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L'AFFICHISTE MOSTAGANEMOIS QUI A CONQUIS HOLLYWOOD
Chemseddine Belarbi
Publié dans Liberté le 17 - 02 - 2021

Alors qu'il est en train de se frayer une place dans le ghota du cinéma mondial, l'affichiste de talent regrette qu'il soit ignoré dans son pays. Ne dit-on pas que nul n'est prophète en son pays ! Portrait...
Bien qu'il jouisse de la reconnaissance d'une partie du monde du cinéma mondial et de l'intérêt de la presse spécialisée internationale, Chemseddine Belarbi, affichiste de cinéma, est ignoré par les siens, méprisé par les autorités culturelles de son pays.
Ce qui, convenons-en, n'est pas une surprise sur une terre où les artistes n'ont jamais été appréciés à leur juste valeur. "Cela fait des années que je crée des affiches de film, que je reçois des hommages de noms connus du cinéma international, mais aucun responsable algérien de la culture ne m'a approché.
Exception faite de Samira Hadj Djilani qui m'a sollicité pour réaliser l'affiche du film El-Hadj Ahmed Bey", regrette le jeune Chemseddine dans la salle séjour du modeste appartement familial, situé dans la non moins modeste commune de Aïn Tedlès (20 km de Mostaganem).
Le parcours de Chemseddine Belarbi n'est pas ordinaire et a sans doute concouru à forcer l'admiration de tous ceux qui depuis les Etats-Unis, le Canada, la Belgique, la France, l'Egypte... le harcèlent quasiment pour qu'il change d'air. "On m'appelle tous les jours ; certains m'ont invité à me rendre chez eux où, m'ont-ils promis, je pourrai m'épanouir", reconnaît Chemseddine avec une note de regret dans la voix : "J'aimerais tant pouvoir m'exprimer ici et transmettre ma passion à mes compatriotes."
Difficile adolescence
La passion pour le dessin se révèle très tôt chez lui, dès l'école primaire, dans les années 1990. Le gamin Chemseddine n'arrête pas de gribouiller sur les tables de sa classe, ses cahiers, les murs des maisons du voisinage... partout où il passe, ses crayons de couleur laissent des traces. Au fil des mois et des années, le coup de crayon devient plus sûr, le gribouillage prend forme, devient visage, corps, représentation artistique.
"J'ai commencé à représenter les vedettes de films d'action et de combat que je trouvais sur des pochettes de cassettes vidéo ou que je regardais chez un vidéothécaire qui organisait des «séances de cinéma»", se souvient Chemseddine. Très vite, la passion du dessin prend le pas sur tout le reste, et Chemseddine ne tarde pas à quitter l'école dont les enseignants lui reconnaissent un talent inné pour l'art graphique.
Issu d'une famille pauvre, Chemseddine, l'aîné de deux frères et une sœur, doit cependant aider son père à subvenir aux besoins de la famille.
Adolescent à peine sorti du CEM, il n'a pas peur de travailler comme manœuvre dans les chantiers de construction, décorateur, peintre : "J'ai tout fait comme tous les garçons de mon âge qui n'ont pas eu la chance de poursuivre leurs études. J'ai été plusieurs fois arnaqué par des patrons sans scrupules, mais il y a aussi eu de belles âmes qui m'ont aidé dans les moments difficiles."
S'il lutte pour maintenir à flot une famille au seuil de la pauvreté – avant de bénéficier d'un logement dans une des nouvelles cités de Aïn Tedlès, la famille Belarbi vivait dans une maison au toit abîmé qui laissait filtrer les eaux de pluie en hiver – le jeune homme n'en oublie pas sa passion pour autant, envoyant par voie postale ses réalisations aux maisons de production dont il parvenait à trouver les adresses.
La socialisation d'internet et l'apparition des cybercafés facilitent à Chemseddine la diffusion de ses réalisations : des affiches de films de cinéma dessinées à la main que l'on croirait produites par un ordinateur. "J'ai attendu longtemps avant de recevoir une première réponse émanant d'un réalisateur argentin qui travaillait en collaboration avec des studios d'Hollywood. Il leur a soumis mon travail et ils ont rapidement été enthousiasmés", continue Chemseddine, qui se rappelle de la fierté ressentie à ce moment-là.

Enfin, la reconnaissance
Nous sommes au milieu des années 2000. Chemseddine Belarbi, jeune artiste résidant dans une sombre commune perdue de l'Algérie, change virtuellement de planisphère : du jour au lendemain, il intègre le dictionnaire international de cinéma IMDB, figure dans le livre hollywoodien Bucks of America sur la bataille de Bunker Hill à Boston (1775) qui consacre plusieurs pages à l'équipe qui a réalisé le long métrage, conçoit des affiches pour des films américains et reçoit les hommages de nombreuses célébrités du cinéma. "Elhamdoulillah. Je suis en train de réussir à m'imposer dans le gotha du cinéma mondial comme un affichiste de talent.
Je regrette seulement qu'ici, dans mon pays, personne ne se soucie de moi", dit Chemseddine en exhibant des lettres et des photos, témoignages de reconnaissance, envoyées par des noms connus du cinéma d'action, tels Jean-Claude Van Damme, les Anglais Will Lyman et Winston Ellis, les Américains Pat Skipper, Gregory Blair, Kevin D. Benton, le Canadien Mike Dopud... Chemseddine a également reçu un message de la part d'Ali Ahmed Salem, l'inoubliable Bilal de la mythique Rissala de Mustapha Akkad. Presque tous brandissent leurs propres portraits, esquissés par Chemseddine, accompagnés d'un message de remerciements à l'artiste.
À 33 ans, Chemseddine Belarbi – qui travaille comme décorateur à Mostaganem pour subvenir à ses besoins et ceux des siens – a encore la tête pleine de rêves. "Je suis en train de travailler sur un livre de bande dessinée qui retrace un peu l'histoire de la région, et j'aimerais tellement trouver un moyen d'ouvrir une école d'arts graphiques pour transmettre aux jeunes", souhaite l'artiste qui, en raison du manque de ressources, continue de travailler avec du matériel amateur, dans la même salle de séjour où il reçoit ses visiteurs.
"J'avoue qu'à cause du manque d'intérêt des autorités culturelles, j'avais annoncé ma retraite. Mais j'ai reçu un appel d'un responsable du ministre de la Culture qui m'a prié de ne pas baisser les bras, en promettant de me soutenir", lâche Chemseddine avec son sourire hésitant. Celui qui continue de résister au chant des sirènes – peut-être aussi à cause de la pandémie – finira un jour par lâcher prise et partir pour des cieux plus cléments.
À moins que, pour une fois, le ministère de la Culture ne se décide à lui offrir ce qu'il a toujours refusé aux artistes algériens : l'opportunité de s'épanouir et de vivre dans la dignité.

S. OULD ALI


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