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“Nous ne sommes pas un tube digestif, M. Bouteflika !”
Hakim Addad, secrétaire général de Raj, à Liberté
Publié dans Liberté le 05 - 10 - 2005

Depuis sa création en 1993, l'association RAJ (Rassemblement Action Jeunesse) s'est voulue l'incarnation des idéaux et du combat d'Octobre 88. Son secrétaire général, le virevoltant Hakim Addad, revient dans cet entretien sur les acquis du 5 Octobre, sur ce qui reste de l'esprit d'Octobre avec, à la clé, un décryptage du dernier référendum.
Liberté : Une première question s'impose : que devient RAJ ?
Hakim Addad : Tout d'abord, j'aimerais dire que nous sommes contents de constater le retour de RAJ dans les colonnes du journal Liberté. Le RAJ, autant que faire se peut, comme l'ensemble des autres organisations, associations ou partis politiques de la mouvance et de la famille démocratique, active et principalement à l'intérieur du pays. Et je crois que les lecteurs et les lectrices de Liberté connaissent les difficultés que rencontre toute organisation qui travaille sur le terrain de la démocratie et combien il est difficile d'activer depuis quelques années — peut-être qu'on pourrait dire 1999 comme ça, au passage —, mais on espère que le ciel de la démocratie ne va pas un peu plus s'assombrir après le 29 septembre passé.
Peut-on savoir concrètement quelles sont les contraintes que vous rencontrez ?
Vous savez, même si Monsieur Zerhouni insiste pour essayer de nous convaincre que l'état d'urgence ne porte pas préjudice au travail politique et à l'activisme associatif, nous nous inscrivons en faux totalement contre ce qu'affirme M. Zerhouni. En effet, la principale contrainte, que ce soit pour le RAJ ou pour n'importe quels parti, association ou syndicat, est l'état d'urgence qui reste le premier obstacle à l'activité politique et citoyenne en Algérie.
Quelle appréciation feriez-vous du référendum du 29 septembre, de ses résultats et de la manière dont il a été tenu ?
Bouteflika est en train de casser la mémoire du peuple algérien. Il ne fait qu'enfoncer un peu plus le peuple algérien, et la boucle de cet étouffement a été bouclée le 29 septembre dernier à travers cette charte qui nie au peuple algérien sa mémoire, qui nie encore une fois au peuple algérien le droit à la justice et la dignité auxquelles tout être humain et tout peuple ont droit.
La question ne concerne pas seulement les familles de disparus ou des victimes du terrorisme. La question de la justice et de la dignité est un droit pour tous les Algériens.
Cette charte nie aux Algériens le droit de savoir qu'est-ce qui s'est passé dans ce pays, qui est derrière tout ça, qui a commis ça. Je profiterai de cette occasion pour dire que la réaction de l'Elysée est scandaleuse, lui qui applaudissait à ce référendum en le qualifiant de “consultation démocratique”.
Nous n'avons pas la mémoire courte et nous saurons nous souvenir qu'une mascarade, une insulte à l'intelligence humaine, un écrasement de la démocratie comme cela s'est passé ce dernier mois en Algérie est qualifié par l'Elysée de haut moment démocratique. Pour des intérêts bassement matériels, il donne un gage à un pouvoir qui écrase son peuple et le tue depuis des années.
Devant l'unanimisme ambiant et ces chiffres plombés, que reste-t-il, selon vous, de l'esprit d'Octobre dont nous célébrons, aujourd'hui, le dix-septième anniversaire ?
Ce n'est pas la première fois que nous nous posons cette question à propos de l'esprit d'Octobre, mais surtout des acquis d'Octobre. Cela fait déjà quelques années qu'ils sont en danger et sont remis en cause principalement par l'autorité politique. Je ne pourrais dresser, ici, la liste de toutes les restrictions car elle serait longue.
À cette occasion, le RAJ invite tout le monde, que ce soit des citoyens ou des militants des formations politiques, essentiellement de la famille démocratique, pour se retrouver aujourd'hui, à 13h, à la place des Martyrs comme le font les “enrajés” chaque année, pour se rappeler ceux qui nous ont permis d'écrire dans des journaux en dehors des journaux officiels, d'être dans d'autres organisations de jeunesse autres que l'unique
qui existait à l'époque, qui nous ont permis d'être dans des partis politiques autres que le parti unique. Et quand je parle de ceux qui ont donné de leur vie, je ne pense pas seulement, aussi important qu'ont été ces évènements, aux gens qui se sont sacrifiés en Octobre 88, mais à tous les Octobres 88 depuis l'Indépendance et ceux qui ont continué à se battre après Octobre 88 ; je pense au mouvement citoyen en Kabylie, mais aussi dans d'autres régions du pays. Il faut leur rendre hommage et se dire que ces gens-là ne sont pas morts, n'ont pas été torturés dans les commissariats pour rien.
Le deuxième message que veut transmettre le RAJ chaque année en commémorant Octobre 88, c'est que nous ne lâcherons pas ce que nous avons obtenu grâce aux évènements d'Octobre 88. Quoi qu'il puisse nous en coûter, nous les défendrons.
Entre la thèse de la manipulation et la thèse du “chahut de gamins”, y voit-on plus clair dix-sept ans après, d'après vous ?
Nous avons été au RAJ parmi les premiers à inviter des gens à soulever la question publiquement dans des universités d'été. Des gens qui étaient dans le sérail ou en dehors. Pour nous, ce n'est ni un chahut de gamins ni le fruit d'une manipulation. Notre thèse est qu'il y a eu effectivement des manipulations de l'intérieur du pouvoir et à l'intérieur du parti unique de l'époque, mais à aucun moment, et cela nous a été confirmé par des personnalités du régime à l'époque, ces manipulateurs de l'ombre n'ont pensé un instant que la rue allait les déborder.
Oui, il y a eu manipulation au départ, mais les jeunes ont accaparé la rue. Et contrairement à ce qu'a déclaré M. Bouteflika il y a quelques mois à Genève, les jeunes ne sont pas seulement sortis pour revendiquer du pain et pour chiper des Stan Smith. Les jeunes sont sortis pour revendiquer la liberté, pour revendiquer la dignité, et non pas seulement pour revendiquer le pain. Nous ne sommes pas juste des tubes digestifs, Monsieur Bouteflika ! Ce n'est pas le pain qui ramène la liberté, c'est la liberté qui ramène le pain ! D'où notre éternelle revendication que nous réitérons depuis 1993 : que le 5 octobre ou une journée d'octobre soit reconnue solennellement journée nationale et officielle pour la démocratie en Algérie.
Un autre 5 Octobre alors ?
Avec tout ce qui est en train de se passer, les émeutes, les gens qui sortent dans telle ou telle commune et barrent les routes, ça nous rappelle quand même les quelques mois d'avant Octobre 88. J'ai l'impression que nous allons vers un nouveau 5 Octobre beaucoup plus important en termes de rage qu'en octobre 88. Quand le pouvoir empêche toute expression politique, syndicale, organisée et pacifique, malheureusement, il ne reste ensuite que la rue, et de manière inorganisée, pour s'exprimer. Depuis toujours, le régime algérien utilise la violence et ne travaille qu'avec violence, et, ce faisant, il pousse à la violence. Je pense pour ma part qu'il y a des violences légitimes et des violences illégitimes. Depuis plus d'une décennie, les libertés sont restreintes dans ce pays pour ne pas dire presque éteintes. Il y a un gros problème pour les formations politiques, essentiellement démocratiques, pour organiser les masses, et si nous nous trouvons demain face à une révolte plus importante que celle d'Octobre 88, qui va canaliser ces gens-là ? Aujourd'hui, il n'y a pas — je ne crois pas — de forces capables d'organiser, d'orienter, une révolte aussi forte que celle-là, ce qui veut dire qu'à l'arrivée, ces gens-là sortiront, probablement nous aussi, et nous aurons en face encore une fois des balles, des canons et des chars.
Pour autant, nous ne désespérons pas. Nous croyons que l'avenir n'est pas à prévoir, il est à permettre. Ils auront beau couper toutes les fleurs, ils n'empêcheront pas la venue du printemps !
M. B.


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