Le ministère de l'Industrie pharmaceutique veut mettre un terme aux dysfonctionnements à l'origine des perturbations enregistrées sur le marché national du médicament. Le département de Lotfi Benbahmed avertit, dans un communiqué, l'ensemble des opérateurs intervenant dans le secteur, en l'occurrence les producteurs, les importateurs, les distributeurs en gros et les pharmaciens d'officine, que "toutes les pratiques commerciales susceptibles d'entraîner des tensions et ruptures d'approvisionnement de certains médicaments dans n'importe quel point du territoire national sont passibles de sanctions administratives, financières et pénales conformément à la législation en vigueur". Le ministère rappelle tous les acteurs du marché que les pratiques de "rétention, de ventes concomitantes, de ventes dites de ‘packs' ou selon le montant de la facture ou suivant les quantités commandées sont strictement interdites" et exposent leurs auteurs à des poursuites judiciaires, à des amendes et autres sanctions. La tutelle invite ainsi les intervenants dans le secteur du médicament à prendre leurs responsabilités et à assumer les conséquences en cas de dérives et autres irrégularités qui engendreraient des ruptures dans l'approvisionnement du marché en produits pharmaceutiques. Car, seul le malade, en dernier ressort, subit les contrecoups de ces dysfonctionnements. Et c'est sa santé qui est en jeu. Un souci que ne manque pas d'exprimer, d'ailleurs, le Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo), qui a évoqué, il y a quelques jours, une pénurie de quelque 335 médicaments, compliquant davantage leur relation avec leurs clients. La mission principale du pharmacien est d'assurer l'accessibilité des médicaments aux citoyens, mais "cette mission est compromise à cause de l'indisponibilité, depuis plusieurs mois, de dizaines et de dizaines de médicaments", a déploré le syndicat. Le Snapo a pointé un doigt accusateur vers les distributeurs à qui il reproche certaines pratiques, telles que la rétention, la vente concomitante... et a entamé une "grève blanche" tous les dimanches, consistant en le boycott ou le refus de passer commande auprès de ces grossistes. En réaction à cette accusation, l'Association des distributeurs pharmaceutiques soutient mordicus que les ruptures n'ont pas pour origine une quelconque pratique "malsaine" de ses membres, mais qu'elles sont dues à des problèmes inhérents au fonctionnement du mode de régulation. "Ces problèmes se sont toujours rapportés aux retards des autorisations de programmes d'importation, aux limites du système d'enregistrement, à la gestion des interdictions d'importation et à l'absence d'un système d'informations. Ce sont ces problèmes en amont qui dérèglent la distribution et non l'inverse", explique cette organisation. Après la réunion à laquelle ils ont été conviés par Lotfi Benbahmed, les responsables du Snapo ont annulé leur mouvement de protestation. Ainsi, le ministère décide de renvoyer dos à dos toutes les parties impliquées dans cette polémique et prend les choses en main. Des brigades d'inspection sur le terrain Pour lutter sur le terrain contre toutes ces pratiques jugées illicites, les ministères de l'Industrie pharmaceutique et du Commerce ont décidé d'envoyer des brigades mixtes d'inspection pour des contrôles au niveau des établissements pharmaceutiques. Cette mesure s'inscrit dans le cadre du programme tracé par la tutelle, ayant pour objectif le règlement de la problématique des ruptures des médicaments qui affecte le marché national depuis de nombreuses années. "Le secteur de l'industrie pharmaceutique prend en charge la régulation des activités pharmaceutiques, la fabrication, l'importation, l'exploitation, la distribution et l'exportation liées au produit pharmaceutique et au dispositif médical, dans la concertation la plus totale avec l'ensemble des acteurs de la chaîne du médicament et du corps médical", rappellait le département de M. Benbahmed dans un précédent communiqué. Le ministère a tenu à rassurer, de ce fait, l'ensemble des citoyens sur les "éventuelles ruptures annoncées par certaines parties visant à installer un climat d'instabilité et d'inquiétude". La création toute récente de l'Observatoire national sur la disponibilité des produits pharmaceutiques, impliquant toutes les parties, même les prescripteurs, et s'appuyant sur une nouvelle plateforme numérique, "est l'une des avancées majeures ayant pour objectif le règlement de la problématique des ruptures", souligne la même source. "L'Observatoire ainsi que la Direction de veille stratégique au sein du ministère travaillent en étroite collaboration, afin de pallier cette problématique et répondre au mieux aux besoins de la population", affirme le ministère, qui invite également toute personne victime de ces pratiques commerciales illégales de lui envoyer une réclamation avec des éléments informatifs et justificatifs à l'adresse mail : [email protected]