Liberté : Les écoles ont été fermées à plusieurs reprises depuis mars 2020. Quelles pourraient en être les conséquences sur le parcours scolaire des élèves ? Bachir Hakem : En Algérie, nous n'avons jamais tenu compte des rythmes scolaires et, de ce fait, nous avons enregistré des grèves de plusieurs mois sans jamais en évaluer l'impact sur le parcours scolaire de l'élève. Lors du premier confinement, l'année scolaire a été tronquée d'un trimestre et nous ne nous sommes jamais posé la question de l'impact car pendant que l'école ferme, les cours particuliers ne s'arrêtent jamais ; d'ailleurs, les taux de réussite au baccalauréat ont été les mêmes pendant deux années de suite. Le vrai impact se fera ressentir à l'université, car les programmes n'ont pas été terminés dans les meilleures conditions, suivant un rythme scolaire bien établi. Cette année, nous avons un retard sur les programmes officiels de 10+10 (10 jours pour le premier trimestre et 10 jours maintenant), c'est-à-dire de trois semaines. Etant donné que le baccalauréat est fixé à la mi-juin, il n'y a pas péril en la demeure et le retard pourra être facilement rattrapé, encore que la fermeture des écoles n'empêche pas les cours particuliers de se poursuivre. Une question reste posée cependant : à quoi sert cette rupture si les élèves se ruent sur les cours particuliers ?
Comment remédier à ces retards ? Officiellement, les retards ne peuvent se rattraper que si on suit un rythme scolaire normal, mais comme les examens sont fixés en fonction des cours étudiés pendant l'année, sans tenir compte des acquis des élèves, cela n'est pas ressenti en fin d'année. Mais les retards accumulés pendant ces trois années et précédemment, lorsqu'on avait créé le seuil des programmes, sont ressentis sur le niveau des étudiants et de la formation. Ce que nous pouvons constater à tous les niveaux. Les retards accumulés pendant ces trois années sont donc récupérables... Oui, particulièrement dans le secondaire qui doit, cependant, subir une vraie réforme pour sauver ce qui peut l'être. Un cycle secondaire de quatre années, comme en Tunisie, permettrait de rattraper les retards accumulés pendant cette pandémie. Nous pouvons également en profiter pour établir la réforme du bac qui se déroulerait en deux parties et l'examen final de la quatrième année secondaire se ferait en trois jours, avec uniquement les matières dites essentielles. Ce que nous avions proposé au niveau du CLA, à l'occasion de l'université d'été de Melbou, à Béjaïa, en 2017. Aujourd'hui, revoir le baccalauréat, le rythme scolaire au niveau du secondaire et l'orientation s'impose, mais personne n'a le courage d'aller vers une refonte de l'éducation, particulièrement de l'enseignement secondaire.