Bordj Bou-Arréridj a commencé à sortir du confinement depuis plus d'un mois, mais pour les gérants de restaurants et de cafés, l'horizon est toujours sombre : aucune date de réouverture complète n'est annoncée. Certaines entreprises risquent de ne pas survivre à cette crise. Après 10 mois de fermeture, une timide activité est autorisée dans ce secteur. "Avec un service limité : sans tables ni chaises et consommer dehors, les clients se font rares et préfèrent éviter. Même les habitués, avec 10 mois de fermeture ils ont changé d'habitude !", dira Amar, un cafetier au centre-ville de Bordj Bou-Arréridj. Quand les cafés et les restaurants pourront-ils servir leurs clients correctement et ouvrir leurs terrasses ? Cette question brûle les lèvres de tous les gérants d'établissement. Chacun y va de son pronostic : juste avant le début du Ramadhan pour les plus optimistes, après le retour de Tebboune pour d'autres, ou en été d'après les plus pessimistes. Dans tous les cas, tous s'attendent à passer encore plusieurs longues semaines sans de corrects revenus. "C'est une situation anxiogène. Peut-être que certains commerces ne s'en relèveront pas, nous sommes nous-mêmes fragiles et en pleine crise", dira Sofiane, un restaurateur à El-Achir. "Les cantines scolaires, universitaires et des travailleurs dans certaines usines sont ouverts et servent à table, et nous, les professionnels, on nous interdit de servir à table. C'est injuste !", ajoute ce restaurateur qui a licencié plus de 80% de son personnel. "Sur la dizaine d'employés, je n'ai gardé que le cuisiner et un serveur pour servir les quelques plats à emporter", précise-t-il. "Les appels de détresse des cafetiers et restaurateurs sont un appel au secours, une révolte, une manifestation de désespoir, car ils ne savent pas de quoi ils pourront vivre demain ! On donne l'impression de sacrifier des vies pour en sauver d'autres", dira un sociologue, et d'ajouter : "Les responsables doivent entendre ces signaux, car on ne peut pas se permettre d'entrer en conflit. Jusqu'à présent, il y avait une adhésion de la population. Il est donc nécessaire d'alléger ces mesures et de trouver une meilleure conciliation entre la santé et l'économie au lieu de les opposer. La réponse ne peut plus être de fermer sans autre forme de procès." Une chose est sûre : les verres en salle ou en terrasse et repas au restaurant n'auront pas tout à fait la même saveur, et le retour à la normale n'interviendra pas avant longtemps. Car les professionnels vont devoir repenser leurs pratiques pour garantir la sécurité de leurs salariés et de leurs clients face à la Covid-19. "On doit revoir toutes les procédures, en cuisine comme en salle, en terrasse ou au moment du paiement", indique un spécialiste de l'hygiène.