"Il est difficile d'effacer de sa mémoire les terribles moments qu'on a vécus", affirme, trois ans après, un citoyen. Bougies, fleurs, larmes, douleur, retrouvailles… étaient au triste rendez-vous du 21 mai à Boumerdès. Des centaines de familles se sont rendues, durant la soirée de dimanche, à la cité des 1 200-Logements pour remémorer le triste souvenir de la tragédie du 21 mai 2003. Il est 20h, lorsque ces familles, dont la plupart sont venues des sites de chalets de Sghirat de Corso, se sont retrouvées, comme chaque année, sur ce lieu où, il y a exactement 3 ans, jour pour jour, plus de 27 bâtiments se sont effondrés, provoquant la mort de centaines de personnes. Alors que les enfants tenaient des bougies allumées tout en chuchotant les prénoms de leurs copains disparus, les adultes se sont regroupés devant le site de reconstruction de leur nouvelle cité pour parler de l'évolution du chantier, mais aussi pour se remémorer les moments difficiles vécus lors et après cette tragédie. Sid Ali est venu d'Alger pour se recueillir à la mémoire de sa mère et de ses deux frères. “Il est difficile d'effacer de sa mémoire les terribles moments qu'on a vécus”, affirme-t-il, les larmes aux yeux. Sa sœur qui l'accompagnait n'a pas pu retenir son émotion. Elle tombe dans les bras de son frère devant les regards attendrissants des bambins qui illuminaient, grâce à leurs bougies, cette scène bouleversante. Hocine, lui, est venu de Tizi Ouzou, c'est le seul rescapé d'une famille composée de plus de 6 personnes. “Je veux oublier ce qui s'est passé, mais croyez-moi, c'est difficile”, lâche-t-il avant de disparaître, le visage ému, à la recherche d'un voisin, d'un ami, au milieu de la foule. D'autres familles sont allées sur place, là où leurs bâtiments se sont effondrés, pour se rappeler de cette horrible nuit du 21 mai. Aïcha, 18 ans, a perdu son fiancé. “Nous avons tout préparé pour l'organisation du mariage…” Très sensible, Aïcha ne peut continuer sa phrase, elle sanglote et part directement vers son père qui, lui, était en train de discuter avec ses amis de quartier qu'il n'a pas vus depuis 3 ans. Alors qu'on se prépare à partir, d'autres familles continuaient à affluer sur le site et on entendait encore les enfants. “Maman, regarde, c'est ici qu'habitaient Nadjet et Fouad”, disaient-ils. “Et c'est ici que nous allons habiter”, répond le père en désignant du doigt le projet de Cosider, comme s'il voulait faire oublier aux enfants les pires instants qu'ils ont passés sur ces lieux. Des lieux qu'ils quittent les larmes aux yeux en se donnant rendez-vous à la même date, au même endroit déchirés par la même douleur. Madjid T.