Les 4 000 agences de voyages que compte le secteur sont plongées dans une grande précarité. Certains patrons ont fermé boutique, mettant ainsi des milliers d'employés au chômage. Laminés par les conséquences de la crise sanitaire et surtout las des promesses non tenues, les patrons d'agences de voyages expriment leur colère et passent à l'action. Ils ont organisé, hier, un sit-in devant le ministère du Tourisme au centre d'Alger. Les banderoles déployées expriment la situation intenable de ce secteur d'activité. "Les agences de voyages crient au secours" ou encore "4 000 agences en faillite et 20 000 de leurs employés au chômage" sont les slogans qui résument l'ampleur d'un désastre économique et social. "Nous sommes la corporation la moins défendue par sa tutelle. C'est inadmissible", nous ont confié plusieurs responsables d'agences de voyages rencontrés sur les lieux du rassemblement. "Comment expliquez-vous que jusqu'à présent, rien n'a été fait pour nous, et ce, malgré toutes les promesses qui nous ont été faites, alors que nous sommes l'une des filières d'activité la plus touchée par les effets de la Covid-19 ?" Les agences de voyages, pour rappel, ont fermé boutique depuis mars de l'an dernier, conséquence immédiate de l'interruption du trafic aérien pour cause de pandémie de Covid-19. Ainsi, le nouveau coronavirus a plongé les agences de voyages dans un tourment sans fin causant la fermeture de bon nombre d'entre elles et envoyé au chômage plus de 20 000 employés. Celles qui résistent encore, sur un total de 4 000 agences activant sur le territoire national, sont en grande difficulté. La décision de permettre aux agences de voyages de reprendre du service en juin dernier sans l'accompagner de l'ouverture des frontières n'a fait que les plonger, encore une fois, dans le plus grand des désarrois. La reprise des vols domestiques depuis le 6 décembre passé n'a pas été d'un apport pouvant soulager, un tant soit peu, les agences. Leur situation ne s'est guère améliorée pour autant, tant le préjudice était d'une grande ampleur. "Le ministre du Tourisme a fait récemment des déclarations à notre propos, que nous rejetons en bloc, et nous appelons le président de la République à intervenir", ont insisté nos interlocuteurs venus de plusieurs wilayas du pays. Aujourd'hui, ils réclament "des indemnisations (calculées sur le chiffre d'affaires), des prêts bancaires (sans intérêts), l'exonération fiscale et parafiscale, la récupération de l'argent déposé auprès d'Air Algérie, la perception de l'aide de 1 000 DA et celle des 30 000 DA, ainsi que l'introduction des agences dans le programme de l'Agence nationale de la promotion et de l'investissement et l'octroi de prêts avec des avantages fiscaux". Ils persistent et signent : "Les pouvoirs publics doivent se pencher sur notre cas car la gravité de notre situation a atteint des proportions intolérables. Beaucoup de personnes connaissent des problèmes de santé à cause de ce qui leur arrive. Le choc est à prendre au sérieux. C'est loin d'être facile de se retrouver dans l'incapacité de subvenir aux besoins de sa famille." Ils déplorent aussi : "Ça fait plus de cinq mois que nous sommes carrément dans l'incapacité d'assurer les salaires pour nos employés, puisque nous-mêmes sommes en faillite ou en passe de le devenir." Appelés aux pourparlers, les protestataires ont d'abord refusé de discuter avec le SG du ministère qui a dû quitter son bureau pour venir à leur rencontre. Il a fini par les convaincre non sans grande difficulté et leur a promis de transmettre leurs doléances au ministre qui, selon ses affirmations, "était en réunion du gouvernement". Une délégation a été formée sur place pour engager les discussions avec la tutelle dans l'espoir de voir leur dossier sérieusement pris en charge. Nabila Saïdoun