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La mémoire de l'oubli
Kateb Yacine
Publié dans Liberté le 14 - 11 - 2005

En écrivant une série d'articles sur Ibn Batouta, le célèbre penseur arabe né à Tanger, mort en 1377, Kateb Yacine le définissait comme “le Maghrébin errant” et c'est en définitive à lui que s'applique cette notion d'errance, tant l'instabilité et le nomadisme intérieur avaient marqué son propre parcours littéraire.
L'écrivain public s'est servi des mots comme force pour lutter contre l'absurde et l'incompréhension, car il était l'un des écrivains de sa génération le plus incompris. Il fut plus honni qu'adulé, parfois plus pour ses positions satyriques à propos de religion, d'autorité, que ses œuvres reconnues obscures. Combien sont-ils ceux qui ont refermé Nedjma sans rien comprendre ? Cette complexité de l'écriture de Kateb Yacine est le cheminement logique du parcours hermétique de l'adolescent qui fut pris dans les pires tourments. Confronté à des situations complexes, les mouvements de révolte dans une Algérie déchirée, les affres de l'emprisonnement, l'amour interdit d'une cousine, les lectures marxistes, tant d'émotions difficiles à contenir et qui se sont répercutées dans une œuvre singulière. Pour rappel, Nedjma était un long poème qui s'est transformé en roman, puis en pièce de théâtre. Mais, l'écrivain consacré à Paris a du mal à se faire accepter par les siens. Les critiques de l'époque ne furent pas tendres et certains avaient même titré leur article “Faut-il brûler Kateb Yacine ?” De nos jours, Kateb Yacine n'a toujours pas la place qu'il revendiquait déjà de son vivant dans le champ littéraire algérien ; très peu connaissent ses œuvres. Il aurait donc fallu une Année de l'Algérie en France pour que soit rendue à Kateb Yacine son illustre voix et pour que son nom brille à nouveau comme sa Nedjma dans un ciel propice à sa célébration. N'est-ce pas paradoxal pour cette Algérie qui a besoin de faire bonne figure en faisant appel pour soigner sa culture universelle et son image littéraire d'un Kateb Yacine jusque-là voué aux gémonies ? Soit qu'il soit rendu la parole à celui qui disait que “si j'avais écrit des choses simples, je n'aurais jamais écrit ce qu'il y a de plus profond en moi”.
À 28 ans, l'enfant terrible de Constantine, qui s'attachait à sa langue berbère comme à une balise de détresse, écrivait sous l'impulsion d'une mère qui l'abreuvait de vers et de prose, Nedjma, son premier roman en 1956, l'équivalent de L'Etranger d'Albert Camus, qui écrivit justement à propos de Nedjma, publié en 1957, en pleine guerre d'Algérie : “Exilés du même royaume, nous voici comme deux frères ennemis, drapés dans l'orgueil de la possession renonçante ayant superbement rejeté l'héritage pour ne pas avoir à le partager. Mais voici que ce bel héritage devient le lieu hanté où sont assassinés jusqu'aux ombres de la Famille ou de la Tribu, selon les deux tranchants de notre verbe pourtant unique.” Quarante ans plus tard, Nedjma reste l'une des œuvres majeures de la littérature contemporaine algérienne. Et son auteur cherche toujours à reconquérir cette voix qui lui fut usurpée depuis des années. Ainsi, l'amoureux de Nedjma, cousine abusée, femme fatale, Algérie interdite, qui s'est dérobée aux regards indiscrets pour naître mystiquement, justifiant ses amours perdues, et ses révoltes résolues à travers des textes forts, des textes vivants qui restent des classiques : Le Polygone étoilé, L'homme aux sandales de caoutchouc et le Cercle des représailles. Ils sont revenus cette semaine dans nos souvenirs le temps d'une date, celle de sa mort, le 28 octobre qui — triste constat — est passée sans une halte à sa mémoire. Triste de constater aussi que le temps qui passe n'arrange en rien cette mémoire sélective et cette amnésie partielle.
Biographie
Kateb Yacine est né le 6 août 1929 à Constantine, d'un père “oukil judiciaire” instruit à la double culture, française et musulmane, et d'une mère douée pour la poésie et qui, croyant que son fils avait été fusillé lors des émeutes de mai 1945, sombra dans la folie et devient cette femme sauvage que Kateb décrit dans une de ses pièces. Au lycée, Kateb va se passionner pour la Révolution française et quand surviennent les émeutes de mai 1945, alors, âgé de
15 ans, il est au milieu du drame. Emprisonné après avoir assisté aux tueries massives, puis renvoyé du lycée pour insubordination, commence alors l'errance pour Kateb à travers l'Algérie puis la France. Cette expérience va se ressentir dans ses écrits, d'où la naissance du recueil de poésies Soliloques, publié en 1946 aux éditions Réveil bônois. En 1947, il donne une conférence sur l'Emir Abdelkader à Paris, et en 1948, il entre au quotidien Alger républicain où il rencontre Mohamed Dib. En 1948 également, paraît la première version de Nedjma au Mercure de France. À partir de 1951, Kateb Yacine va exercer plusieurs petits métiers, notamment ouvrier agricole aux côtés de Malek Haddad. En 1957, il part à l'étranger — France, Italie, Belgique, Allemagne —, avant de revenir dans les années 1970 pour s'installer tant bien que mal à Sidi Bel Abbès et mettre à profit son expérience et ses créations théâtrales. Kateb Yacine est mort le 28 octobre 1989 et inhumé le 1er novembre.
Nassira Belloula


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