L'alimentation en eau potable dans la wilaya de Biskra connaît des perturbations depuis plusieurs jours. Ce besoin vital est devenu une denrée rare quasiment dans tous les quartiers de la ville, suscitant ainsi la grogne des habitants, sortis dans la rue, à maintes reprises, manifester leur ras-le-bol contre leurs élus, dans plusieurs régions, dont le chef-lieu de wilaya. En effet, à peine quelques jours après la protestation des citoyens de Guedila, une petite localité située à une quarantaine de kilomètres au nord de Biskra, et où est implantée la fameuse unité de production d'eau minérale, dont la notoriété dépasse les frontières du pays, les habitants du quartier populaire dit M'salla, qui peinent à disposer d'eau, ont, dans une action de protestation, exprimé leur colère. Pour attirer l'attention de leurs responsables sur le calvaire qu'ils endurent, de nombreux jeunes habitant ce quartier ont procédé dans l'après-midi d'avant-hier jeudi à la fermeture de l'artère Hakim-Saâdane avec des pneus enflammés. "On en a assez de cette situation invivable qui perdure toujours ; on souffre depuis plusieurs jours. Les robinets sont à sec et nos responsables et élus locaux se reposent sur leurs lauriers. Cela se passe en pleine chaleur infernale", nous déclare un jeune de ce quartier. De son côté, l'Algérienne des eaux (ADE) a déjà tenu à préciser que "la perturbation en matière d'alimentation en eau potable que connaissent les quartiers El-Menchi, Remaïech, Rekika, Guedacha, Lebechech, Bab Elfateh, Bab Edarb, Haret El-Melh, El-Bahbeh, les 140-Logements, Bordj Etork, Trig Essouedra et ses périphéries, ainsi que d'autres, est notamment liée à l'intervention des services techniques au niveau du réseau de distribution, ainsi qu'à une panne survenue au niveau de la source d'approvisionnement". Face à cette situation, de nombreux foyers préfèrent s'approvisionner auprès des vendeurs propriétaires des camions-citernes qui sillonnent quotidiennement les quartiers de la ville, proposant, selon la qualité et le goût, entre 1,50 et 2 DA le litre d'eau. Encore faut-il souligner que, même disponible, l'eau demeure boudée par la majorité des Biskris qui s'en plaignent à la longue. D'après plusieurs citoyens avec qui nous avons abordé le sujet, l'usage de l'eau du robinet est limité uniquement aux besoins domestiques. "On ne s'en sert que pour se laver. On ne peut pas boire de l'eau salée, d'autant plus qu'elle est pleine de calcaire. Pour boire, nous sommes dans l'obligation de recourir à l'eau minérale. Quant à celle du robinet, elle est juste réservée à la vaisselle et à la lessive", relate un habitant du quartier 400-Logements. Et d'ajouter : "De nombreux citoyens parcourent le plus souvent une quarantaine de kilomètres pour ramener de l'eau de sources naturelles." Notre interlocuteur s'interroge en conclusion : "Comment est-ce possible que la wilaya de Biskra connaisse une pénurie d'eau domestique alors qu'elle dispose de deux barrages ?"
