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SILA, UN PHENOMÈNE LIVRESQUE UNIQUE DANS LA ZONE MEDITERRANEENNE
Contribution
Publié dans Liberté le 13 - 10 - 2020

Le Sila n'aura pas lieu cette année. Pour garder le lien entre écrivains, éditeurs et lecteurs, Liberté ouvre ses colonnes et leur donne la parole...
Par : RABIA DJELTI
ROMANCIÈRE
La lecture est la chose la plus sensible et la plus valeureuse dans toute société qui veut être dans l'air du temps ; elle est aussi une porte ouverte à l'autre, à l'universel. Marcel Proust a défini la lecture comme une amitié ; une amitié sincère. Si le livre est le centre de tous les arts, c'est parce qu'il permet aux lecteurs de vivre sans frontières, et je pense que ceux qui vivent vraiment et intensément, ce sont ceux qui lisent. Malheureusement chez nous en Algérie on ne possède pas de statistiques fiables et confirmées concernant le lectorat algérien. On n'a pas de chiffres concernant les livres lus.
On ne connaît même pas le nombre des librairies et des maisons d'édition existant et activant sur le territoire national. On n'a pas une idée vérifiable sur les préférences linguistiques du lecteur algérien, sur le choix des genres littéraires ou les différentes disciplines ; le manque d'une vraie base de données nous laisse avancer dans le flou, nous livre à la noirceur. Jusqu'à présent il n'y a jamais eu une étude académique du terrain répondant à des questions bien précises : quels sont les caractéristiques d'un lecteur algérien, âge et sexe, le rapport entre la géographie urbaine et la nature et le choix de la lecture ?
Existe-t-il un lecteur rural et un autre citadin ? Dans quelle langue l'Algérien préfère-t-il lire, en arabe, en français, en tamazight ou autre langue ? Quelles sont ses préférences s'agissant des grandes œuvres littéraires traduites dans ces langues ? Nos chercheurs universitaires en sociologie de la littérature et de la lecture ne prêtent pas toujours une grande attention à ce sujet épineux. Ils sont presque coupés de la réalité littéraire et culturelle qui fait le ciment de la société. Quant à nos gouverneurs, ils voient en la culture en général et le livre en particulier une chose qui relève du périphérique, un élément complémentaire, une partie du folklorisme ou un moyen de propagande utilisé à des fins politiques.
Nous sommes encore loin de prendre la culture au sérieux, comme un facteur civilisationnel sociologique et économique porteur de richesse, à l'instar des hydrocarbures et de l'agriculture. Le temps fait que notre société change. La génération née avec internet s'ouvre sur le monde, mais la classe politique algérienne reste fidele à son image de la culture qu'elle n'a pas changée depuis les années soixante-dix. Il serait excessif de parler de rentrée littéraire. La rentrée littéraire n'est considérée comme telle que dans les pays où la culture et le livre en particulier ont une place dans l'économie nationale. Chez nous, ce qu'on appelle "rentrée littéraire", et cela est visuel depuis une décennie, est lié uniquement et directement à l'organisation du Sila.
La rentrée littéraire en Algérie n'est pas une rentrée économique, mais plutôt une rentrée festive ornée d'activités livresques. Il est certain que cet événement du Sila qui dure dix jours est très attendu par les Algériens. Il représente la seule et unique occasion pour le lecteur de se procurer les nouveautés en livres arabes et étrangers, français en particulier. Cet engouement chez le citoyen algérien s'explique par le manque d'importation de livres régulière et régulée durant l'année. Le nombre de librairies ayant diminué dans le pays, le lecteur venant des quatre coins du pays trouve dans le Sila une sorte de bazar où il fait son plein annuel.
Réconcilier le citoyen avec le livre
Je trouve que c'est fort regrettable que le Sila soit annulé dans son édition 2020. Je pense que les crises à travers l'histoire humaine ont toujours réveillé l'imagination créatrice pour trouver des solutions, et comme disait Gaston Bachelard, "le réel n'est jamais ce qu'on pourrait croire, mais il est toujours ce qu'on aurait dû penser".
On aurait dû penser organiser la nouvelle édition quand même, tout en s'adaptant à la situation sanitaire que traverse le pays, à l'instar de tous les pays du monde. Il existe d'autres scénarios d'organisation qui peuvent sauver le Sila en respectant les protocoles de santé imposés par la pandémie : penser multiplier les espaces d'exposition aux Sablettes d'Alger par exemple – un lieu idéal, en plein air et face à la mer –, faire participer les librairies – et cela va les redynamiser et en même temps les aider à survivre après sept mois de fermeture – et inclure d'autres villes comme points d'exposition, Oran dans l'Ouest, Constantine dans l'Est et Béchar ou Tamanrasset dans le Sud.
Le Sila, c'est aussi une occasion annuelle qui nous permet de découvrir les jeunes écrivains nationaux dans les trois langues : arabe, tamazight et français. Chaque année, loin de tout jugement des valeurs, une centaine de jeunes écrivains débarquent au Sila pour présenter livres, romans, la poésie... Ce sont des moments agréables et c'est encourageant pour les jeunes plumes de faire le premier pas dans une ambiance festive pareille. Une belle occasion pour eux de rencontrer les écrivains confirmés et de discuter avec le public. Le Sila accueille un million de visiteurs, un peu plus selon les organisateurs, ce qui crée un phénomène livresque unique dans la zone méditerranéenne. Et le fait de le visiter, c'est réconcilier le citoyen avec le livre et faire un pas civilisationnel qui compte dans le comportement civique. Rencontrer un écrivain dans un stand pour un lecteur ou un simple visiteur, c'est un moment qui restera dans sa mémoire.
Pour les éditeurs algériens, le rendez-vous Sila est une date importante. Chose qu'il ne faut ni négliger ni oublier, c'est aussi leur gagne-pain. Ils n'attendent que cet événement annuel. Personnellement, j'ai participé à toutes les sessions ou presque. Je reconnais que le Sila est un moment très particulier, où je rencontre mes lecteurs. La rencontre directe avec un lecteur inconnu, qui parcourt des kilomètres ou vient d'un petit village du fond du pays, spécialement pour vous parler, est un moment précieux et agréable, pour le lecteur comme pour l'écrivain, du moins pour moi. Mais même si le Sila n'aura pas lieu cette année, je serai au rendez-vous avec mes lecteurs en publiant un nouveau roman intitulé Gilgamesh et la Ballerine.


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