Les déclarations de Soltani, probablement le plus pressé des trois à en découdre pour 2007 et le plus “fragile” politiquement, créent un précédent. Longtemps à fleuret moucheté, les piques entre les trois ténors de la coalition gouvernementale n'ont jamais dépassé les règles tacites de la cohabitation. Soltani, le leader du MSP, qui a occupé le devant de la scène ces derniers temps au risque de paraître omniprésent, a décoché la première flèche en direction d'Ahmed Ouyahia. Son partenaire, mais néanmoins rival, en demandant qu'il se retire de la tête de l'exécutif avant fin 2006. Moins d'une semaine après que le chef du RND eut balayé les supputations sur son départ du Palais du gouvernement, Soltani décline, presque confidentiellement dans un bulletin interne au MSP, ses revendications. Il ne veut pas d'un premier ministre “partisan” avant les élections législatives de 2007 où il est convaincu que son parti réalisera un score à même de le placer à la hauteur du FLN. Il ne veut pas d'un “politique” pour gérer ces élections qui risquent de trancher définitivement la rivalité triangulaire entre Soltani, Ouyahia et Belkhadem. Car, jusqu'à maintenant, les trois ténors ont fait preuve d'une finesse de soprano et d'une discipline de rang qui a donné l'image d'un Exécutif plus ou moins homogène et cohérent. Sur les salaires de la fonction publique, la révision constitutionnelle ou les options économiques, les trois leaders ont tenu à marquer leurs différences sans pour autant basculer dans les attaques directes. Chacun comptant sur les arbitrages ultimes de Bouteflika qui a su faire marcher cet attelage qui, pourtant, est composé de pur-sang. Mais les déclarations de Soltani, probablement le plus pressé des trois à en découdre pour 2007 et le plus “fragile” politiquement, créent un précédent. Il n'a pas la majorité du FLN, et il le sait. Il croit que l'administration risque de rouler pour le RND et là, il s'avance. À une année des législatives de 2007, palier décisif pour 2009, les trois ténors de la majorité s'observent, se jaugent et ne se livrent pas pour ne pas être pris à défaut. Reste que la sortie de Soltani peut précipiter les choses et obliger les trois partis à livrer une bataille publique et légitime pour une course à 2007 déjà lancée. M. B.