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Une foule d'intermédiaires et un océan de paradoxes
Virée dans les dédales de souk Ellil de Mostaganem
Publié dans Liberté le 26 - 08 - 2007

Dame pomme de terre a donné le ton au printemps passé. Les autres produits agricoles lui ont emboîté le pas dans le cycle infernal de la folie d'une mercuriale indomptable. D'Est en Ouest et du Nord au Sud, partout à travers l'Algérie, la hausse généralisée des prix des fruits et légumes fait la “une” des commentaires du consommateur algérien, mais pis encore, inquiète l'opinion publique depuis longtemps habituée à l'éternelle flambée conjoncturelle caractéristique des premiers jours du mois sacré du Ramadhan !
“Otez-vous l'idée que les prix des fruits et légumes vont baisser d'ici le mois du Ramadhan !” nous prévient Abdelaziz, l'un des rares anciens mandataires qui daignent s'accrocher à leur profession au sein du marché submergé par l'informel. Fin connaisseur du souk et du marché des produits agricoles, notre interlocuteur dispose d'amples arguments à la base d'une telle assurance. Selon lui, les haricots et les navets ont de quoi “justifier” les 60 et 50 dinars/kilo auxquels ils sont respectivement proposés. “Tout simplement, on n'est pas encore en leur période de pleine production”, explique-t-il. Le Ramadhan pendant lequel la grande majorité des familles algériennes ne peut se passer de harira, le “plat” quasiment inconcevable sans navet, ne va qu'accentuer la demande pour ce légume. Une demande à laquelle la maigre production locale ne peut certainement répondre. Ainsi, bien heureux sera le petit fellah mostaganémois qui aura déjà semé quelques ares ou centiares de navets, en prévision du mois sacré ! La laitue, localement produite ou provenant de la région de Tlemcen est, pour le même argument, l'autre produit chéri du marché qui augure des tarifs “brûlants'' de la mercuriale ramadhanesque.
La belle carotte équeutée qui provient de la lointaine Biskra a du mal à trouver acquéreur au-delà des 15 dinars le kilo. Le poivron, dont la région de Mascara a pris le relais de celle de Mostaganem en matière d'approvisionnement du souk, vit encore des jours fastes à 30, voire 35 ou 40 dinars/kg. Au plus bas de la mercuriale, l'aubergine qui, par ricochet, subit de plein fouet la forte hausse du prix de l'huile, et l'oignon surtout blanc, payent le tribut de la surabondance.
Tout comme la pomme de terre, dame tomate impose ses propres caprices face auxquels fellah et fin spéculateur sont totalement désarmés. Une vertu de rougir et de périr en un temps record et une incapacité avérée de ne résister indéfiniment au stockage, qui lui ont valu une dénomination spécifique, la fée des fruits et légumes. En un rien de temps, sa cote peut varier du double au simple, si ce n'est la vente à perte.
Au registre des fruits, le méfait des intempéries printanières est toujours vivace dans les esprits et le milieu des agriculteurs. Les conséquences sont palpables au niveau de la mercuriale. La faiblesse des rendements et de la production de cette année a dopé les tarifs. “Des abricots, des nèfles et des cerises, on n'a pratiquement rien vu cette saison”, nous confie Fethi, un jeune mandataire qui traîne une bonne vingtaine d'années d'activité au souk. À cet élément explicatif, parfaitement logique, l'adjonction des ficelles spéculatives et du foisonnement des intermédiaires dissipent amplement l'énigme de la flambée des prix jugés inabordables.
Les caprices du temps ayant sévi durant le printemps dernier ont fait la joie des maladies cryptogamiques et du mildiou en particulier, et du coup, ont affecté profondément l'agriculture hautement empirique. L'impact immédiat étant la pénurie, du moins la baisse de l'offre qui, inéluctablement dope les prix et éveille l'instinct spéculatif, toujours latent. L'important bassin maraîcher mostaganémois, véritable grenier des fruits et légumes du pays, n'offre plus l'abondance de naguère qui se traduisait par des prix à la portée de toutes les bourses.
L'agriculture livrée aux spéculateurs
De par son rôle de véritable plaque tournante du commerce des fruits et légumes, Souk Ellil, le marché national de gros de Sayada, révèle le drame d'une agriculture, hélas toujours sourde à la science et livrée aux spéculateurs de tous bords ! Sur Souk Ellil, le jour ne s'est pas encore levé. L'aléa climatique indispose tous les acteurs de la sphère commerciale des fruits et légumes, du consommateur à l'agriculteur en passant par les grossistes et les intermédiaires.
Les habituels du souk ont fait le constat depuis des semaines déjà : le marché a remarquablement perdu de sa fébrilité et de sa verve. Dès dix, onze heures, il n'y a pratiquement plus d'acheteurs. L'abondance des produits de saison n'est plus dominante et les fruits exotiques d'importation ont pris une bonne place sur les étals. Une majorité de pavillons ont les rideaux totalement ou à moitié baissés. La rareté des produits est venue s'adjoindre à l'anarchie d'antan du marché.
“Les décisions de moult réunions tenues en vue de le discipliner sont tombées à l'eau”, affirme, par ailleurs, le même Abdelaziz qui semble désormais lassé de l'illusion de discipliner un jour ce souk acquis à l'anarchie et à l'informel.
Depuis sa pose en l'an... 2001, le pont-bascule, un investissement qui a coûté quelque trois cents millions de centimes, n'a jamais été mis en service et n'est d'aucun usage, pas plus que le parking aménagé pour observer des horaires stricts d'ouverture et de fermeture du marché. Les grossistes mandataires grognent et rouspètent toujours sans rien voir arriver de concret. Evacuant l'antagonisme au profit de l'adhésion à l'administration, ils ont rangé leur association autonome sous la coupe de l'UGCAA, la filiale de l'UGTA, mais sans pour autant être libérés des redoutables concurrents de l'informel. Nombreux sont ceux qui prétendent vouloir déposer leur registre du commerce pour se fondre dans le lot des intermédiaires qui y pullulent. Des intermédiaires professionnels de l'informel ayant pour simple capital leur taille, une canne et parfois une bascule. Plus que jamais, à Souk Ellil, l'illicite et l'illégal prévalent. En un coup d'œil, le fruit ou le légume peut prendre un, deux, voire cinq ou dix dinars supplémentaires dans l'enceinte même du souk.
Saison exceptionnelle et pour des raisons largement commentées, dame pomme de terre “surfe” au-delà des 50 dinars/kilo, prix de gros bien entendu. Le produit est vraiment rare, et l'unique exposant qui, suspicieux d'un quelconque contrôle, n'ose même pas révéler sa provenance, avait toute latitude de céder ses trois caisses de rosevals au plus offrant.
Au bonheur des spéculateurs
Une preuve criante que ce n'est guère l'agriculteur qui profite le plus de l'ascension des prix. Les vrais agriculteurs, mais pas les pseudos qui savent tirer les bonnes ficelles, à l'instar de ceux qui, derrière le paravent d'une carte de fellah leur donnant droit à l'accès au marché, se sont reconvertis dans la revente des bananes, des pommes d'Espagne ou de l'ail de Chine. Dans la sphère du commerce des produits agricoles, le malheur des fellahs fait le bonheur des intermédiaires.
Les meilleurs produits de la région ne passent pas par le marché de gros. Vendue sur pied et depuis belle lurette, la production prend la destination du centre et de l'est du pays, pour ne laisser que celles de second et troisième choix au marché local. Dans le sillage du fellah affichant souvent lassitude et triste mine d'amertume et de désolation, le reste des acteurs de la sphère marchande de l'agriculture est également mis à rude épreuve par la calamité de la sécheresse ou de l'aléa du climat.
On ne subit, certes, pas le même impact mais le marasme qui affecte le commerce n'épargne personne. Un commerce caractérisé par les éternels et incompréhensibles paradoxes du marché algérien que Souk Ellil n'explique qu'en partie.
Au registre des paradoxes, il y a lieu de constater de voir affichés en ville des prix de fruits et légumes nettement inférieurs à ceux en cours au marché de gros. Une virée au marché de détail d'Aïn Sefra suscite parfois perplexité et expectative. Autre bizarre énigme : les bananes qui inondent le marché sont plus chèrement payées à quelques pas du port d'où elles sont débarquées qu'à des centaines de kilomètres de là. Il est dit que le marché a toujours eu ses énigmatiques caractéristiques. Le facteur climat et intempéries n'a fait qu'amplifier le désastre. Quant aux retombées, évidemment, elles ne sont pas les mêmes pour tous. Le consommateur et l'agriculteur en payent le plus lourd tribut.
M. O. T.


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