Les confessions de l'ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia sur l'origine des deniers faramineux retrouvés sur ses comptes bancaires continuent de susciter les plus vives réactions au sein de l'opinion publique et une classe politique médusée par la teneur des aveux d'un valet incontournable du pouvoir depuis près de trois décennies. C'est notamment le cas du secrétariat national du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui considère que "les déclarations d'Ahmed Ouyahia sur les lingots d'or distribués par les émirs du Golfe, en reconnaissance des parties de chasse à l'outarde que le pouvoir leur organise, interpellent et exigent, en effet, l'ouverture d'une instruction judiciaire pour identifier l'ensemble des dirigeants bénéficiaires, estimer la valeur de ces pots-de-vin et situer les responsabilités". Pour le parti de Mohcine Belabbas, qui s'est réuni jeudi passé à Alger, "pour débattre du bilan organique du parti et de la situation générale du pays", "l'ampleur de la corruption est loin d'être cernée". Le communiqué du secrétariat national du RCD, qui a sanctionné les travaux de ce conclave, va plus loin et juge que "pour tourner la page de vingt ans de dilapidation des ressources de la nation, d'une corruption éhontée, de passe-droits à tous les niveaux, de déstructuration du tissu social et d'une gouvernance liberticide, il y a un Smig incompressible de mesures à prendre. Il passe par l'élargissement de tous les détenus d'opinion, la promotion de la solidarité sociale, l'effectivité de l'exercice des libertés garanties par un Etat de droit". Sur un autre chapitre, la situation socioéconomique qui prévaut dans le pays est des plus préoccupantes, relève le RCD. "Le gouvernement entretient une chape de plomb sur le nombre, sans cesse grandissant, de petites et moyennes entreprises qui ont déposé le bilan ou qui ont eu recours au chômage technique. Il en est de même du nombre de travailleurs qui grossissent le rang des chômeurs. Dans le même temps, ceux qui ont encore la chance de percevoir un salaire font face à une envolée générale des prix, conséquence d'une dévaluation rampante du dinar, des perturbations des circuits du marché dues aux incohérences dans la gestion de la pandémie de Covid-19 et de l'impunité assurée pour les barons de la spéculation", estime le parti. Sur le plan politique, la situation n'est guère plus reluisante, selon le RCD, qui identifie, à travers le déroulement du dernier référendum sur la Constitution, "un désaveu infligé à la feuille de route" du chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune. Une sanction qui ne semble pas enclencher, selon le parti, un changement de cap "dans la gestion autoritariste des affaires du pays". Une gestion marquée par "le musellement des libertés, le maintien en prison des détenus d'opinion et la poursuite des condamnations prononcées contre des citoyens pour le seul motif d'avoir voulu exercer leurs droits constitutionnels qui restent la marque de fabrique de ceux qui prétendent œuvrer pour une ‘Algérie nouvelle'". In fine, le RCD considère que "la voie d'une transition démocratique qui promeut un processus constituant est à même de garantir l'expression de la souveraineté du peuple algérien, et donc son implication dans un nouveau départ pour la construction et le développement du pays".