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Non au théâtre du verbe
Publié dans La Nouvelle République le 27 - 09 - 2011

Il s'est imposé comme l'un des plus grands poètes de langue arabe. Décédé d'une rupture d'anévrisme il y a trois ans, Mahmoud Darwich poursuit son dialogue avec ses lecteurs à travers une œuvre qui ne se réduit pas à son versant politique, comme le montre sa nouvelle anthologie, Nous choisirons Sophocle, un recueil posthume.
Six poèmes composent le recueil posthume de Mahmoud Darwich qui vient de paraître en français, splendidement traduits par l'historien Elias Sanbar au point qu'on a l'impression que ces textes étaient écrits originellement dans la langue de Molière ! Le souffle rauque de la voix arabe imprègne la prosodie. Des poèmes qui parlent de l'exil, de la mort et des dettes littéraires du poète tiraillé entre Mutanabbi et Sophocle, et qui montrent combien le poète palestinien avait su lui aussi renouveler les grands thèmes de la poésie. Cette nuit mit un terme violent à mon enfance Extraits des recueils publiés entre 1977 et 1992 lorsque Darwich vivait à l'étranger, ces vers racontent aussi le destin des poètes qui «se sont consumés au soleil des pays lointains». Paris, Le Caire, Beyrouth… A la fois marâtre et nourricière, la terre étrangère est une énigme que le poète tente de déchiffrer : «Je dis quand je dis/Beyrouth, la ville n'est pas ma femme/et Beyrouth, le lieu,/est le revolver qui me reste/et Beyrouth, le temps,/est l'identité du « maintenant »/ensanglanté de fumée.» L'exil a commencé tôt pour Mahmoud Darwich. Né en 1941, il fut forcé à l'âge de sept ans de s'enfuir avec les siens. Leur village a été rasé lors de la première guerre israélo-arabe. Le poète a été hanté toute sa vie par les événements de la nuit d'été de 1948 : « Je m'en souviens encore…, a-t-il écrit, je m'en souviens parfaitement. Alors que nous dormions, selon les coutumes villageoises, sur les terrasses de nos maisons, ma mère me réveilla en panique et je me suis retrouvé courant dans la forêt, en compagnie de centaines d'habitants du village. Les balles sifflaient au-dessus de nos têtes et je ne comprenais pas ce qui se passait. Après une nuit de marche et de fuite, nous sommes arrivés, ainsi que l'ensemble de ma famille, dans un village étranger aux enfants inconnus (…) Je sais aujourd'hui que cette nuit mit un terme violent à mon enfance…» Sajjel : Ana arabi Il y aura d'autres fuites. En fait, au bout de douze mois passés dans les camps des réfugiés du Liban, la famille de Darwich était revenue clandestinement s'installer en Israël où le poète a grandi et fait ses études dans les écoles israéliennes. Radicalisé par la condition faite aux Arabes, il donne voix à sa colère et son indignation à travers ses poèmes qu'il publie dès l'âge de 19 ans. Son militantisme poétique, tout comme son adhésion au parti communiste d'Israël, lui valurent des arrestations et des tracasseries administratives incessantes. En 1970, il choisit l'exil et partit faire des études à Moscou. Ses pas le conduiront ensuite au Caire, à Beyrouth, à Tunis et à Paris. Il devint membre de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), et c'est seulement en 1995 qu'il revient s'installer à Ramallah, en Cisjordanie. Entre-temps, Darwich s'est imposé comme l'un des plus grands poètes de langue arabe. Il est l'auteur d'une trentaine de recueils, traduits dans une quarantaine de langues dont l'hébreu. Lorsqu'il voyageait dans les pays arabes, il était acclamé par la jeunesse qui connaissait ses poèmes par cœur : Sajjel : Ana arabi (Inscris, je suis arabe…) ou Je me languis du pain de ma mère… Révolutionnaire du verbe, poète maudit Conscient du danger d'inscrire ses écrits dans des causes politiques immédiates, Darwich avait très tôt pris ses distances par rapport à la littérature engagée, fondant sa poésie sur la recherche esthétique d'un idiome novateur et sur la tension exacerbée entre le dedans et le dehors. «La poésie est une essence, aimait-il dire. C'est la résidence de l'homme sur terre.» Les six poèmes de la nouvelle anthologie de Darwich s'inscrivent dans cette quête de l'essence poétique, fondée sur le refus de la facilité et dont les termes sont posés dès le premier poème du recueil : «Tu diras : Non. Tu déchireras les mots et le fleuve indolent, tu annonceras les mauvais jours et disparaîtras sous les ombrages. Non au théâtre du verbe. Non aux limites de ce rêve. Non à l'impossible.» Ce beau chant de refus est aussi une méta-poétique dans les interstices de laquelle se dessine le portrait du poète, révolutionnaire du verbe, condamné à la solitude et à l'exil éternel. Le destin du poète maudit inspire à Darwich quelques-uns des plus beaux vers de ce recueil. On lira aussi avec émotion les poèmes nostalgiques de Paris (Paris dort dans les dessins sur les berges de la Seine) et de Beyrouth (Beyrouth/A l'Aube. La mer tire sur les fenêtres. L'oiseau inaugure un chant précoce. Notre voisin lance sa volée de pigeons vers la fumée…). Deux villes d'exil et de création littéraire. Le recueil se clôt sur une prémonition poétique de la fin des saisons et des chants. «Si cet automne est le dernier, (…) demandons pardon, déclame le poète, à la harde de gazelle/ pour ce que nous lui avons/ fait subir près des sources, /quand un filet de pourpre serpenta sur l'eau. / Nous ne savions pas que c'était notre sang/ qui consignait notre histoire/ dans les coquelicots de ce bel endroit.» Prémonition peut-être de la mort brutale qui est venue arracher le poète à sa poésie par un matin d'automne précoce à Houston, il y a trois ans !

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