Le texte soumis à l'appréciation des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, en premier lieu, diffère très peu de la précédente proposition de Washington. La Russie n'a pas tardé à réagir à la proposition américaine. Le projet US “provoque une sérieuse déception, notamment parce que les responsables américains ont beaucoup dit ces derniers jours être prêts à prendre en compte les positions des autres pays et à trouver un compromis mutuellement acceptable”, a affirmé une source russe bien informée à l'agence Interfax. Les propositions américaines diffèrent très peu des montures précédentes jugées déjà inacceptables, selon Moscou. La réaction russe montre qu'un accord n'est pas près d'être trouvé entre Washington et les trois autres membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU opposés à la vision américaine dans le dossier irakien. Les changements introduits par les Etats-Unis, afin de parvenir aux objectifs fixés par Bush et de rallier des soutiens au Conseil de sécurité, ne suscitent pas à première vue l'adhésion de Paris, Pékin et Moscou. Pour rappel, la pierre d'achoppement sur le premier texte était le recours automatique à la force que rejetait particulièrement le président français, Jacques Chirac. Ce dernier a renouvelé, dimanche dernier à Beyrouth, sa position en déclarant qu'il était “essentiel qu'il n'y ait pas d'automaticité d'intervention couverte par la communauté internationale”. La position française est soutenue par les Russes, qui, par la voix de leur vice-ministre des Affaires étrangères, Iouri Fedotov, estiment que la nouvelle résolution “ne doit pas donner carte blanche à un recours à la force”. Les dernières déclarations du président américain, George Walker Bush, laissent penser que l'intervention militaire en Irak n'est pas d'actualité pour l'instant, du moins jusqu'à ce que les inspecteurs de l'ONU entament leur mission en Irak. les premiers résultats détermineront sans aucun doute la voie que suivront les Etats-Unis. En effet, Bush, qui s'est réservé le droit d'attaquer l'Irak unilatéralement, espère que Bagdad ne se conforme pas aux exigences de la nouvelle résolution pour mettre en œuvre son plan contre Saddam Hussein, visant à le renverser. D'ailleurs le patron de la Maison-Blanche a clairement affirmé, lundi dernier, que l'objectif de son administration est d'arriver à un changement de régime en Irak. Selon Bush, la seule chance de Bagdad de voir la politique américaine à son égard reconsidérée est qu'il travaille avec l'ONU, en se conformant aux conditions qu'il a lui même décrites. Le président américain multiplie ses interventions depuis quelques jours pour faire pencher la balance en faveur des républicains lors des élections législatives prévues dans deux semaines, car l'Irak est la principale source de division dans les rangs démocrates. Avec 60% d'opinions favorables, Geroge W. Bush s'appuie énormément sur le dossier irakien pour conforter le pouvoir de son parti. K. A.