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Le contrôle militaire de la planète
Publié dans La Nouvelle République le 16 - 05 - 2011

Dès les années 1980, alors que s'annonce l'effondrement du système soviétique, se dessine une option hégémoniste qui gagne l'ensemble de la classe dirigeante des Etats-Unis d'Amérique (ses establishments démocrate et républicain). Emportés par le vertige de leur puissance armée, désormais sans concurrent capable d'en tempérer les fantasmes, les Etats-Unis choisissent d'affirmer leur domination d'abord par le déploiement d'une stratégie strictement militaire de «contrôle de la planète». Une première série d'interventions - Golfe, Yougoslavie, Asie centrale, Palestine, Irak - inaugure dès 1990 la mise en œuvre de ce plan de «guerres made in USA», sans fin, planifiées et décidées unilatéralement par Washington.
La concurrence entre Ariane et les fusées de la Nasa, Airbus et Boeing témoigne de la vulnérabilité de l'avantage américain. Face à l'Europe et au Japon pour les productions de haute technologie, à la Chine, à la Corée et aux autres pays industrialisés d'Asie et d'Amérique latine pour les produits manufacturés banals, à l'Europe et au cône sud d'Amérique latine pour l'agriculture, les Etats-Unis ne l'emporteraient probablement pas sans le recours à des moyens « extra-économiques » qui violent les principes du libéralisme imposés aux concurrents ! En fait les Etats-Unis ne bénéficient d'avantages comparatifs établis que dans le secteur des armements, précisément parce que celui-ci échappe largement aux règles du marché et bénéficie du soutien de l'Etat. Sans doute cet avantage entraîne-t-il quelques retombées pour le civil (Internet en constitue l'exemple le plus connu), mais il est également à l'origine de distorsions sérieuses qui constituent des handicaps pour beaucoup de secteurs productifs. L'économie nord-américaine vit en parasite au détriment de ses partenaires dans le système mondial. «Les Etats-Unis dépendent pour 10 % de leur consommation industrielle des biens dont l'importation n'est pas couverte par des exportations de produits nationaux» (E. Todd, Après l'Empire, p. 80). La croissance des années Clinton, vantée comme étant le produit du «libéralisme» auquel l'Europe aurait malheureusement trop résisté, est en fait largement factice et en tout cas non généralisable, puisqu'elle repose sur des transferts de capitaux qui impliquent la stagnation des partenaires. Pour tous les segments du système productif réel, la croissance des Etats-Unis n'a pas été meilleure que celle de l'Europe. Le « miracle américain » s'est exclusivement alimenté de la croissance des dépenses produites par l'aggravation des inégalités sociales (services financiers et personnels : légions d'avocats et de polices privées, etc.). En ce sens le libéralisme de Clinton a bel et bien préparé les conditions qui ont permis l'essor réactionnaire et la victoire ultérieure de Bush fils. De surcroît, comme l'écrit Todd (p. 84) « gonflé par les fraudes, le PNB américain commence à ressembler, pour la fiabilité statistique, à celui de l'Union soviétique» ! Le monde produit, les Etats-Unis (dont l'épargne nationale est pratiquement nulle) consomment. « L'avantage » des Etats-Unis est celui d'un prédateur dont le déficit est couvert par l'apport des autres, consenti ou forcé. Les moyens mis en œuvre par Washington pour compenser ses déficiences sont de nature diverses : violations unilatérales répétées des principes du libéralisme, exportations d'armements (60 % du marché mondial) largement imposées à des alliés subalternes (qui de surcroît - comme les pays du Golfe - n'utiliseront jamais ces armements !), recherche de sur-rentes pétrolières (qui supposent la mise en coupe réglée des producteurs, motif réel des guerres d'Asie centrale et d'Irak). Il reste que l'essentiel du déficit américain est couvert par les apports en capitaux en provenance de l'Europe et du Japon, du Sud (pays pétroliers riches et classes compradore de tous les pays du tiers monde, plus pauvres inclus), auquel on ajoutera la ponction exercée au titre du service de la dette imposée à la presque totalité des pays de la périphérie du systèmemdial. Les raisons qui rendent compte de la persistance du flux des capitaux qui alimente le parasitisme de l'économie et de la société américaines et permettent à cette superpuissance de vivre au jour le jour sont certainement complexes. Mais elles ne résultent en rien de prétendues «lois du marché» à la fois rationnelles et incontournables. La solidarité des segments dominants du capital «transnationalisé» de tous les partenaires de la triade est réelle, et s'exprime par leur ralliement au néo-libéralisme globalisé. Les Etats-Unis sont vus dans cette perspective comme les défenseurs (militaires si nécessaire) de ces «intérêts communs». Il reste que Washington n'entend pas «partager équitablement» les profits de son leadership. Les Etats-Unis s'emploient au contraire à vassaliser leurs alliés, et dans cet esprit ne sont prêts à consentir à leurs alliés subalternes de la triade que des concessions mineures. Ce conflit d'intérêts du capital donant est-il appelé à s'accuser au point d'entraîner une rupture dans l'Alliance atlantique ? Pas impossible, mais peu probable. Le conflit prometteur se situe sur un autre terrain. Celui des cultures politiques. En Europe une alternative de gauche demeure toujours possible. Cette alternative imposerait simultanément une rupture avec le néo-libéralisme (et l'abandon de l'espoir vain de soumettre les Etats- Unis à ses exigences, permettant ainsi au capital européen de livrer bataille sur le terrain non miné de la compétition économique), comme avec l'alignement sur les stratégies politiques des Etats-Unis. Le surplus de capitaux que l'Europe se contente jusqu'à ce jour de «placer» aux Etats-Unis pourrait alors être affecté à une relance économique et sociale, à défaut de quoi celle-ci restera impossible. Mais dès lors que l'Europe choisirait, par ce moyen, de donner la priorité à son essor économique et social, la santé artificielle de l'économie des Etats-Unis s'effondrerait et la classe dirigeante américaine serait confrontée à ses propres problèmes sociaux. Tel est le sens que je donne à ma conclusion « l'Europe sera de gauche ou ne sera pas». Pour y parvenir il faut se débarrasser de l'illusion que la carte du libéralisme devrait - et pourrait - être jouée «honnêtement» par tous et que dans ce cas tout irait mieux. Les Etats-Unis ne peuvent pas renoncer à leur option en faveur d'une pratique asymétrique du libéralisme, parce que celle-ci est le seul moyen pour eux de compenser leurs propres déficiences. La «prospérité» américaine a pour prix la stagnation des autres. Pourquoi donc, en dépit de ces évidences, le flux des capitaux au bénéfice des Etats-Unis se poursuit-il ? Sans doute pour beaucoup le motif est-il simplement que les Etats-Unis sont « un Etat pour les riches », le refuge le plus sûr. C'est le cas pour les placements des bourgeoisies compradore du tiers monde. Mais pour les Européens ? Le virus libéral - et la croyance naïve que les Etats-Unis finiront par accepter «le jeu des marchés» - opère ici avec une puissance certaine auprès des grandes opinions publiques. Dans cet esprit, le principe de « libre circulation des capitaux » a été sacralisé par le FMI, en fait simplement pour permettre précisément aux Etats-Unis de couvrir leur déficit par le pompage des surplus financiers générés ailleurs par les politiques néo-libérales, auxquelles ils ne se soumettent, eux, que très sélectivement ! Néanmoins pour le grand capital dominant l'avantage du système l'emporte sur ses inconvénients : le tribut qu'il faut payer à Washington pour en assurer la permanence. Samir Amin Collaborateur régulier de Mondialisation.ca. (A suivre)

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