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"LE CONSERVATISME A DETOURNE LES COMPOSITEURS VERS DES MUSIQUES PLUS LEGÈRES"
SALIM DADA, MUSICIEN ET CHEF D'ORCHESTRE
Publié dans Liberté le 01 - 07 - 2021

Dans le cadre du 21e festival culturel européen (du 24 juin au 2 juillet), le musicologue et chef d'orchestre Salim Dada a présenté avec ses musiciens "Waçlat Al-Ashwâq", un spectacle unique alliant chant et poésie. Dans cet entretien, il revient sur ce projet et les origines de la "waçla".
Liberté : Vous avez présenté, lundi, dans le cadre du 21e festival européen, le spectacle Waçlat al-Ashwâq. Pouvez-vous nous éclairer sur les origines de la "waçla" ?
Salim Dada : La waçla est considérée comme le monument saillant et le témoin concret de l'évolution et du raffinement de l'art musical dans la civilisation islamique. De l'Asie centrale à l'Andalousie en passant par le Proche-Orient et le Maghreb, cette longue suite vocale et instrumentale a pris le nom de waçla au Sham et en Egypte, nawba en Andalousie et au Maghreb, radîf en Iran, fâçil en Turquie, maqâm irâqi en Iraq, mugâm en Azerbaïdjan, etc.
Diversité de styles et de noms, variété de formes et du contenu musical, mais unité d'esprit, car le fil conducteur qui relie ces différents types de waçla est la dévotion d'une certaine idée d'ascension et d'élévation, d'un stade terrestre et matériel vers un autre état céleste et spirituel. Un chemin initiatique que qualifieraient les maîtres soufis de "samaâ" ; une écoute profonde et dévouée qui assure l'évolution dans les maqâmât, différents stades de purification du cœur et d'enchérissement de l'esprit selon la tradition mystique soufie. Techniquement, la waçla consiste en une suite de plusieurs musiques et chants, avec des rythmes riches et variés, collés ensemble avec harmonie et saveur, selon une dynamique stratifiant qui ramène l'auditeur au sommet de l'émotion, vers un état d'épuration spirituelle et d'extase sensitive. L'unité modale du maqâm et la variété de son développement sont une constate dans la waçla. Un art musical riche et fécond qui emploie différents types d'expressions et formes musicales.
Les "waçla" sont-elles toujours pratiquées ?
Malencontreusement, la composition des waçla, comme celles des nawba d'ailleurs, s'est figée depuis quelques siècles. Un certain conservatisme chauvin, un changement de goût de la société et une influence occidentale ont détourné les compositeurs vers des musiques moins rigoureuses, plus courtes, voire plus légères. Un des derniers témoins de ces magnifiques suites musicales arabes est sans doute le façil de Mawlâya asqi-l-'itâsha takarruma (Maître servez les assoiffés de votre générosité) de l'Alépin cheikh Muhammad Mandjabi qui date de 1776 et qui est encore chantée aujourd'hui par les habitants d'Alep en période de sécheresse après la prière des ascites. Depuis, la waçla s'est vue remplacée par d'autres formes musicales telles que les dawr, muwashshah, taqtûqa, qaçîda, ughniya, hawzi, 'rûbî, qçîd chaâbi... qui ont pris le dessus et ont constitué, depuis la deuxième moitié du XIXe siècle, le nouveau corpus musical arabe dans le Mashreq ou le Maghreb.
Comment est né votre projet "Waçlat al-Ashwâq"?
Mon projet de composer une waçla est le fruit de ce constat et ces réflexions. L'ébauche de cette composition date d'une quinzaine d'années (2004-2006) qui a abouti à une première élaboration d'une suite de facture traditionnelle (takht arabe et chorale, avec des musiciens non lectures) sur le mode nahâwund au nom de Waçlat al-Ashwâq qui fut restituée après un stage musical pour la première fois le 20 octobre 2006 à Laghouat par des musiciens et des chanteurs amateurs locaux.
Détourné et occupé par d'autres créations symphoniques et chambristes lors de ma résidence de compositeur avec l'Orchestre symphonique national (2006-2009) et mes séjours d'étude et de création en Italie (2008-2010) et en France (2010-2014), cette Waçlat al-Ashwâq n'a malheureusement pas bénéficié de la diffusion et la popularité qu'elle se doit, et pourtant plusieurs troupes de inshâd dînî ont continué de façon spontanée à la chanter partiellement dans les festivals nationaux et les fêtes populaires. De mon côté, j'avais procédé à des arrangements et à des orchestrations de quelques parties de cette waçla, ce qui a donné naissance à "Ashwaq Samai Nahawund pour orchestre, lauréat du prix de meilleure composition symphonique arabe en 2007 par le Colloque des instituts de musique du monde arabe et le Collegium musicum de l'université de Bonn et programmation dans la tournée allemande de l'Arab Youth Philharmonic Orchestra, "Lounga Nahawound", danse symphonique choisie pour les rencontres et les concerts de l'Euro-Mediterranean Youth Orchestra à Damas en 2008. En 2018, j'ai repris un mouvement de Waçlat al-Ashwaq et fait de lui une œuvre symphonique autonome en quatre parties, L'Amour est ma croyance pour mezzo-soprano, ney, oud et orchestre symphonique, qui a été créée le 16 mars 2018 au grand amphithéâtre de l'université de la Sorbonne par l'Orchestre des Sorbonne Universités (commanditaire de l'œuvre) avec comme voix soliste la diva marocaine Karima Skalli.
Quel est le but de cette démarche ?
Waçlat al-Ashwâq a l'ambition de combler un vide d'au moins deux siècles en proposant, non un travail muséal, mais une approche créative ; un regard croisé, un retour aux sources, où vont reconquérir la poésie son élan soufi, le chant ses origines arabes, les formes instrumentales leur ancrage perso-ottoman, la modalité sa mixture entre un nahâwund oriental, un sîhli algérien et un mineur harmonique européen, le rythme sa prosodie arabe classique et le dandinement des rythmes maghrébins, et enfin l'intimité de l'ensemble musical arabe takht arabi son alter ego occidental, le combo jazz. Aujourd'hui et en vue de sa nouvelle forme et son intrumentarium hybride, Waçlat Al-Ashwaq a été totalement réécrite, arrangée et travaillée avec des musiciens de grande qualité interprétative. Sur le plan de la forme, Waçlat al-Ashwâq comporte 13 parties qui font une durée totale d'une heure et quart (75 mn).
Limité par le temps accordé par le festival, on n'a joué hier (lundi, ndlr) que 9 parties de la waçla (50 mn).
Comment s'est fait le choix des poèmes chantés ?
Le choix des poèmes n'est pas anodin, et l'idée de composer de nouvelles musiques sur des textes antiques ferait partie du défi de ce projet. Plusieurs poètes ont été choisis pour le corpus littéraire de Waçlat al-Ashwâq ; certains sont très connus : les Andalous Ibn Arabi (XIIe s.), Ibn Sahl Al-Ishbili (XIIIe s.) et Lissan ad-Dine bnu-l-Khatib (XIVe s.), ou d'autres un peu moins : le Tunisien Ibrahim bnu Ali al-Hoçri (Xe s.), l'Irakien Saffiyuddin al-Hilli (XIIIe s.), l'Egyptien Ibnu Nabata (XIVe s.). Ce qui donne l'homogénéité dans ce corpus poétique et la haute facture linguistique dans ces textes, la force des images poétiques évoquées, la lecture de portée mystique dans plusieurs de ces poèmes, ce qui donne à mon goût une haute valeur spirituelle et une grande musicalité verbale qui m'inspire dans ma composition musicale.
De quelle manière s'est constitué le "Salim Dada & Cie" ?
Trois entités instrumentales constituent le "Salim Dada & Cie" désormais.
D'abord deux musiciens de Laghouat qui ont assisté et participé à la première restitution qui a eu lieu en 2006 : Barkane Mekhademi au violon arabe et Habib Boumegoues au oud. Un chœur d'hommes et des percussions traditionnelles de la région de Blida, avec Youcef Soltani (coach vocal et choriste), Abderrahmane Akrout (choriste et soliste), Ahmed Hadj Kouider, Rédha Deriassa comme choristes, ainsi qu'Oussama Mebarka (riqq, tar ) et Hichem Boutahraoui (deff, derbouka).
Le troisième élément du groupe est la section harmonique avec moi-même à la guitare et au chant, Mehdi Djama au saxophone et Amina Mekkaoui à la contrebasse.
Un pianiste fait partie également du groupe, mais malheureusement, le nôtre a été atteint de Covid deux jours avant le concert.
Avez-vous l'intention de sortir un album et effectuer une tournée avec ce spectacle ?
L'idée de faire un enregistrement discographique est un élément catalyseur dans ce projet. J'avais prévu de rentrer en studio en 2022 pour enregistrer l'intégrale de Waçlat al-Ashwâq.
Quand l'invitation de l'ambassade d'Italie m'est parvenue afin de la représenter au 21e Festival culturel européen d'Alger, j'ai saisi cette occasion pour monter ce projet et me donner les moyens pour le faire de façon convenable. Après la création du TNA le 28 juin dernier, il nous faut maintenant faire tourner ce spectacle afin de le consolider, le faire mûrir et le diffuser aux différents publics nationaux et internationaux.

Entretien recueillis par : HANA MENASRIA


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