Le RCD et le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, ne peuvent, visiblement, pas faire bon ménage, encore moins passer les vacances ensemble. Après la passe d'armes dans l'enceinte de l'Assemblée, le parti de Mohcine Belabbas revient à la charge pour... charger celui dont la mission, à travers sa nouvelle feuille de route, est de reconduire, dit-il, "sans heurts" le système en 2019. Dans un communiqué rendu public, hier, au lendemain de la réunion de son secrétariat national, tenu au siège du parti à Alger, le RCD note qu'il prend acte de la "violente campagne de dénigrement et de mépris" d'un Premier ministre "qui a perdu tout discernement envers les acteurs politiques et les experts en économie en détournant l'enceinte parlementaire offerte par la grâce du chef de l'Etat en tribune de règlements de comptes mesquins". "Les parlementaires du Rassemblement ont démontré que le plan d'action défendu à l'Assemblée par Ahmed Ouyahia n'est ni adapté à la conjoncture économique ni porteur d'un redressement durable des finances publiques", se félicite ce parti. Selon lui, "cette feuille de route construite autour d'une dramatisation de la situation financière du Trésor public et d'une offensive médiatique, tous azimuts, des pouvoirs publics pour semer la peur ne vise pas à faire prendre conscience aux Algériennes et aux Algériens de leur nécessaire mobilisation pour sortir le pays de quinze ans de corruption, de détournements et de gabegie". Mais plutôt, suggère-t-il, à maintenir le statu quo et à arroser la clientèle en perspective de l'échéance de 2019. "Après avoir claironner durant trois années que la clairvoyance de Bouteflika a sauvé le pays de révisions déchirantes avec la chute des prix des hydrocarbures, cette stratégie de la peur et de la démesure a pour seul but le maintien d'un statu quo qui a déjà miné le pays", écrit le RCD. Favorable à l'indépendance de la Banque d'Algérie et à la mise en place d'instruments pour encadrer la fabrication envisagée des billets "pour éviter un usage inconsidéré", le RCD soutient, cependant, que le recours à cette solution obéit à d'autres schémas de pensées politiques. "Mais il semble bien que la tâche d'Ahmed Ouyahia est de permettre au système politique de se perpétuer ou de se renouveler sans heurts en 2019 et de faire avaliser par l'opinion publique des options sans débats, comme la reprise de l'exploration/exploitation du gaz de schiste." Comme nombre de partis politiques, le RCD a fait face à de nombreuses entraves pour confectionner ses listes en perspective des élections locales. En attendant le verdict final de l'administration et de nombreux recours introduits, il fait d'ores et déjà état de nombreux rejets de ses candidatures. Motif ? Certains postulants portés sur les listes sont catalogués "d'autonomistes" par l'administration. "Les rejets de candidatures, en particulier dans les régions du Sud, en Kabylie et dans des localités où des associations combattent pour le respect des libertés publiques sont une dérive dangereuse", accuse le RCD qui ne fournit pas encore le nombre de listes déposées. Le parti estime qu'il est "urgent de réviser" la loi électorale si l'on veut garantir à tous les citoyens le droit constitutionnel à se présenter devant les électeurs et de "juguler la dégringolade", d'une élection à une autre, du taux de participation. Karim Kebir