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Chirac le “Alaouite”
Un livre révèle la face cachée des relations franco-marocaines
Publié dans Liberté le 09 - 03 - 2006

Le conflit a maintenant plus de 30 ans alors que son issue paraissait naturelle. Au nom du principe de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation, au nom de la légalité internationale, la question du Sahara occidental avait sa solution dans la tenue d'un référendum d'autodétermination.
L'ONU ne s'y est pas trompée en adoptant cette solution avec la mise en place d'une mission chargée de préparer la consultation qui aurait permis aux Sahraouis de décider de leur destin : choisir entre l'intégration au Maroc ou l'indépendance. Contraint d'accepter le principe sous la pression internationale, le Maroc s'est employé en pratique à le torpiller. Tous les sondages lui indiquaient l'issue fatale. Aujourd'hui, c'est à peine s'il accepte l'idée d'une autonomie des “provinces du Sud”. Si le royaume s'est obstiné dans cette démarche, c'est qu'il a pu compter sur le soutien infaillible de la France. Une complicité “caricaturale”, commente le journaliste du Monde Jean-Pierre Tuquoi qui vient d'éditer un livre sur les relations franco-marocaines. Le titre à double détente de l'ouvrage est un programme : Majesté, je dois beaucoup à votre père... France-Maroc, une affaire de famille. “Si la monarchie marocaine devait être emportée un jour, ce pourrait bien être à cause du Sahara occidental”, écrit le journaliste. La “famille” ne laissera jamais faire. “Engagé dans une course de lenteur, le Maroc sait pouvoir compter sur l'Elysée”, analyse Jean-Pierre Tuquoi, spécialiste du Maghreb.
Les raisons ? Il y a d'abord celles qui sont plus ou moins avouables : la France veut d'un Etat sahraoui qu'elle imagine purement et simplement aligné sur l'Algérie et refuse de croire à la viabilité d'un Etat construit sur du sable. Il y a les raisons inavouables : la France ne veut pas d'un Etat qui pourrait avoir comme langue l'espagnol, ce qui conduirait à rompre la continuité linguistique entre le Maroc et l'Afrique de l'Ouest. Il y a aussi la crainte de voir la monarchie emportée si le Sahara occidental accédait au rang d'Etat. L'Elysée et le Quai d'Orsay se sont employés à torpiller à l'ONU toute solution risquant ainsi de fragiliser le pouvoir du roi. Des diplomates se sont prêtés à cette mission. Certains peut-être par conviction. Pour d'autres, cela peut-être tout simplement pour de l'argent. Ce serait le cas de Jean-Bernard Mérimée.
Ancien ambassadeur à Rabat puis à l'ONU, cet “ami du Maroc” possède un chalet à Ouarzazate avec un confortable terrain offert par le roi. Lorsqu'il a quitté le Quai d'Orsay, la plus importante banque marocaine (BMCE) lui propose de rentrer dans son conseil d'administration. En tout cas, les Algériens sont convaincus qu'au sein de l'ONU, il a privilégié les amitiés franco-marocaines au-delà du raisonnable et l'ont accusé d'être payé par le Maroc. Aujourd'hui, Driss Basri, l'ancien et néanmoins très puissant ministre de l'Intérieur, reconnaît juste que Mérimée “nous aidait mais gratuitement”. Il rappelle toutefois qu'“il ne faut pas oublier l'esprit seigneurial de Hassan II pour ses amis”.
Un autre diplomate français, Bernard Millet, qui fut le conseiller diplomatique de Kofi Annan après un passage au Quai d'Orsay, dira que les Marocains pratiquent avec un art certain la politique des enveloppes pour combler les lacunes de leur diplomatie. Leur stratégie se résume à acheter les gens : les dirigeants du Polisario, les diplomates étrangers, les responsables des Nations unies au Sahara occidental. Exemple : devant effectuer une mission au Maghreb au sujet du Sahara occidental ponctuée d'une rencontre avec le roi, M. Millet s'est vu réserver deux chambres à l'hôtel Hilton de Rabat.
Dans l'une, un cadeau de bienvenue l'attendait. Au moins trois cents flacons de parfum. Le patron d'une chaîne de radio française en héritera en grande partie... Une collaboratrice de Millet à l'ONU n'avait pas les mêmes scrupules. Cette Française. “Elles nous a aidés, et je l'ai reçue à plusieurs reprises chez moi”, avoue Driss Basri. Le Maroc était soucieux d'obtenir les documents concernant le Sahara avant qu'ils arrivent en discussion au Conseil de sécurité. Ainsi, le roi avait le temps de réagir et de prévenir la France dont la diplomatie, accuse le journaliste, sous-traite le dossier du Sahara occidental devenu pour Paris une affaire de la plus haute importance car l'Elysée est convaincu qu'un référendum est suicidaire pour le royaume. Même le plan de James Baker qui prévoit une période d'autonomie avant une consultation référendaire est torpillé, alors qu'il est accepté par le Polisario pourtant défavorisé. Les Marocains y voient une “marche programmée pour l'indépendance”. Les Etats-Unis et l'ONU veulent son application. Mais la France va obtenir une version édulcorée qui ne prévoit pas de sanctions contre les récalcitrants.
D'où le statu quo. Pour le Maroc, Paris peut même jouer contre ses alliés de l'Union européenne. Ce fut le cas en 2002 lors du conflit avec l'Espagne sur l'îlot de Persil. C'est aussi le cas des discussions sur les accords de pêche où la France considère comme marocaines les côtes du Sahara occidental contre l'avis des pays nordiques.
Entre les deux pays, les complicités sont multiples, et Jacques Chirac se conduit même en père du jeune roi. Au point d'être sollicité pour intervenir dans des querelles avec une sœur ou même avec la mère qui mène une vie de veuve joyeuse à Paris. La proximité est telle qu'un jour le président Bouteflika se serait agacé auprès d'un de ses visiteurs étrangers sur ce chef d'Etat français “descendant du Prophète” des musulmans... Le livre de Jean-Pierre Tuquoi fourmille aussi de révélations croustillantes sur les mœurs du palais.
Y. KENZY
Majesté, je dois beaucoup à votre père... de Jean-Pierre Tuquoi, 250 pages, Editions
Albin Michel


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