Sur les 200 sièges que compte la Chambre des représentants libyens, 140 d'entre eux siègent dans l'est du pays à Benghazi, tandis que les 60 restants sont basés à Tripoli. Au moins 110 parlementaires libyens se sont de nouveau réunis à Tanger, au Maroc, du 23 au 25 novembre, pour discuter du processus politique en cours, sous l'égide de l'ONU. Cette nouvelle réunion intervient parallèlement à la tenue par visioconférence de la deuxième phase du dialogue inter-libyen inclusif de Tunis, sous l'égide de la Mission d'appui de l'ONU pour la Libye (Manul), censée discuter de la mise en place du futur Conseil présidentiel et du Gouvernement libyen unifié, en prévision de la tenue de la présidentielle programmée pour fin décembre 2021. Lors de la réunion de Tanger, les députés libyens ont convenu dans leur majorité à faire de Benghazi, dans l'est du pays, le siège de la Chambre des représentants (Parlement libyen), annonçant que leur prochaine rencontre aura lieu sur le sol libyen, précisément dans la ville de Ghadamès (centre-ouest frontalier avec l'Algérie), sans d'autres détails. "Les participants ont souligné que la ville de Benghazi est le siège constitutionnel et légal de la Chambre des représentants", a indiqué Salah Afhima, député de Syrte, la ville natale du défunt colonel Mouammar Kadhafi, actuellement sous le contrôle des troupes du général Khalifa Haftar et de ses mercenaires. "Il existe un grand consensus sur l'importance d'une réunion parlementaire unifiée à l'intérieur du pays, en particulier dans la ville de Ghadamès, en tant que première session au cours de laquelle il devrait se dégager un consensus sur les questions en suspens et leur règlement", a-t-il ajouté sur sa page facebook. Le choix de Ghadamès comme lieu de rencontre des parlementaires libyens n'est pas fortuit. Celle ville devait abriter en avril 2019 le premier dialogue inter-libyen inclusif, mais le lancement par Khalifa Haftar d'une grande opération militaire contre le Gouvernement d'union nationale (GNA), basé à Tripoli, a sapé des mois de travail de l'ancien envoyé spécial du SG de l'ONU en Libye, Ghassane Salamé, qui a démissionné quelques mois plus tard. Réputés pour leur soutien franc à l'homme fort de l'Est, les députés installés à Benghazi réussiront-ils à unifier la Chambre des représentants, qui aura à jouer un rôle clé dans le jeu politique futur, dès la mise en place du nouveau Conseil présidentiel, dont certaines décisions devront recevoir l'aval des parlementaires. Il en est de même d'ailleurs pour le gouvernement unifié qui doit recevoir d'abord l'onction du Parlement avant d'entamer sa mission de préparation des élections générales (présidentielle et législatives). Depuis le scrutin de 2014, la Chambre des représentants n'a pas réussi à atteindre le quorum pour se prononcer sur le GNA de Fayez al-Serraj, le gouvernement de Tripoli issu de l'accord de Skhirat du 17 décembre 2015. Pis, les divisions au sein de cette institution se sont aggravées au fil du temps, à cause des tiraillements politiques autour du projet de la nouvelle Constitution qui n'a jamais pu voir le jour. Cette question continue d'ailleurs de diviser les Libyens, alors que l'ONU les presse pour présenter un texte d'une nouvelle constitution dès la mise en place des futures autorités de transition. Si des progrès ont été fait depuis quelques semaines sur le plan militaire et politique, les rivalités politico-tribales opposant les parlementaires libyens risquent en effet de prolonger le climat de crise dans ce pays, qui s'apprête à boucler dix ans de conflit armé.