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La désertification régresse , les apétits naissent ...
Voyage à travers la steppe Algérienne
Publié dans Liberté le 23 - 04 - 2006

À Médéa, Djelfa, Laghouat et M'sila, les efforts et les moyens déployés par les équipes pluridisciplinaires du Haut-Commissariat au développement de la steppe (Hcds), combinés à la générosité du climat de ces dernières années, ont contribué au recul relatif de la désertification. Dans ces régions pastorales et agropastorales, où l'eau est synonyme de denrée précieuse, la population vit essentiellement de l'activité d'élevage d'ovins. Celle-ci a certes renoué avec la vie, sans vraiment rompre avec la misère et son lot de ressentiments ni avec les représentations claniques ou les conflits tribaux.
Voyage en Toyota à travers l'immensité de la steppe et les pistes qui la sillonnent. Lors de l'inspection d'un puits restauré dans la commune de Chahbounia, wilaya de Médéa, un adolescent monté sur un âne, le seul moyen de locomotion dans cette localité, a confirmé l'existence de l'électricité dans sa maison et d'un poste de télévision, grâce aux panneaux solaires. “Nous sommes loin de tout et notre vie n'a rien à voir avec celle qu'on voit dans les films”, a-t-il déclaré agressivement, indigné par notre curiosité, avant de s'éloigner vers l'abreuvoir pour faire boire ses moutons et ses chèvres.
Dans une autre commune, de Aïn Maâbad, dépendant administrativement de la wilaya de Djelfa et qui est située non loin du grand Rocher de sel, les travaux de réhabilitation du vieux barrage de dérivation, dénommé çad Marguerite, sont en voie de finition. Selon les responsables du Haut-Commissariat, ce butin de guerre, qui renferme actuellement une eau stagnante, est fonctionnel.
Mais, dès que le projet sera terminé, l'eau stockée devrait pouvoir arroser 1 800 hectares de terres et redonner vie à 200 000 hectares de parcours naturel. “Nous voudrions introduire des dispositions dans la loi de finances, des redevances dans l'utilisation de l'eau par l'éleveur et l'agriculteur”, a révélé plus tard le haut-commissaire, Belkacem Kacimi.
Ce dernier a aussi rappelé que le çad Marguerite a coûté à son organisme plus de 44 millions de dinars et a créé une soixantaine d'emplois. Sur place, nous avons rencontré des hommes en train de travailler, pour la plupart des vieux. Les jeunes gens répugnent-ils à travailler dans les activités hors élevage ?
La réponse nous sera donnée le lendemain par un jeune de Djelfa, 24 ans, devenu vendeur à la sauvette aux alentours du marché couvert de la ville. Pour ce dernier, les jeunes de la région sont souvent intégrés dans les projets familiaux.
Mais, pour ceux contraints de venir en aide à leur famille et dont le nombre ne cesse de croître, il leur arrive parfois d'aller travailler temporairement pour le Hcds, dans la restauration des parcours dégradés, la protection de routes contre l'ensablement, la régénération de la nappe alfatière et la réalisation ou l'aménagement de points d'eau, avant de rejoindre le monde informel du commerce. Au fil de la discussion, le jeune homme a soulevé le problème des “gros éleveurs” qui détiennent le monopole de l'activité de l'élevage et du marché de la viande, selon lui. “Les gros éleveurs sont très puissants dans la région et les jeunes comme moi ont peu de chances de travailler à leur compte et de s'enrichir”, a expliqué le vendeur.
D'autres problèmes nous seront exposés, volontairement ou indirectement, dans ces régions arides et semi-arides. À Aïn Chouhada par exemple, une des communes de la wilaya de Djelfa distante d'à peine quelques kilomètres de Laghouat, un gardien des terrains mis en défens a reconnu que des éleveurs se présentent à l'aube pour laisser brouter leurs troupeaux. “Tu sais bien que la loi n'est jamais appliquée à 100% et je n'arriverai jamais seul à tout contrôler. Il y a des éleveurs qui viennent à 4 heures du matin avec leurs béliers”, a confessé l'homme au teint hâlé avec un large sourire, avant de demander à un chauffeur d'insister auprès du patron du Hcds, pour lui envoyer son salaire qui accuse déjà du retard.
Du côté de Laghouat, à hauteur de Djellal-Gharbi, commune de Sebgag où les pistes sont là aussi les seuls chemins praticables, un cadre du Haut-Commissariat, montrant du doigt la montagne de Gaâda, a dévoilé que celle-ci s'était transformée dans un passé très récent en refuge des groupes islamistes du GIA, qui bénéficiaient des voies d'accès menant vers Djelfa, Laghouat et Tiaret. Ce cadre a également parlé de l'anarchie des labours de céréales, qui portent atteinte au processus de reconstitution de la végétation et donc à la lutte contre la désertification. “Ces pratiques existent dans la steppe, mais elles sont réduites en comparaison avec les années passées. Les gens sont plus conscients des retombées négatives de tels labours sur l'avenir de la région, du cheptel et de leurs conditions de vie”, a-t-il avancé, en tentant de relativiser. Toujours dans la même wilaya, mais cette fois dans la commune de Gueltat Sidi Saâd, le président de l'APC a annoncé fièrement devant la presse que sa localité a encaissé des recettes de l'ordre de 500 millions de centimes en 2005, grâce à la location des périmètres de parcours restaurés par le Hcds.
D'autres responsables locaux ont tenu des discours similaires, en applaudissant à la politique de cet organisme créé en 1981 par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Pour tous, les communes de la steppe volent à présent de leurs propres ailes, avec l'argent des locations aux éleveurs, qui varient entre 1 000 et 2 000 DA l'hectare, selon la saison. Pourtant, des nomades rencontrés dans la commune de Baïdha (Laghouat) se sont montrés critiques à l'égard des APC et des notables. Informés de la présence de journalistes dans l'exploitation agricole Bouzidia, ils sont venus dénoncer la logique tribale et de copinage, ainsi que certaines “pratiques anormales”. D'aucuns ont déploré le favoritisme et le refus de certaines mairies de mettre à leur disposition des rations de pâturage, surtout pendant la saison de sécheresse, les obligeant à parcourir des dizaines de kilomètres avec leur bétail et à traîner avec eux leurs enfants en âge d'être scolarisés. D'autres, en revanche, ont abordé la question de l'enrichissement des “nass el baladia” (gens de l'APC), qui pratiqueraient des prix de location au-dessous des coûts fixés par la loi.
Dans la soirée, des confrères de la région nous ont informés de l'enjeu de la représentativité tribale, très courante dans les wilayas steppiques. Une représentativité lourde de conséquences, selon eux, sur les plans socioéconomique et politique. La problématique tribale sera d'ailleurs au menu des discussions avec quelques fonctionnaires de l'Etat, parmi eux le directeur régional agricole de la wilaya de M'sila, Ahmed Zoubir.
Lors de la visite d'un terrain de 150 hectares à Remila, dans la commune de Ben Srour, qui a été mis en valeur puis cédé à 38 concessionnaires, M. Zoubir a soulevé le problème du foncier des ex-terres arch, appartenant au domaine privé de l'Etat. “Cela crée des susceptibilités et parfois des conflits entre les tribus”, a déclaré le représentant de la Générale des concessions agricoles (GCA), en précisant que cette situation est même à l'origine de l'annulation de 7 projets dans la wilaya.
Dans la même circonscription, en particulier dans la commune de Aïn Malah, le commissaire régional du Haut-Commissariat pour le développement de la steppe, Ibrahim Youcef, a, de son côté, parlé d'un contentieux foncier dans la localité d'Ouarir, sans cacher son désarroi devant tous ces labours illicites. “Les terres arch sont exploitées de façon anarchique par les habitants. Il faut les réglementer ; les parcours ne doivent pas être exploités de la sorte”, a alerté le responsable, en évitant étrangement de se référer à l'autorité locale, communale et de wilaya, censée cependant faire respecter la loi.
Le problème posé par M. Youcef n'est apparemment pas spécifique à cette région steppique. Cet obstacle est d'ailleurs mis en exergue par son employeur : dans un document de presse du Haut-Commissariat, celui-ci a attiré l'attention sur l'absence d'une “loi spécifique régissant l'activité pastorale” devant protéger et valoriser les ressources naturelles. Pour l'organisme public, la loi 90-25 et l'ordonnance 95-26 n'ont pas réglé le statut foncier des terres de parcours, appelées communément terres arch. Le Hcds et la GCA subissent-ils des pressions de la part des gros éleveurs et des fortunés de la région ?
Les cadres de ces deux organismes, pour la plupart des enfants de la steppe, n'échappent-ils pas à l'influence tribale et à ses ambitions de pouvoir ? Ne sont-ils pas plutôt plus exposés aux difficultés du terrain et aussi au mécontentement des agriculteurs et des éleveurs ? Ne sont-ils pas également les plus avisés concernant les complicités locales ?
Le 16 avril 2006, soit le lendemain de la réunion du conseil d'orientation du Hcds qu'il préside, qui s'est tenue à huis clos dans la ville de M'sila, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural a mis en garde les concessionnaires contre toute vente de terrain aux hommes d'affaires et aux “détenteurs d'argent”. Saïd Barkat a également écarté toute possibilité de révision du statut des ex-terres arch, en déclarant avec force qu'elles resteront la propriété de l'Etat.
Le ministre parviendra-t-il à neutraliser les groupes de pression évoluant dans les grandes étendues de la steppe ? Mettra-t-il à exécution ses menaces d'expulsion et de recours à la justice contre les “petits” exploitants ?
H. A.


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