Invité par le Forum de la radio Tizi Ouzou qui a été consacré ce week-end à la Fédération de France du FLN, particulièrement aux événements du 17 Octobre 1961 à Paris, Kamel Selih, docteur et chercheur en histoire à l'Université d'Alger, a estimé que l'année 2021 sera décisive pour la connaissance de la vérité sur ce qui s'est réellement passé à Paris en cette importante date de l'histoire de la Révolution algérienne. "L'ouverture des archives, prévue pour 2021, permettra d'avoir un autre regard sur les événements du 17 Octobre 1961 à Paris et sera l'occasion de connaître la vérité sur ce qui s'est réellement passé. Selon le bilan officiel de l'Etat français, ces événements n'ont fait que 2 morts et 64 blessés. Or, l'auteur du livre La bataille de Paris, qui a été témoin de ces événements, avait déjà fait état de plus de 200 morts et le nombre de victimes pourrait être encore beaucoup plus important", a estimé le Dr Kamel Selih, précisant que jusque-là, même les Français ne savent pas encore la vérité sur ce que la police de Maurice Papon a commis à cette date sur les Algériens sortis manifester pacifiquement à Paris pour dénoncer le couvre-feu auquel ils étaient soumis, de manière exclusive, depuis le 12 octobre de la même année, et qui avait pour objectif de briser les reins à la Fédération de France. Intervenant quant à l'incessibilité à ces archives, le Dr Mezhoura Salhi, chercheuse à l'Université de Tizi Ouzou, a expliqué que la plus grande quantité des archives concernant la Guerre d'Algérie se trouve au centre de Vincennes et, précise-t-elle : "Elles sont classées dans la série H qui demeure inaccessible." Mais pis encore, a-t-elle ajouté, en date du 23 décembre 2019, une note a été publiée en France, afin que "toutes les archives concernant l'Algérie durant la période allant de 1945 à 1962 soient mises en réserve". "Ainsi, avant il y avait libre accès à ces archives, mais depuis cette date, celles-ci ne sont accessibles que sur commande 2 à 3 mois à l'avance, et encore !" a-t-elle encore déploré. Le Forum en question a été également l'occasion de revenir, en présence de membres de la Fédération de France dont Djilali Lghima, Khelifa Mederes et Abdelkader Bakhouche, sur les événements, peu connus, du 25 août 1958 en France, qui ont été qualifiés par les historiens présents de "l'équivalent du 1er Novembre 1954 en Algérie". "Cette date a marqué l'ouverture du deuxième front de la Révolution algérienne", a précisé le Dr Kamel Selih.