S'il a, finalement, été blanchi des accusations de "corruption" et de "perception d'indus avantages", l'ancien wali d'Alger a, en revanche, été reconnu coupable d'autres charges, notamment "dilapidation délibérée de deniers publics par un fonctionnaire". Abdelkader Zoukh restera en prison. La cour de justice de Tipasa a confirmé, hier, les peines d'emprisonnement prononcées contre l'ancien wali d'Alger en décembre dernier par le tribunal de Tipasa. Il écope dans l'affaire Mahieddine Tahkout d'une peine de 5 ans de prison. La cour l'a également condamné à 4 ans de prison dans les affaires Abdelghani Hamel et Ali Haddad, avec mandat de dépôt dans cette dernière affaire. Les trois peines sont assorties d'une amende de 1 million de dinars et d'une compensation de 10 millions de dinars au profit du Trésor public, qui s'était constitué partie civile dans les trois dossiers. Contrairement au jugement du tribunal de Tipasa, rendu en décembre dernier, la cour a blanchi l'ancien wali de la capitale de l'accusation de "corruption" et de "perception d'indus avantages". En revanche, l'homme est reconnu coupable d'autres charges. Il s'agit, entre autres, de "dilapidation délibérée de deniers publics par un fonctionnaire", "utilisation illégale de biens et de deniers publics qui lui ont été confiés en vertu de sa fonction", "abus de fonction et violation des lois et règlements dans le but d'obtention d'avantages pour un tiers" et "octroi délibéré de privilèges non justifiés à un tiers lors de la conclusion d'un marché et d'accords illégaux, corruption dans l'attribution de marchés publics et de contrats, dilapidation de deniers publics, abus de fonction, conflit d'intérêts, agrément d'exonérations fiscales et de rédactions sans justificatif légal". Dans les trois affaires, jugées distinctement, malgré la présence de quasiment les mêmes témoins, Abdelkader Zoukh a dû s'expliquer sur la facilitation avec laquelle deux hommes d'affaires, à savoir Ali Haddad et Mahieddine Tahkout, en plus de la famille de l'ancien directeur général de la Sûreté nationale Abdelghani Hamel, ont obtenu des assiettes foncières publiques sans le moindre respect pour la législation. Dans les trois cas, les juges du tribunal de première instance, puis ceux de la cour de justice de Tipasa ont tenté de comprendre la facilité avec laquelle ces personnalités, qui faisaient partie de la galaxie Bouteflika, pouvaient obtenir facilement des avantages sans réelles contreparties. C'est le cas de la fille d'Abdelghani Hamel qui a obtenu une assiette foncière dans la zone d'activité de Bab Ezzouar. Cela peut paraître normal sauf que pendant au moins quatre ans, le terrain a été clôturé alors qu'aucun chantier n'a été lancé. Pis encore, la dame s'est même permis de ne pas payer les frais d'aménagement. Le montant de ces arriérés s'élève à plus de 150 millions de dinars, une somme qui se rapproche de celle que doit Mahieddine Tahkout au Trésor public dans le même endroit. Les mêmes avantages ont été accordés "sans limites", disait le juge du tribunal de Tipasa à Ali Haddad et d'autres hommes d'affaires. Plus que cela, Mahieddine Tahkout a pu obtenir un marché de transport urbain dans l'Algérois en louant, pour la somme de 19 000 DA par jour, un parc de 300 bus à l'Entreprise de transport urbain et suburbain d'Alger (Etusa). Pour se défendre, l'ancien wali d'Alger a plaidé la bonne foi. Il a accusé les responsables des organismes administratifs de manquements à leur travail. "J'ai fait confiance aux autres et il faut définir les responsabilités", s'est-il toujours défendu. Ses avocats ont fait appel.