'avant cette période. Les jeunes sont d'ailleurs de plus en plus touchés. Quand nous voyons parfois des patients avec des lésions minimes au scanner thoracique présentant des formes graves par rapport aux patients avec des lésions bien plus étendues, nous pouvons nous poser beaucoup de questions.
Au début de la pandémie, nous avions dans le service de pneumologie de l'établissement hospitalier d'Oran des patients sévèrement touchés par l'épidémie. Chez ces derniers, nous avions retrouvé le virus H1N1. Cela s'explique peut-être par le fait que le virus Sars-CoV-2 s'est recombiné avec ce virus saisonnier. C'est ce qui fait sa virulence actuelle, mais des recherches restent encore à faire dans ce sens.
Les dégâts du coronavirus ne sont pas circonscrits uniquement aux poumons. Quels sont les autres organes nobles qu'il peut affecter ?
Les patients atteints de cette maladie peuvent souffrir non seulement d'une inflammation des poumons, mais aussi d'une inflammation systémique qui survient lors de "l'orage" immunitaire cytokinique. Les cytokines sont des agents essentiels du système immunitaire qui détruisent l'intrus. Il faut savoir aussi que les décès dus au Covid-19 surviennent à la suite de problèmes cardiovasculaires ou à une défaillance multi-organes tels le cerveau, les reins et les intestins.
Dernièrement, nous avons reçu un patient infecté au coronavirus dans mon service qui a succombé à un infarctus mésentérique dû au Covid-19, une sorte d'accident vasculaire au niveau du tube digestif. En fait, l'infarctus mésentérique au niveau de l'intestin est ce que l'accident vasculaire cérébral est au cerveau et la crise cardiaque au cœur. Ce jeune contaminé avait un intestin complétement nécrosé.
Le défi à relever à présent est de parvenir à stopper l'élan épidémique avant les mois de septembre et octobre ?
Je suis entièrement d'accord avec vous qu'il s'agit bien d'un grand défi à relever, et ce, en attendant d'avoir sur le marché un vaccin qui pourrait être efficace à cent pour cent contre ce coronavirus. Ce n'est pas encore le cas. Et ce n'est pas évident, au vu de la possible mutation du virus actuellement. Par conséquent, il nous reste qu'une seule alternative : la prévention. Cette prévention passe par les gestes barrières qu'il faudra faire appliquer scrupuleusement quitte à utiliser les moyens forts.
L'on souhaite, par conséquent, que les consignes de lutte contre la propagation du virus aient été scrupuleusement respectées par les citoyens pendant cette fête de l'Aïd el-Adha. En ce moment et au vu de l'expérience acquise dans ce domaine, nous pouvons espérer des jours meilleurs.

Entretien réalisé par : Hanafi H.


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