L'hôpital chahid Meghenem-Lounès d'Azazga, dans la wilaya de Tizi Ouzou, traverse, depuis quelques jours, une situation des plus difficiles, n'arrivant plus à faire face au flux de plus en plus important de malades atteints de Covid-19. Ce qui se répercute sur leur prise en charge sur le plan médical. Selon des informations recueillies hier auprès de sources médicales, cet hôpital de 240 lits ne compte pas moins de 150 malades atteints de Covid, soit environ les deux tiers de sa capacité totale. Les trois derniers étages de l'hôpital dédiés à la Covid sont déjà saturés et les nouveaux patients sont gardés au service des urgences. Pour les plus chanceux, ils ont, peut-être, un lit dans une chambre, les autres sont installés sur un matelas, sur une table ou sont à même le sol. Cet établissement hospitalier est contraint de transférer certains patients en détresse respiratoire, faute de moyens d'oxygénation suffisants sur place. Le personnel médical, notamment les infirmiers, sont à bout de souffle et psychologiquement au bord du burnout, au milieu de ce chaos de lits et de malades entassés dans les couloirs des urgences. "On ne peut même pas transporter un malade sur un chariot par manque d'espace", déplore Siham, une infirmière, qui affirme enchaîner garde sur garde depuis plusieurs semaines. "S'il te plaît, excuse-moi ! je n'en peux plus des gardes interminables, de voir des malades souffrir, des décès. Je ne parle pas de la fatigue, de la panique, de la peur d'être contaminée et du manque de moyens qui nous compliquent la tâche !", dit-elle au parent d'un malade atteint de Covid-19, avant de disparaître derrière la porte du bloc des urgences. "Depuis quelques jours, il a fallu augmenter la charge de travail du personnel, passant de 5 à 3 jours de récupération", explique Nacer, un autre infirmier, rappelant que plusieurs de ses collègues ont vu leurs congés annuels annulés. "Avec des gardes de plusieurs heures sans discontinuer, nous n'avons plus de répit. Nous sommes épuisés et à bout de nerfs. Nous aussi, nous sommes des êtres humains, nous pouvons tomber malades et contaminer nos familles", a-t-il lancé. Les patients qui arrivent la nuit, sont gardés des heures sur une civière, affirment des parents de malades, qui attendent qu'une place se libère pour hospitaliser un des leurs. "Vendredi dernier, un patient est décédé au service des urgences et deux autres dans le service Covid, ce qui fait au total trois décès en 24 heures. Exceptionnellement, c'est moins que les autres jours", raconte Hamid, un jeune médecin, tout en sueur. Cependant la tension est à son comble. Le service est toujours débordé et le personnel à bout de force. Pas facile d'entamer une discussion avec les médecins et les infirmiers sur place. Tous pressés de sauver des vies ou de porter assistance à des confrères très fatigués. Concernant la disponibilité de l'oxygène, un infirmier affirme qu'il y a moins de tension que les jours précédents. Cela n'empêche pas des ruptures de stock qui durent des heures. "Quelques heures sans oxygène, on peut en mourir", explique encore notre interlocuteur. Des transporteurs volontaires de la région sont souvent en alerte. Ils arrivent toujours à temps pour demander des bons de commande pour aller remplir les bouteilles vides. Ils roulent jour et nuit pour pouvoir approvisionner l'hôpital en oxygène à temps. La population s'est mobilisée pour cela. On ne veut plus entendre parler d'un malade mort par étouffement. Au milieu de cette pression, les responsables de l'hôpital ont décidé de déprogrammer de nombreuses interventions chirurgicales et renvoyer chez eux certains patients. KAMEL NATH OUKACI