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Inquiétudes autour d'une rétrocession
COMPLEXE DE TIKDJDA
Publié dans Liberté le 20 - 07 - 2008

Même si les pouvoirs publics veulent se retirer de la gestion hôtelière, il serait bon de réfléchir à une forme de gestion qui préserverait la destination initiale pour diverses raisons.
La rétrocession de l'hôtel touristique de Tikjda au Centre national des sports et loisirs suscite des inquiétudes et des questions à plus d'un titre pour le commun des citoyens qui connaît que peu l'endroit. Il faut d'ores et déjà tirer la sonnette d'alarme.
Si la transaction semble élémentaire entre un département ministériel et un autre, elle constitue une ombre sur l'avenir de Tikjda, site majestueux du Parc national du Djurdjura admis sur la liste des réserves de biosphère en 1997. Cette phagocytose qui devait se faire dans le sens inverse est une façon de faire table rase sur l'existence de structures touristiques. Une logique pour construire d'autres. Ce changement de destination doit émaner d'une vision spirale de l'état des lieux avec un maximum de conscience publique, le jeunisme mis de côté. Même si les pouvoirs publics veulent se retirer de la gestion hôtelière, il serait bon de réfléchir à une forme de gestion qui préserverait la destination initiale pour diverses raisons.
Nous pouvons être la meilleure des générations comme nous pouvons être la plus mauvaise.
La raison est que nous disposons de connaissances suffisantes et de moyens plus que ceux passés ou à venir, pour préserver les restes de la nature dont nous avons hérités. Nous serons donc les meilleurs si nous le faisons et les plus mauvais dans le cas contraire. L'Algérie a un seul Djurdjura, pas dix. Chaque citoyen, au présent et au futur, y a son empan. Les générations futures dont nous ne connaissons pas les besoins ont certainement le droit de disposer de ces espaces dont elles sauront peut-être mieux se servir que nous. II est donc de notre devoir de les leur conserver.
Les anciennes opérations de tourisme ont pris le gros des meilleurs sites. La réalisation du complexe s'est ébauchée les années 1970. Seul le complexe haut, l'actuel hôtel Djurdjura, est entré en exploitation à la fin de cette même période. Le complexe bas a été achevé par la wilaya de Bouira dans la moitié de années 1980. Le reste est encore en l'état avec des carcasses d'une laideur de béton. L'hôtel fut un des fleurons de l'hôtellerie algérienne.
Ce qui reste, suite au sabotage subi dans les années 1990, continue d'honorer la profession pour rendre agréable le séjour des visiteurs et des nostalgiques. Le complexe bas fut initialement affecté comme centre pour insuffisants respiratoires, puis proposé à la vente en studios. Ceci n'ayant pas marché, il est affecté comme Centre national des sports et loisirs au début des années 1990.
Ce dernier est géré à partir d'Alger pour donner de piètres prestations. Au menu principal de ses programmes, on retiendra essentiellement un acharnement sur des projets d'extension pour engloutir de plus en plus d'investissements et rester toujours en chantier permanent. Un véritable tonneau des danaïdes.II doit normalement s'adapter au terrain et non le contraire. Conformément à ses missions, il devrait être le maillon fort d'une chaîne de centres régionaux, le grand centre sportif du Djurdjura et un énorme pouvoir attractif pour I'adolescent, dont la fréquentation de la montagne est plus profitable que celle des villes. Ce qui est loin d'être le cas. Si j'insiste sur les incohérences, c'est moins dans le but de chasser des sorcières que d'établir un diagnostic assez précis pour faciliter les remèdes. Il y a de même à optimiser l'utilisation de l'infrastructure existante et de son espace. De prendre des mesures quant aux déchets qui existent, assurer l'évacuation et l'épuration des eaux usées se déversant en pleine nature. La pollution prend des proportions effrayantes et il y aura peine à réparer les négligences. Créer de nouvelles charges avant d'avoir résolu les problèmes existants équivaut à un suicide. Les bâtiments charpentés et bétonnés pour l'éternité sont sous-utilisés (pour ne pas dire non utilisés), abandonnés telles d'énormes verrues dans l'espace torturé.
On tente bien ici et là de compenser la végétation qui fait défaut par des petits reboisements. Tentatives désespérées et vraie fable de la mouche et le cocher. La cédraie millénaire de Tikjda a disparu, incendiée, pour cumuler des bétons et les plaies de la nature outragée ne se refermeront jamais.
Si l'on peut perdre puis reconstituer son capital dans d'autres domaines de l'économie, il n'en va pas de même dans le tourisme où la substance de base, le paysage et la terre, une fois perdue, l'est irrémédiablement. Le tourisme est caractérisé par une aspiration à un changement radical de cadre de vie, et par voie de conséquence, la nécessité d'un paysage intact.
Le paysage à lui seul constitue la matière première, la base de son économie. La station de Tikjda et sa nature présentent déjà un signe d'épuisement. Elle est livrée à un joyeux peuple de “jeunistes” ivres d'irresponsabilité et aux dérogations faciles, qui, plutôt que de se soumettre aux règlements du Parc national, se conduisent comme en terrain conquis. La nature n'est pas au centre de leurs préoccupations. Pour blanchir leur conscience, ils n'hésitent pas à puiser dans les arguments simplistes, populistes et à embellir la situation. L'un après l'autre, ses sites sont exploités et abandonnés, conformément au principe de la terre brûlée (pelouses de Ras Tiguerguert et dépression du Boussouil). Toute tentative de minimiser ce mal contribue à la destruction de cet espace de détente, à la disparition du tourisme si l'on en fait un bastion avancé de la ville. Si le laisser-faire continue à prévaloir, on peut prédire, sans être doué d'un sens exacerbé de la prophétie, que d'ici peu de temps la montagne entière sera atteinte dans ces centres vitaux et qu'elle sera détruite dans un court terme. Jusqu'ici toutes les voix prêchent dans le désert et les conseils ne sont suivis que s'ils coïncident avec les idées préconçues. De nouvelles constructions induiront un puisage excessif de l'eau qui ne répond même pas aux besoins des structures existantes. L'exploitation de nouvelles forces hydrauliques par le captage et le détournement de ruisseaux mettra en péril le débit et l'équilibre biologique des cours d'eau. La dégradation de la faure et de la flore, les répercutions sur les activités traditionnelles ne seront pas des moindres. Voilà de façon succincte le danger qui se profile derrière cette transaction si l'assentiment des parties est définitif. Ceci interpelle les décideurs aux niveaux national et local sur la nécessité de préserver ce gisement touristique qui n'a rien à envier aux montagnes d'Europe. L'espace doit être géré de manière prudente et mesurée. L'incapacité ou le refus de penser et d'agir à long terme sont assez répandus et doivent être combattus. Les questions suivantes se posent : Le tourisme doit-il détruire les sites qui le font vivre ?
Normalement non. Le centre répondra-t-il aux besoins d'une clientèle pléthorique au moment où l'Algérie veut parfaire la qualité de la prestation et attirer les étrangers ? Que non. Des structures abandonnées, un site clochardisé… Pourquoi tout ce gâchis ? Annexer un complexe touristique à un centre sportif prétentieux, est-ce là la promotion du tourisme ? À chacun son métier, les vaches seront bien gardées.
G. B.
*Membre fondateur de l'Association des amis du Djurdjura et ex-directeur du Parc national du Djurdjura de 1983 à 2004.


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