L'aide en question est conditionnée par le payement des cotisations Casnos, ce qui exclut de facto la quasi-majorité des bénéficiaires au niveau national. Les artisans et commerçants censés bénéficier de l'aide financière de 30 000 DA décidée par le gouvernement depuis plus de trois mois, ne savent plus à quel saint se vouer. Leur situation, déjà précaire, ne fait que se dégrader au vu de la situation économique du pays déjà difficile et aggravée par la crise sanitaire dont les effets peuvent s'avérer désastreux. Et à l'ombre d'un nouveau confinement qui s'annonce, si les chiffres de la pandémie évoluent, l'inquiétude deviendra palpable selon les nombreux témoignages. "Nous sommes fatigués des discours creux et des promesses non tenues de responsables qui, en définitive, restent sourds à nos cris de détresse", nous ont déclaré des transporteurs qui ne comprennent pas que "l'on puisse conditionner l'octroi de l'aide financière promise au payement des cotisations de la Casnos". C'est d'ailleurs le cas de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) qui se bat pour faire admettre aux autorités compétentes "l'absurdité" de telles mesures dans les conditions actuelles. Abdelkader Boucherit, intérimaire du SG de l'Union générale des commerçants et artisans algériens et secrétaire national chargé des finances qui a déjà exprimé sa désapprobation quant aux conditions d'octroi de l'aide en question insiste sur le caractère "privatif" et s'interroge : "C'est une aide et non une indemnisation. Alors pourquoi lier l'aide de l'Etat à la Casnos ? Je ne vois aucune logique surtout que les pouvoirs publics savent pertinemment que l'année 2019 a été difficile et l'année 2020 désastreuse." Notre interlocuteur confirme, par ailleurs, qu'"aucune personne, jusqu'à aujourd'hui, n'a vu le moindre dinar des 30 000 promis". Il souligne au passage que "même la première opération d'aide des 10 000 DA a connu beaucoup de couacs et de nombreuses personnes n'en ont pas bénéficié alors qu'elles y avaient droit". À rappeler que l'arrêté interministériel du 12 septembre paru dans le Journal officiel du 14 septembre 2020 a fixé les modalités d'application du décret exécutif du 30 juillet de la même année portant allocation d'une aide financière au profit des personnes exerçant des métiers impactés par les effets de la pandémie de Covid-19. Un autre arrêté en date du 20 octobre, paru dans le JO du 24 octobre 2020, viendra prolonger la date de dépôt des dossiers fixée au 30 novembre courant sans autre modification quant aux conditions d'attribution. Ces dernières sont attribuées à toute personne exerçant un métier ayant fait l'objet d'une suspension temporaire dans le cadre des mesures prises par les pouvoirs publics durant la période du confinement sanitaire. Rien n'est réglé pour les transporteurs Les transporteurs sont, une nouvelle fois, frappés par l'interdiction de travailler les week-ends suite à la décision gouvernementale communiquée dimanche. Le ministère des Transports, pour sa part, rapporte l'information en question à travers une publication sur son site Facebook et rappelle à l'occasion que "le transport interwilayas (pour les personnes) est toujours suspendu". M. Boucherit de l'UGCCA, abasourdi par la nouvelle, insiste : "L'aide de 30 000 DA de l'Etat est plus que jamais requise. Sans cela c'est la faillite totale pour les transporteurs." Notre interlocuteur nous explique que "le ministère a fait un écrit aux directions des transports les sommant de réceptionner les dossiers sans aucune exigence mais cela n'a rien changé au problème". Il déplore que "certaines entités n'assument pas leurs responsabilités en se renvoyant la balle". Et en définitive de préciser : "Tout repose sur la Casnos qui use de contraintes sans tenir compte des conditions imposées et rejette tous les dossiers." Abdelkader Boucherit fait ainsi état d'"une injustice incroyable que les transporteurs ne pourront pas accepter encore longtemps surtout avec l'aggravation de la crise sanitaire". À ce propos, M. Boucherit parle d'un écrit qui devra être transmis aux plus hautes instances. Il fait, également, appel à l'arbitrage du président de la République pour trancher la question et octroyer l'aide sans la conditionner aux cotisations Casnos.