Le monde est devenu une grande maison de verre, un acquis contre les régimes totalitaires dans la mesure où l'information n'est plus le quatrième pouvoir mais le pouvoir lui-même. En Algérie, certains responsables vivant encore à l'ère du parti unique, nous assistons à une déconnection par rapport aux nouvelles mutations. Pour preuve, les trois chaînes de télévision publiques sont des copies conformes avec un gaspillage d'argent et des débats lassants animés soit par les responsables politiques et économiques proches du pouvoir soit par des intellectuels organiques aux ordres, selon l'expression heureuse du grand philosophe italien Antonio Gramsci mais sans aucun impact ni au niveau interne ni au niveau international. Or, les Algériens, se détournant de plus en plus des versions officielles, sont désormais parabolés et branchés sur Internet. L'infrastructure de l'Internet se répand aujourd'hui autour du monde pour créer un large réseau mondial et ce, grâce à l'informatique qui permet aujourd'hui de numériser les informations et de gérer de nouveaux systèmes. L'expansion est spectaculaire. En 1984, il y avait 1.000 ordinateurs connectés, en 1987 10.000, en 1989 100.000, en 1991 apparition du World Wide Web, en 1992 1.000.000 d'ordinateurs connectés, avec l'apparition du navigateur web NCSA Mosaic, en 1996 10.000.000 ordinateurs connectés, en 1999, 200 millions dans le monde et, selon la firme d'analystes Forrester, en 2008, un milliard d'ordinateurs ont été utilisés dans le monde entier, prévoyant 2 milliards entre 2013/ et 2015. En 2005, la vente annuelle était de 200 millions d'unités par an et en 2010 environ 400 millions d'unités selon Gartner, soit une progression de +22 % par rapport à 2009. Si l'on prend un prix moyen de 500/600 dollars, cela représenterait un chiffre d'affaires qui varierait entre 200 et 240 milliards de dollars par an, et ce chiffre irait, à prix constants, vers 500 milliards de dollars en 2015. I) Comprendre les enjeux de la société de l'information Un intéressant rapport pour le gouvernement français de Nicolas Curien et d'Alain Muet en référence sur la nouvelle économie de 305 pages où je propose de faire une synthèse. (1) a) de l'ère industrielle à l'ère de l'information La nouvelle économie se résumait au développement du commerce de biens et services sur Internet. Il s'agirait là d'un phénomène certes important pour l'avenir, mais dont les conséquences demeureraient assez circonscrites. Les changements organisationnels qu'entraîne la diffusion des technologies de l'information se portent en réalité vers tous les secteurs de l'ancienne économie, et ce sont ces changements qui induisent une nouvelle révolution industrielle. Comme les précédentes, celle-ci résulte de la combinaison de plusieurs facteurs et se manifeste sous plusieurs dimensions, notamment l'avènement de «l'entreprise-réseau», l'autonomisation du travail, le rôle moteur des marchés financiers dans la dynamique industrielle et les processus d'innovation, la transformation profonde de la gestion des savoirs et la montée en puissance d'une économie de la connaissance. b) changements dans l'organisation du travail A l'ère de l'information, le travail est l'objet de deux transformations majeures : d'une part, le retour vers une plus grande autonomie après la bureaucratisation de l'ère industrielle et, d'autre part, la réintégration dans la pratique professionnelle d'un savoir et d'une culture acquis dans la sphère de vie quotidienne, alors qu'à l'ère industrielle, les travailleurs des industries taylorisées ne devenaient opérationnels qu'en étant dépouillés des savoirs, des habiletés et des habitudes développés par la culture du quotidien. c) le rôle des marchés financiers Le développement de la nouvelle économie entraîne également une mutation importante du fonctionnement des marchés financiers. La déréglementation des marchés, amorcée aux Etats-Unis dans les années 1980, a ouvert à la concurrence des secteurs initialement occupés par des quasi-monopoles. A cette déréglementation s'est ajoutée une profonde modification des modes de financement des entreprises qui a conduit, en l'espace de quelques années, d'une économie de l'intermédiation financière dominée par le crédit à une économie de marchés financiers. d) paradoxe de l'économie numérique Biens publics, rendements croissants, externalités positives de consommation, paquets de produits liés, échanges de signaux hors marché... Un tel tableau jure singulièrement avec les hypothèses de la concurrence parfaite. Si les TIC fournissent les instruments qui devraient en théorie favoriser un fonctionnement plus efficace d'une économie de marché, elles installent dans le même temps les ingrédients d'une économie publique. e) TIC et nouvelles relations économiques Au fur et à mesure que les innovations induites par la logique inventive perceront les résistances de la logique défensive, une économie d'un type spécifique émergera peu à peu et dans laquelle les mécanismes traditionnels du marché et de sa régulation s'hybrideront avec de nouvelles formes de relations coopératives entre les agents économiques. Dans une telle perspective, le paradigme pertinent ne consiste pas à penser les TIC comme le support technologique naturel du libre échangisme, mais plutôt comme l'instrument d'une «coordination distribuée» entre les agents, une coordination sans représentation institutionnelle explicite. f) le réseau comme forme institutionnelle «Ecosystèmes» de consommateurs, « viviers» d'entreprises entretenant des relations mi-concurrentielles mi-coopératives, «sélection» adaptative de routines et de savoirs, autant de formulations suggérant que la métaphore la plus pertinente pour évoquer le rôle des réseaux dans l'économie numérique est vraisemblablement celle du vivant, plutôt que celle de la machine. (A suivre)