La placette jouxtant le siège de l'APC et ses alentours ont été quadrillés par les forces de police, empêchant toute tentative de rassemblement. La ville côtière de Tichy, à l'est de Béjaïa, a vécu, jeudi dernier, une journée mouvementée, après l'appel à la mobilisation citoyenne lancé par le mouvement associatif local en signe de solidarité avec les cafés littéraires d'Aokas et de Tichy, dont les animateurs se sont vus empêchés d'organiser, les 18 et 19 septembre derniers, une formation via visioconférence, en collaboration avec le Congrès mondial amazigh (CMA). Le rassemblement citoyen, qui devait se tenir, jeudi matin devant le siège de l'APC de Tichy, s'est finalement transformé en une imposante marche vers le siège de la sûreté de daïra de la même station balnéaire pour exiger la libération "immédiate" des citoyens arrêtés par la police, une dizaine environ, alors qu'ils s'apprêtaient à prendre part à la manifestation pacifique initiée par un collectif de militants associatifs locaux. À noter que la placette jouxtant le siège de la mairie de Tichy et ses alentours ont été quadrillés par les forces de police, dès la matinée du jeudi 24 septembre, empêchant toute tentative de rassemblement sur les lieux. Une opération de chasse aux activistes et militants présents dans les environs a été lancée par des policiers en civil qui ont procédé à l'arrestation d'une dizaine de citoyens. Néanmoins, l'intervention musclée des forces de sécurité ne tardera pas à avoir un effet boomerang. Une fois l'alerte donnée sur les réseaux sociaux, une foule nombreuse envahit le centre-ville de Tichy pour improviser une marche pacifique vers le commissariat de la ville. Exhibant fièrement des livres, symboles de culture et de savoir, les manifestants ont sillonné l'axe routier reliant le siège de l'APC au siège de la sûreté de daïra, en scandant entre autres slogans : "Pouvoir assassin", "Assa azekka, idles yella, yella" (Aujourd'hui et demain, la culture continuera d'exister), "Ulac l'vote ulac" (Pas de vote) ou encore "Libérez les détenus". La formidable mobilisation citoyenne ayant caractérisé cette marche pacifique a fini par payer. Tous les militants et citoyens arrêtés dans la matinée ont été relâchés par la police, à la grande satisfaction des manifestants et de toute la population de la région. Dans une déclaration rendue publique à l'issue de cette manifestation de rue, le Comité citoyen de Tichy (CCT), regroupant plusieurs militants politiques et autres acteurs de la société civile, s'est félicité d'abord de la réussite totale de "la marche du livre" qui avait deux objectifs principaux, à savoir "organiser une riposte aux intolérables interdictions d'activités culturelles signifiées aux cafés littéraires de la région" et "dénoncer la scandaleuse politique de clochardisation dont est victime la ville de Tichy". "La marche d'aujourd'hui est historique à plus d'un titre. Elle a permis aux citoyens activistes, contraints à un confinement plutôt politique que sanitaire, de briser le mur de la peur malgré la présence massive des services de sécurité qui ont essaimé notre ville. Elle a aussi délivré le message suivant : ‘Seules notre mobilisation et notre détermination peuvent faire reculer le diktat des autorités tout en rendant possible la reconquête de nos libertés confisquées par l'instauration d'une politique répressive'", notent les rédacteurs de ladite déclaration. De son côté, le Café littéraire de Béjaïa (CLB), dont les animateurs soutiennent leurs camarades d'Aokas et de Tichy, qualifie cette mobilisation citoyenne de "belle riposte de courage et de dignité". Les animateurs du CLB estiment dans leur déclaration que "la mythique et belle ville de Tichy, que le pouvoir a voulu clochardiser irrémédiablement, n'a pas abdiqué". Et d'ajouter : "Un grand travail attend les dignes citoyens et leurs amis pour redynamiser la vie culturelle et réhabiliter son environnement entièrement et volontairement dégradé."