L'une des satisfactions des porteurs de projets de start-up à la clôture des travaux de la conférence organisée samedi dernier est l'institutionnalisation du capital risque en Algérie. Dans tous les écosystèmes du monde, l'une des contraintes qui freinent l'élan des jeunes entreprises est le financement en capital-risque. De nombreuses pépites de start-up d'Europe émigrent, d'ailleurs, vers les USA où elles trouvent un écosystème favorable à ce mécanisme de financement. Il y a quelques années, un jeune, porteur d'un projet d'investissement, n'a eu d'autre alternative que de solliciter l'Ansej ou un autre dispositif de ce type pour se faire financer, mécanismes devenus, de nos jours, inappropriés. "Aujourd'hui, il existe une segmentation entre le type de business, d'entreprises et des valeurs proposées avec le type d'appui institutionnel en matière de financement", reconnaît Chamessedine Bezzitouni, président de la commission des start-up de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC). Certains projets d'innovation, faut-il l'expliquer, nécessitent des sommes trop importantes pour des résultats trop risqués pour que les banques acceptent d'apporter davantage de fonds. Dans ce cas, le recours au financement participatif au capital-risque devient le choix le plus naturel et le plus pratique. En outre, un capital-risque se concentre principalement sur des start-up existantes et disposant d'une certaine position sur le marché. En tout cas, le domaine le plus soutenu par le capital-risque est l'innovation. D'où l'opportunité de renforcer cet instrument de financement dédié aux start-up. L'autre levier sur lequel doit s'appuyer tout initiateur de projet sous forme de start-up a trait à l'implication des investisseurs notamment du secteur privé. "Le secteur public a fait le premier pas pour aider ces sociétés à travers l'ouverture du fonds de financement. Il appartient désormais au privé d'apporter sa contribution dans ce vaste programme de développement des start-up en Algérie", estime M. Bezzitouni. Ce spécialiste de l'entrepreneuriat fait allusion essentiellement aux investisseurs privés à succès qui ont réussi grâce à ce type d'entreprises notamment dans le domaine des nouvelles technologies. La diaspora algérienne qui investit et a une expérience dans ce créneau doit être, selon lui, également sollicitée pour ce programme. Ce qui permettra aussi aux start-up algériennes, souligne-t-il, de s'internationaliser à la faveur des réseaux et des fonds exploités déjà par les opérateurs algériens établis à l'étranger. Mesures d'accompagnement nécessaires Il suggère à ce que les fonds dégagés soient orientés surtout vers les secteurs dans lesquels le privé ne pourra pas s'engager. Il s'agit de l'accompagnement par la création d'incubateurs, des programmes d'appui, la valorisation de la recherche des universitaires, des innovations stratégiques, etc. Ces incubateurs sont censés être des espaces de rencontres, des plateformes qui regroupent plusieurs communautés qui incluent les porteurs d'idées, des métiers (technique, management, marketing, informatique, communication). En plus clair, c'est un endroit où se retrouvent les talents, les créateurs avec des investisseurs, des entreprises étatiques qui cherchent des solutions innovantes à leurs activités, des institutions et autres administrations... Les événements et les diverses manifestations peuvent, en outre, servir de lien entre ces partenaires qui composent une communauté. Il serait aussi judicieux de mettre en place, propose notre interlocuteur, toutes les incitations possibles dont les avantages fiscaux et parafiscaux au profit de l'investisseur qui opterait pour ce type d'investissement à hauts risques contrairement à d'autres secteurs. Par ailleurs, les projets de création de start-up, tient à souligner notre source, doivent bénéficier de toutes les protections requises dont la propriété intellectuelle. Il est question dans ce sens, des aspects liés à la certification, à l'enregistrement de brevets... "Tous les intervenants dans ce domaine, y compris l'entrepreneur lui-même, doivent consentir plus d'efforts", affirme-t-il. Quant à la mise en œuvre de cette stratégie dédiée aux start-up, Chamessedine Bezzitouni recommande, outre la levée au préalable des contraintes bureaucratiques ainsi que la concrétisation des différentes réformes prévues, des solutions régionales, voire territoriales, suivant les spécificités et les besoins de chaque localité. B. K.