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Deux voitures kamikazes contre le commissariat de Bab-Ezzouar
L'attentat a fait 12 morts et 87 blessés
Publié dans Liberté le 12 - 04 - 2007

Les véhicules conduits par des kamikazes ont explosé aux environs de 11 heures à deux secondes d'intervalle. Ils étaient distants de 57 mètres. Les terroristes ont ciblé le siège de la division Est de la DGSN. Néanmoins, beaucoup de civils comptent parmi les victimes.
“Huit morts, vous plaisantez ?! Qui vous a donné cette information ?” explose un policier en civil. Debout devant le squelette d'une des voitures piégées, il fixe des yeux les artificiers en train de collecter les lambeaux de chair du kamikaze et de les enfouir dans un sac en plastique blanc. En arrière plan est planté le décor apocalyptique de l'attentat. La scène du crime, encore fumante, est tapie de suie et de débris en tous genres. Elle est immense, de la grandeur d'un cimetière ou les véhicules calcinés et les bâtisses en ruine se sont transformées en sépultures pour leurs occupants. En deux secondes, l'enfer a gagné Bab-Ezzouar. De la route de l'aéroport, à hauteur de l'Unité nationale d'instruction et d'intervention de la Protection civile jusqu'à la cité HLM du 5-Juillet, située sur le sentier latéral de l'avenue, les tableaux noirs se succèdent. À l'approche de l'épicentre, les images sont insoutenables.
En fait, il s'agit d'un séisme à double retentissement. Il n'y a pas qu'une mais deux voitures piégées. Désarçonnés, les artificiers n'arrivent pas à identifier le second véhicule émietté comme du pain. Une partie du moteur gît devant un arrêt de bus, implanté sous la passerelle piétonne attenante à la caserne des pompiers.
À côté de l'unité, la façade défoncée d'un immeuble présage le pire. Renseignement pris auprès un des locataires : il n'y a aucun blessé dans la bâtisse. “J'étais au travail. J'ai accouru dès que j'ai appris la nouvelle”, raconte le jeune homme d'une voix enrouée. L'oreille accrochée au téléphone, il rassure ses proches. À proximité, l'Ecole nationale des greffiers s'est muée en spectre. Mais ses occupants sont sains et saufs.
Décor apocalyptique !
Pour compter les morts et les blessés, il faut suivre les traces de sang qui maculent la chaussée. Les glissières de sécurité, qui séparent les deux voix de la route de l'aéroport, sont arrachées. Des têtes de salade gisant sur le macadam font partie de la cargaison d'une camionnette, happée par les déflagrations. Le pick-up ferme le cortège d'une série de véhicules endommagés ou complètement calcinés. Tenus à distance par les policiers, des badauds observent le sinistre. De leur place, ils n'ont pas d'emprise sur “le spectacle”. Et quel spectacle ! Les policiers ont eu à déployer des dizaines de mètres de ruban pour délimiter la zone dévastée. De loin, le siège de la division Est de la direction générale de la Police judiciaire exhibe sa charpente métallique. Les briques, qui l'habillent, chancellent. Le mur d'enceinte et le portail sont éventrés. La bâtisse de cinq étages tourne le dos au commissariat de la circonscription, passablement ménagé. Mais en face d'elle, la route n'est qu'un champ de ruines. Au moins une dizaine d'automobilistes ainsi que de nombreux piétons venant de l'avenue en direction de la cité du 5-Juillet ont été pris en tenailles par les deux véhicules piégés. Pour beaucoup, la traverse s'est transformée en raccourci vers l'au-delà. 10h30, 11h… Personne ne sait avec exactitude à quelle heure le drame est arrivé. “Je ne sais plus. Je me suis couché sous le bureau en voyant les murs tomber”, relate un policier. Son visage est couvert de poussière. Sur ses vêtements, des traces de sang. Avec un doigt tremblant, il désigne son bureau au 1er étage du bloc administratif de la division. “Nous avons évacué beaucoup de collègues”, confie-t-il vague. Errant dans les décombres, ses collègues sont encore abasourdis. Ils se confondent dans une foule grouillante en civil et en uniforme. Certains, soudés à leurs talkies-walkies, vont à la chasse aux bilans. Ils se livrent à une terrible enchère sur le nombre de victimes. “Il y aurait 30 blessés”, croit savoir un pompier. Pour les morts, il a surtout appris que trois de ses collègues viennent de décéder calcinés dans leur véhicule de service. Au moment de l'attentat, ils étaient sur le chemin de retour à la caserne. “Ils sont allés acheter de la peinture”, confie l'homme de feu accablé. Le colonel Habiri, patron de la Protection civile confirme : “Nous avons aussi perdu de nos éléments,” dit-il désolé. Dans le parking de la division Est, il remarque les véhicules broyés du personnel. Des lambeaux de pierre et des branches de pin y ont atterri. “Cela s'est passé à 10h50 exactement”, affirme un officier supérieur de la police. Selon lui, les deux voitures piégées ont explosé à deux secondes d'intervalle. Des cratères d'un mètre de diamètre approximativement distinguent leur emplacement à l'heure fatidique. La première cavité se trouve au niveau de l'entrée principale de la division. La seconde distante d'une soixantaine de mètres est à hauteur de la passerelle piétonne sur l'avenue. “Il y a 57 mètres entre elles”, confie un enquêteur discrètement. Instruits de l'obligation de garder le silence, les éléments des différents services de sécurité se livrent par bribes. Sur place, les curieux sont malvenus. Un quidam repéré en train de filmer les décombres à l'aide de son téléphone portable est chassé manu militari. Les policiers ont les nerfs à fleur de peau.
Le personnel médical sous le choc
À la clinique voisine, le personnel est encore sous le choc. “Nous avons reçu une vingtaine de blessés, mais devant la gravité de leurs blessures, il était impératif de les envoyer vers les hôpitaux”, rapporte un médecin. Aux environs de midi, toutes les victimes sont évacuées. Combien sont-elles ? Dans un premier bilan, le patron de la Protection civile avance le chiffre de 8 morts et 52 blessés. Aux environs de 13h, à l'arrivée de Ali Tounsi, directeur général de la Sûreté nationale, le décompte est revu à la hausse. “Il y a 12 morts”, lui assure-t-il. Visiblement peu informé du déroulement de l'attentat, le chef de la police fait le tour des lieux. On lui a appris qu'un parking a été touché par l'explosion. Ses hôtes rectifient en lui dévoilant les multiples stigmates. D'abord le siège de la division Est puis celui de la compagnie territoriale de la Gendarmerie nationale à sa droite. La compagnie recèle les logements d'astreinte des gendarmes. Les immeubles jaune et vert sont parsemés d'ouvertures béantes. Les cadres des fenêtres ont été arrachés. “Ma famille est saine et sauve”, se console néanmoins un gendarme. La cité compte aussi son lot de blessés. Dehors, sur un petit balcon, à quelques mètres de l'entrée principale de l'édifice de la DGSN, la voiture du premier kamikaze retient toujours l'attention des artificiers. Dans son échouage, elle a emporté un pin. Sur d'autres arbres encore debout, des vêtements sont accrochés aux arbres. Certains haillons appartiennent aux victimes. D'autres proviennent des balcons des gendarmes.
Les mains gantées de plastique, un artificier saisit dans le véhicule un morceau de tissu en jean. Très probablement, c'est le pantalon du terroriste. La carrosserie étant pulvérisée, les enquêteurs ont beaucoup de mal à identifier la marque du véhicule. Selon les premiers indices, il s'agit d'une Renault Express. Mais rien n'est encore sûr ! “Laissez-nous le temps de recueillir les informations. Nous vous en rendrons compte par la suite”, se contente de répondre Ali Tounsi aux journalistes à ses trousses.
Arrivé avant lui à Bab-Ezzouar, le wali d'Alger dit “ne pas avoir de commentaires à faire”. Les supputations sont surtout l'œuvre des agents d'investigation. “Dans la malle de cette voiture, il y a des fils électriques et des plans. Le conducteur devait être un entrepreneur”, pense un policier. Le véhicule pris dans une sorte de carambolage est heurté par une autre voiture où subsiste un siège auto pour bébé. Les fauteuils sont tachés de sang. Parmi les victimes, le patron des pompiers compte une fillette de 8 ans. Etait-elle dans l'une des voitures ou dans le jardin limitrophe ? Les enfants ont l'habitude de se rendre dans le square pour jouer. “J'ai vu un policier saisir une tête”, raconte un témoin. La mère d'un policier arrive en larmes au siège de la division. Son fils manque à l'appel. À l'extérieur, un jeune homme cherche dans l'amas des voitures le véhicule de son père. Sur certaines, les plaques d'immatriculation sont à peine visibles. “J'ai l'impression de faire un voyage dans le temps. Je revois les scènes de l'attentat du commissariat central au boulevard Amirouche”, commente tristement un journaliste. Pour leur part, les éléments de la DGSN évoquent la double explosion ayant ciblé les commissariats de Réghaïa et de Dergana en novembre dernier. “C'est la même charge d'explosifs”, suggère l'un d'eux. 100 kg de TNT. Peut-être. À 14h, alors que les artificiers s'apprêtent à quitter les lieux, un contingent de la Protection civile entre en action.
Armés de pelles, les pompiers sont appuyés par des engins. Objectif : déblayer la route en retirant les gravats. Les véhicules calcinés et accidentés sont remorqués. En quelques heures, le boulevard est dégagé. Les automobilistes coincés pendant toute la matinée sur la Moutonnière sont libérés. Sur le chemin du retour vers Alger-Centre, un cortège nuptial se déroule dans la grisaille de ce mercredi funeste. Il partage la voie rapide avec des ambulances et les voitures de police.
Samia Lokmane


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