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“Je suis de tout cœur avec les familles des victimes”
Le gérant de l'hôtel le square se confie à liberté
Publié dans Liberté le 26 - 12 - 2005

M. Abdennour Ouerdi revient sur les circonstances du drame de l'effondrement de l'hôtel Le Square dont il est le gérant. Il tient à dire sa vérité et à exprimer surtout son soutien aux familles des victimes, lui qui a vécu dans sa chair un autre sinistre autrement plus terrifiant, le séisme du 21 mai.
C'est un homme profondément affecté qui nous a rendu visite à la rédaction, samedi dernier, pour fournir quelques clarifications qu'il a jugé utiles d'apporter.
Lui, c'est M. Abdennour Ouerdi, 35 ans, universitaire de formation et gérant de l'hôtel Le Square, sis au 2, rue Rabah-Arouri (ex-Bocchus), près du Théâtre national algérien, établissement qui, rappelle-t-on, s'est partiellement effondré le 20 décembre dernier, tôt le matin, faisant 8 morts et 8 blessés. Pour commencer, M. Ouerdi a tenu à exprimer une chaleureuse pensée aux familles des victimes de ce sinistre : “Je tiens à présenter à toutes les familles des victimes mes sincères condoléances en souhaitant de tout mon cœur un prompt rétablissement aux blessés. Je tiens à assurer les familles de mon entière disponibilité pour toute aide que je pourrais leur apporter”, dit-il. Et de préciser : “Parmi les victimes, il y avait des gens de ma famille. Vous comprendrez donc que c'est une épreuve doublement difficile”. Depuis le drame, M. Ouerdi n'a eu de cesse de courir d'une famille à l'autre, d'un hôpital à l'autre, partageant le deuil des uns et apportant un soutien matériel aux autres.
Muni d'une pile de documents de toute sorte, Abdennour Ouerdi tient à démontrer que réglementairement, il est inattaquable. D'emblée, il tient à préciser que l'effondrement ne concerne pas tant son hôtel que l'immeuble qu'il abrite, “un immeuble vétuste qui remonte à 1860”. “Il s'agit d'une partie de l'immeuble dont je ne suis pas propriétaire. Je dois souligner que je ne suis que le gérant d'un fonds de commerce sous forme d'hôtel. Les murs sont la propriété de l'OPGI”. Notre interlocuteur indique qu'il exploite cet hôtel depuis le 12 août 1990. Il ajoutera que son établissement est un R+4 lui-même dressé sur des locaux qu'il ne gère pas : “La partie inférieure de l'immeuble comprend des locaux commerciaux composés d'un sous-sol de deux niveaux avec une extension de plusieurs garages, et qui sont actuellement le bien de trois associés. Ces locaux n'ont jamais été, à ma connaissance, exploités. Nous pouvons même dire qu'ils étaient fermés et abandonnés depuis trente ans.”
Des infiltrations meurtrières
Une situation qui expliquerait la dégradation desdits locaux : “Cet état de fait a provoqué des infiltrations d'eau pluviale qui ont causé des dégradations aux structures de l'immeuble”, explique le gérant. Et d'ajouter: “ Nous tenons à signaler aussi que le toit des locaux situés au-dessous de notre balcon, un toit en zinc, est en très mauvais état.” Photographies à l'appui, M. Ouerdi nous montre ainsi comment ladite toiture de zinc est attachée au socle de l'hôtel moyennant des câbles, exerçant ainsi une traction sur l'un de ses murs porteurs. Il indiquera par ailleurs avoir étayé le plancher de l'hôtel avec des pieds droits métalliques à défaut d'en consolider les fondations. “J'ai eu au préalable l'accord des associés et j'ai engagé un bon expert qu'on m'a conseillé pour cela. J'ai découvert au passage l'existence d'une structure métallique relativement récente qui a été installée, et qui aurait pu fragiliser les murs porteurs. Nous laissons le soin aux experts de se prononcer là-dessus.” Concernant le décompte réel des victimes, M. Ouerdi affirmera qu'il y avait exactement 8 blessés et non 22. “Quatre sont sortis et un cinquième doit sortir demain dimanche. Il m'avait d'ailleurs demandé des béquilles. Il n'y a pas vraiment de blessés graves.”
Les blessés sont pour la plupart des polytraumatisés nécessitant une prise en charge en orthopédie. “La nuit du drame, il y avait exactement 34 clients dont 13 ont loué le jour même. L'hôtel comprend 28 chambres et affichait presque complet cette nuit-là. Les dires de certains, qui ont parlé d'hôtel en travaux, sont dénués de tout fondement”, indique M. Ouerdi. Il insistera sur le fait qu'il passait souvent la nuit à l'hôtel. “En mon absence, c'est mon jeune frère, réceptionniste”, dira-t-il. Arborant des photos prises après le drame, il explique : “Constatez par vous-même du très bon état des chambres. L'escalier est intact, la réception, les extincteurs, les issues de secours, tout est en règle. Je ne nie pas avoir engagé quelques petites réparations suite au séisme du 21 mai. Mais rien de méchant.”
Par ailleurs, M. Ouerdi affirme que le CTC était passé après le séisme constater si la bâtisse tenait bon. RAS. “La partie non effondrée de l'hôtel peut être visitée et confirmer le bon état des chambres mises à la disposition des clients. Je signale la conformité des normes d'hygiène et de sécurité demandées par tous les services”, note-t-il, avant de souligner : “Il ne se passe pas un mois sans que nous recevions la visite inopinée de tel ou tel service pour un contrôle : Protection civile, service des impôts, services d'hygiène et de sécurité de l'APC, services du tourisme, la police, l'OPGI…” Arborant à nouveau ses documents, il lance : “Comme vous le voyez, je suis à jour. Tous mes papiers sont en règle. Nous payons toutes nos cotisations sociales, nos locations, nos impôts…” Le gérant précise, par ailleurs, que son établissement est assuré contre les catastrophes naturelles et que le personnel de l'hôtel est assuré également.
Un veilleur de nuit héroIque
M. Ouerdi tient pour finir à saluer “le courage et le sang-froid exceptionnels” du veilleur de nuit, Rabah Rémidi. “Quand l'hôtel s'est effondré, il a réveillé les clients des chambres voisines, il a eu le bon réflexe d'actionner l'alarme pour réveiller tout le monde et, mieux encore, il a remonté les escaliers et aidé la plupart des clients à se sauver. Ainsi, grâce à sa vigilance, nous avons eu 18 clients sains et saufs.” Au passage, le gérant de l'hôtel soulève une autre ambiguïté : “Ceux qui ont prétendu que des bruits de craquement se faisaient entendre bien avant l'effondrement ont dit faux. Les craquements n'ont été entendus qu'à l'effondrement de l'hôtel à 4h20, jamais avant.” Et de poursuivre : “La réputation de notre hôtel est telle que nous recevons nombre de clients étrangers : des Américains, des Canadiens, des Anglais, des Français… Notre clientèle se renouvelle à raison de 70% par jour.” “Nous avons toujours eu une ambiance conviviale au sein de l'hôtel, rehaussée par l'arrivée de ammi Rabah que tout le monde apprécie pour ses qualités humaines.”
M. Ouerdi insiste encore une fois pour dire sa disponibilité envers les familles des victimes : “J'ai été jusqu'à Tizi Ouzou présenter mes condoléances à des familles. J'ai été partager le repas du deuil avec une famille de Saint-Eugène dont le fils préférait venir passer la nuit à l'hôtel, alors qu'il avait un logement à Z'ghara. Les familles se sont montrées stoïques et courageuses. J'ai eu des messages de sympathie d'un peu partout. Des clients que j'ai eus seulement la veille du drame sont venus aux nouvelles.”
Que compte faire à présent M. Ouerdi ? Rappelons que le parquet s'est autosaisi de l'affaire. Il faudra donc attendre le verdict du tribunal. Mais indépendamment de cela, M. Ouerdi est effondré. Il ne se voit pas reprendre une activité normale de sitôt. “Comment reprendre avec huit morts sur les bras ?” lâche-t-il, ému. Il ne dort pas.
Ne mange pas. Il faut signaler un fait très important : Abdennour Ouerdi en est à sa deuxième épreuve face à la mort.
Le 21 mai 2003, il a perdu sa femme, son enfant et toute sa belle-famille à Réghaïa, suite au terrible séisme qui avait balayé la ville. Les corps retirés des décombres de l'hôtel, on le comprend bien, ont dès lors remué en lui de poignants souvenirs : “Je comprends la douleur des familles. C'est une souffrance que je connais trop bien. J'ai dû passer en revue une centaine de cadavres à El-Alia pour identifier les miens”, se rappelle-t-il avec beaucoup de dignité, la voix étranglée par l'émotion, avant de confier : “Je suis traumatisé à vie !”.
M. B.


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