C'est plutôt dans les zones rurales que le secteur de l'éducation patauge dans la boue, manquant de transport scolaire et de chauffage, mais aussi de suffisamment de moyens pour fournir aux élèves des repas chauds dans les cantines. Classes surchargées, salles non chauffées, transport scolaire non assuré, cantines fermées, manque d'enseignants, livres scolaires non disponibles : tels sont entre autres les principaux indices qui sont mis en exergue et autour desquels gravite la peu reluisante situation qui prévaut dans certains établissements scolaires de la wilaya de Mascara, particulièrement ceux implantés en zones rurales. Plus d'un mois après la rentrée scolaire, ces lacunes ont été recensées au niveau de plusieurs établissements des trois paliers et sont susceptibles de mettre en échec l'année scolaire. En effet, en dépit des réalisations périodiques de nouveaux groupes scolaires tous paliers confondus, plus 20% des établissements dans le primaire fonctionnent avec des classes surchargées, ce que n'apprécient ni les enseignants ni les élèves, encore plus les parents qui condamnent de telles pratiques. En dépit des instructions dans le cadre de la lutte contre la pandémie de coronavirus, dans certains établissements, particulièrement ceux du second palier, les classes fonctionnent avec 35 élèves. Pour pallier ces insuffisances, la wilaya a accordé des fonds pour l'achat et les équipements de chauffage à 26 communes car, dans le même registre, il y a lieu de constater l'absence de chauffage ou des appareils inopérants à l'intérieur de certaines classes, à l'exemple de celles dans des écoles implantées dans les communes de Hacine, de Bouhenni, de Froha et de Mamounia, pour ne citer que celles-ci, ce qui déstabilise les élèves et retarde leur réceptivité, notamment en période hivernale. Les chefs des établissements scolaires au sein desquels sont enregistrées ces carences pointent du doigt les présidents d'APC à qui incombe la responsabilité de l'entretien des établissements scolaires. De leur côté, les maires avancent l'absence de crédits pour l'achat du fuel destiné au chauffage au moment où des sommes énormes sont dépensées pour l'achat du carburant pour les véhicules de services réservés le plus souvent pour usage personnel par les fonctionnaires et les élus. A contrario, dans certaines classes équipées de chauffage et où le fuel est disponible, ce sont les enseignants qui hésitent à les allumer. Et pour cause, explique Slimane et Fatima-Zohra, enseignants à Mascara-ville : "Nous restons prudents quant à l'usage de ces chauffages, lesquels faute d'entretien sont à même de dégager du monoxyde de carbone pouvant mettre en danger la vie des élèves. Nous préférons le froid naturel au risque d'inhalation de ce monoxyde de carbone. Sinon, nous prenons le soin d'aérer les classes par l'ouverture des portes ou des fenêtres." Le tableau est davantage noirci, sachant que presque toutes les cantines scolaires dans le primaire ne fonctionnent plus et qu'en guise de repas les enfants n'ont droit qu'à un bout de pain et à une pomme, une orange ou un morceau de fromage, ce qui pénalise les élèves qui résident loin des établissements qu'ils fréquentent, qui, faute de temps, ne peuvent rentrer chez eux à midi. Dans le même contexte, le manque de transport scolaire est manifeste dans une grande partie des communes de la wilaya. À Mascara, à Oud-El-Abtal, à Tizi, à Ghriss Taria, à Guethna et la liste est longue, des écoliers sont exposés aux multiples dangers qui poussent souvent des parents à ne pas laisser leurs enfants prendre de tels risques, préférant mettre un terme à leur scolarité. La situation est différente à Aïn Farès, à El-Bordj et à Zahana, puisque ces daïras ont passé des conventions avec des transporteurs privés afin d'assurer le ramassage scolaire dans les communes sous leur coupe. "Si le service est, bon gré mal gré, assuré le matin, ce n'est pas le cas le soir. Les transporteurs brillent par leur absence, laissant les enfants abandonnés à leur triste sort et contraints d'effectuer le trajet retour à pied", a déclaré le responsable de l'association des parents d'élèves de Sig.
